Chapitre 81

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Ce qui s'est passé par la suite est un peu flou pour moi. 

Les seules choses dont je me rappelle, c'est d'avoir embrassé Wings (oh oui, ça, je m'en souviens parfaitement !), puis cet énorme coup qui a résonné dans les décombres qui nous entouraient, comme si un géant s'amusait à abattre ses poings sur le fragile édifice. 

Les morceaux de placo étaient alors tombés de partout, envahissant tout l'espace disponible. J'avais alors tenté de protéger Wings du mieux que je le pouvais, en le serrant contre moi de toutes mes forces. Puis enfin, ça s'était terminé, au bout de ce qui me parut des heures. Des heures et des heures à trembler, si fort que je pensais ne plus être capable de redevenir stable. J'étais terrorisée, et j'avais juste envie de m'effondrer, pour me recroqueviller au sol et tout oublier. Mais j'étais restée éveillée, collée à Wings, en espérant intérieurement que quelqu'un allait nous sortir d'ici. 

Ce dernier était blessé à la tempe : du sang avait séché tout le côté gauche de son front, y compris au-dessus de l'arcade. Quant à moi, j'étais à un stade de fatigue physique et psychologique difficilement atteignable. 

C'est sans doute pour cela que, lorsqu'un filet de lumière à percé mes rétines plongées dans une quasi obscurité, je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre une nouvelle fois à pleurer de soulagement. Wings, de son côté, m'avait attrapée, et me serrait très fort contre lui, le visage à demi-plongé dans mes cheveux. Des larmes salées coulant sur mon front, je devinais que lui-même n'avait pas pu se retenir. 

Comme pour parfaire ce tableau de miracle, Amaryllis et Grog, auréolés de lumière, étaient apparus en hurlant nos prénoms respectifs. Les décombres nous ensevelissant presque, nous avions peiné à faire entendre nos voix éperdues de soulagement. Mais sur le moment, je n'y pensais même pas, j'étais tellement submergée par l'émotion que faire autre chose que crier à l'aide m'étais impossible. 

Etant trop faible pour utiliser mes capacités, Amaryllis et Eléos, aidés d'Alban et Edwige, nous avait tiré de ce trou dans lequel j'avais réussi, par je ne sais quel miracle, à me glisser après la mort d'Annabelle. En même temps, j'étais tellement déterminée à retrouver Wings que j'aurais pu soulever la Terre entière. 

Je ne sais plus combien de temps cela a prit. Ce que je sais, c'est que les minutes m'ont paru des heures, et que quand enfin un rai de lumière puissant a illuminé nos corps recroquevillés, j'ai crus revivre. 

Alban m'a ensuite saisi sous les aisselles pour me sortir de là. J'aurais bien protesté, mais j'étais trop fatiguée pour résister. Et encore plus lorsqu'il m'a soulevé dans ses bras musclés pour me porter dehors. J'ai faiblement prononcé le prénom de Wings, après quoi, il m'a assuré que Grog s'occupait de lui avec Edwige. 

En me retournant pour approuver ses dires, je m'étais rendue compte que Grog portait le jeune homme avec aisance, comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'une plume. Dans un autre contexte, Wings aurait sûrement déjà grommeler, mais sur le moment, il était plutôt préoccupé à ne pas piquer du nez. Ses yeux de saphir ont alors croisé les miens, et j'ai cru discerner un sourire apaisé sur ses lèvres. Comme si enfin, c'était terminé. 

Quand enfin, après avoir été balancée à droite à gauche, malgré la douceur inhabituelle d'Alban, je m'étais retrouvée à l'extérieur, j'avais lâché un soupir de soulagement. Le soleil inondait mes joues de sa lumière bienfaitrice, et réchauffait mon corps glacé. J'avais ensuite remarqué des gens inconnus, vêtus de tenues que je ne perdis pas de temps à analyser, puisque je les connaissais déjà. C'était celles que portaient Mint et Mandragore. 

Ce fut la dernière image que je vis, avant de sombrer dans une inconscience totale qui me tendaient les bras, les rayons du soleil caressant ma peau. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant