Chapitre 56

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Mon esprit, par un triste automatisme, pensa aussitôt "CHIMERE", et il avait raison. 

À quelques centimètres en dessous de la rambarde métallique, une Chimère venait de bondir, et s'écrasait de tout son poids sur la barrière, ses griffes déchirant le métal en dizaines de petits copeaux. 

Je lâchais un cri étouffé, maudissant cette interruption, et rejetais Wings derrière moi sans réfléchir. Celui-ci se cogna violemment contre le mur, un peu sonné, en lâchant un « Outch ! ».
Préoccupé par la Chimère, je n'avais pas pris garde à ma force, amplifiée par ma peur. 

Mais je n'avais pas le temps de m'excuser. Toujours armée de mes deux couteaux, que décidément je ne lâchais plus, je ne pris même pas le temps de vérifier s'il n'y avait personne aux alentours, avant de donner un coup de pied plein de rage en plein dans la truffe de la Chimère, qui cria encore plus fort, en hasardant les coups de griffes, les pattes arrières dans le vide, et son tard fouettant l'air au-dessus de moi pour me piquer. 

Je reculais en l'évitant de justesse, et le tranchait d'un geste vif. Les muscles de la Chimère se crispèrent sous sa peau sous l'afflux de douleur.

Malheureusement, je me couvrais pour éviter le sang empoisonné trop tard, et quelques gouttes atterrirent malencontreusement sur mon cou et mes joues. Je lâchais un cri de douleur, et reculais de quelques pas en protégeant mon visage, sentant la morsure du poison sur ma peau.

La Chimère profita de mon inattention pour bondir par-dessus la barrière de fer, ses yeux pleins de folie. 

Alors que j'essuyais mes pommettes avec désespoir, le venin rongeant ma peau comme de l'acide, brûlant mes yeux par la même occasion, Wings me tira par le bras, et j'évitais au dernier moment un coup de gueule qui m'aurait arraché le visage sans son intervention. 

A travers mes yeux larmoyants, j'aperçus vaguement la forme de mon deuxième couteau, que j'avais lâché quand la bestiole m'avait blessée. Wings me soutient contre lui, et je sentais qu'il tremblait comme une feuille.

Dans un réflexe désespéré et peu adroit, je transperçais l'épaule de la monstruosité, pour la ralentir quand elle se mettrait à nous courser. 

- Wings, COURS ! j'hurlais, en me jetant au sol pour attraper mon poignard. Je le saisissais par le manche, et, glissant au sol, j'arrachais l'autre de la peau de la Chimère, qui rugit de douleur, alors que son sang, éclaboussait tout ce qui se trouvait à proximité. 

Cette fois, plus méfiante, je roulais au sol pour éviter la projection, me retrouvant devant la porte qui donnait sur la terrasse. 

Elle était déjà ouverte par Wings, qui maintenait celle-ci accessible pour moi. Je le remerciais du regard, et il me jeta un regard horrifié, qui traduisait clairement l'état de mon visage à cet instant. 

Je serrais les lèvres, tâchant de retenir les larmes qui voulaient s'échapper. Du sel sur mes joues tuméfiées n'était pas nécessaire, ça faisait déjà assez mal comme ça. 

J'avais tellement mal que je me serais bien arraché la peau du visage pour la jeter au loin. Je rejetais cette pensée loin de moi, attrapais la main tendue de Wings jusqu'à ce que je sente ses phalanges craquer, et courais aussi vite que possible. 

La Chimère ne tarda pas à se joindre à nous, défonçant la porte à coups de tête, pour nous suivre, ses pattes faisant trembler le sol.

Sprintant aussi vite que possible dans le couloir désert, je poussais une porte au hasard, paradis dans cet enfer, sans même savoir où elle menait, et poussais Wings à l'intérieur. Il me regarda, effaré, et je me rendis compte que la Chimère n'était plus qu'à deux ou trois mètres de moi. Trop tard.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant