Chapitre 39

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- Il faut qu'on fasse quelque chose, Wings, tempêta Armelle, les bras résolument croisés sur la poitrine.

Je passais une main dans mes cheveux, un peu abasourdi par la situation. 

Quand Armelle et Brume étaient revenues, cette dernière semblait aller un peu mieux. Elle m'a fait son si ravissant sourire, et sa démarche était plus dynamique. Cela m'a rassuré, tout à l'heure, elle semblait vraiment comme éteinte. 

Mais Armelle et elle semblaient avoir inversé les rôles : ma soeur avait l'air troublée, profondément troublée. Elle regardait Brume comme si elle pouvais disparaître d'une seconde à l'autre, et elle avait reprit sa manie de ronger ses ongles. Un vieux toc quand elle angoissait. 

Une discussion s'imposait, secrets ou pas. Quand Armelle était dans cet état, c'était rarement bon signe. Ma sœur était l'allégorie même d'un volcan, et là, elle n'allait pas tarder à imploser. 

Heureusement, après avoir marché pour nous éloigner de l'étang, la nuit avait fini par tomber, et nous avions dû nous abriter, à l'écart et discrètement.

Je ne sais pas par quel miracle, à quelques mètres de nous, il y avait une sorte d'énorme creux, sous une gigantesque pierre, où nous pourrions tous nous reposer. Sans être une grotte, elle était déjà plus haute et large que celle dans le désert. En clair, nous ne serions pas collés les uns au autres, et tant mieux, je détestais ça. Et en plus, il faisait plutôt frais, en ce moment, et la pseudo-grotte empêchait la bourrasque de vent qui s'était levée de rentrer à l'intérieur.

Aidé par Grog (oui, il était vraiment très à cheval sur cette histoire de paix) et Brume, nous avions essayé de rendre l'endroit un peu plus confortable. Histoire d'éviter d'avoir les os en miettes d'ici demain, c'est toujours utile. 

Nous avions aussi vérifié, grâce à Brume et sa vitesse, qu'il n'y avait aucune Chimère dans un rayon de plusieurs mètres. Il n'y avait rien, aussi curieux que cela puisse paraître. Evidemment, Alban, toujours aussi méfiant, lui avait fait refaire le tour une fois de plus pour être sûr !

Il m'énervait de plus en plus, celui-ci. Certes, nous, nous étions sous son autorité, mais Brume ne l'était en aucun cas. Et vu la sècheresse de son ton avec elle, et sa manie d'oublier les "s'il te plaît" et les "merci", ça commençait sérieusement à m'agacer. 

Bref. Après un repas composé de la sempiternelle viande séchée (si nous faisions une intoxication alimentaire, ça allait être bien sympathique) et d'eau, nous nous étions tous couchés, épuisés. La journée avait été riche en émotion, entre la découverte du cadavre, la chute de Brume, etc... Je pensais m'endormir comme un bébé sans me poser plus de questions. 

Mais je n'étais pas parvenue à fermer l'oeil. Il faisait si noir, que toutes les ombres semblaient se mélanger, pour finalement former une silhouette massive et menaçante. Hier, je ne m'étais pas soucier de l'obscurité, mais là, mon cerveau tournait, en ébullition, et me faisait voir n'importe quoi.

J'avais donc fini par me lever, le plus silencieusement possible : heureusement qu'Alban avait choisi de s'isoler tout au fond du renfoncement, sinon j'aurais dû passer devant lui, et me serait fait prendre à coup sûr. Ce type ne dormait que d'une seule oreille, et je ne réitérai pas une seule fois de plus mon erreur de la dernière soirée.  

Puis j'étais sorti dehors, et m'étais assis non loin de l'entrée, pour regarder étoiles, chose que je n'avais jamais faite. Et sincèrement, à cet instant, j'avais trouvé ça magique.  

Vu que nous étions dans les montagnes, et que le ciel s'était enfin décidé à se découvrir, c'était absolument éblouissant. 

Aussi similaire qu'un peintre ayant prit sa toile, et l'ayant aspergée de paillettes à vigoureux coups de pinceaux. C'était magnifique. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant