Chapitre 31

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Des montagnes.

Ou un enchevêtrement de pics, embrumés par un brouillard d'une couleur grisâtre peu rassurante.

Cet amas pointu était noir, comme du charbon, escarpées et privées de la moindre végétation. Elles semblaient très dangereuses, et peu rassurantes, avec leurs dents qui piquaient les nuages, acerbement.

Elles se profilaient à l'horizon comme une barrière infranchissable, et rompaient totalement avec la chaleur du désert.

- Il va falloir enfiler vos vestes, jeunes gens, le climat du Pic du Givre Noir n'est pas ce qu'il y a de plus doux. Nous avertit Alban. 

- Le Pic du Givre Noir ? répétai-je, intrigué : Alban me regarda, un regard dénué de la moindre expression. 

- Oui, le Pic du Givre Noir. Il est appelé ainsi car une sorte de couche noirâtre recouvre la moindre parcelle de ses montagnes, me précisa-t-il finalement.

- Mais comment savez-vous tout ça ? questionna Chioné, visiblement peu emballée à l'idée de gravir les colossaux rochers. Je pouvais totalement comprendre, leur aspect n'était pas des plus rassurants. 

Alban la gratifia d'un regard noir, qui se traduisait clairement par "pas de questions".

Cette répartie commençait sérieusement à devenir lassante. Armelle voulut en placer une, mais je lui attrapais la main dans un même mouvement, en lui intimant du regard de se taire : inutile d'envenimer la situation, je l'avais assez agacé comme cela.

Le duo Wings-Armelle n'était sérieusement pas une bonne idée.

Nous continuâmes à avancer, lentement : le sol perdant de sa souplesse, il se transforma progressivement en une terre froide et plate, de couleur noirâtre constellée de poussière. J'eus presque de la peine à quitter le désert.

Pourtant, il avait failli me faire perdre ma soeur. Et les premiers instants n'avaient pas été très agréables... 

Mais cela avait été aussi le seul endroit où nous n'étions pas en permanence sous la menace des Chimères.

Là, il fallait le reconnaître, nous avions Brume. Car malheureusement, il fallait bien avouer qu'elle était la seule à pouvoir se défendre et nous défendre contre elles.

Alban considérait Brume comme son bouclier personnel, comme une arme à manipuler et à utiliser à sa guise. Je savais que Brume était intelligente, mais elle était aussi très naïve, et elle ne connaissait en rien l'hypocrisie et l'égoïsme de l'Homme. Egoïsme sauvent causé par la peur, la terreur de mourir, mais quand même.

Il faudrait bien faire attention à Alban, et à ce qu'il ferait. Parce que ce grand type ne m'inspirait nullement confiance, depuis sa discussion houleuse avec Colberg, et encore plus après ce qu'il m'avait annoncé. Heureusement, j'avais l'impression que Brume était tolérée par un peu près tout le monde ici, donc cela devrait être correct. Après, je n'avais aucun moyen d'en être sûr.

Alors que le temps s'assombrissait, et que le Soleil disparaissait derrière une couche éparse de nuages, un hurlement de peur me glaça le sang :

Je me retournais, brandissant l'un des deux pistolets que j'avais sortis de mon sac entretemps, vers un ennemi invisible, le cœur battant à tout rompre : 

J'eus le temps de voir au passage l'air intrigué de Brume, qui zyeuta sur mon arme :

C'était Chioné qui avait crié : elle fixait avec horreur un cadavre squelettique, écroulé contre une pierre deux fois plus épaisse que lui, le crâne reposant sur sa cage thoracique.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant