Cette barrière était impressionnante, elle semblait être infranchissable, mais aussi si fragile, avec son verre transparent, laissant apercevoir de gros bâtiments grisâtres à demi-effondrés.
Mes yeux coulèrent lentement sur le côté, pour se déposer sur la silhouette de Wings, qui semblait plutôt tendu : je l'avais senti, tout à l'heure, qu'il n'était pas serein. Ses cachotteries n'avaient pas de secrets pour moi, du moins, leur présence était aussi évidente que le nez au milieu de la figure. Par contre, les raisons, c'était encore autre chose.
J'étais un petit peu déçue qu'il ne m'ait rien dit : j'avais l'impression de m'ouvrir très lentement aux autres, alors que lui restait toujours assez vague, et je ne le connaissais quasiment pas. Et d'ailleurs, c'était un fait qui n'était pas seulement pour celui-ci, Armelle évitait soigneusement d'aborder tous les sujets qui abordaient sa vie personnelle. Qu'y avait-il de si horrible ? Les deux auraient-il vécu une expérience difficile ? Malheureusement, dans la période actuelle, ce n'était pas si étonnant.
Je ne savais pas si c'était moi qui était trop susceptible, ou lui qui avait tort, dans cette histoire. Un peu des deux, je pense. Rien n'était jamais tout noir ou tout blanc, les nuances étaient la domination du monde. Mais je m'inquiétais pour lui, je n'aimais pas le voir, voir les gens tristes.
Sentant comme une agitation, autour de moi, je laissais ma tête s'incliner de gauche à droite pour trouver la source de nervosité qui ne faisait que s'accroître :
C'était Alban, ses mains étaient quasi-tremblantes, et il mordillait sa lèvre inférieure, la charcutant sans pitié. Ses sourcils étaient froncés, dessinant un pli sur son front. Ses épaules remontaient presque jusqu'à ses oreilles.
Son attitude corporelles et ses mimiques ne faisaient aucun doute : il était angoissé, par une chose inconnue, et ses yeux oscillant toute les trente secondes vers la barrière ne faisaient plus aucun doute.
Il avait l'air de cacher quelque chose. Je remarquais qu'Armelle avait aussi vu son manège, et qu'elle le surveillait attentivement, prête à bondir au moindre mouvement. Sauf que contrairement à moi, elle n'était pas spécialement discrète. Si j'essayais d'éviter ses yeux sombres pour faire mine que je n'avais rien remarqué, elle, elle dardait les siens dans ceux d'Alban, l'air de dire : "Toi, tu n'as pas intérêt à tenter quoique ce soit."
C'était presque comme si elle savait exactement ce qu'il préparait. Mais que se passait-il ?
Je détestais perdre le contrôle de la situation. Et encore moins dans ce genre d'endroits que je ne connaissais pas du tout.
Je me maîtrisais du mieux que je le pouvais pour masquer mon trouble, et m'empêchais de le détailler du regard plus en profondeur. Je restais concentrée sur ma marche, les yeux rivés vers le sol, mes cheveux bouclés retombant de chaque côté de mon visage, me cachant à demi le sol.
Lorsque nous fûmes tous alignés devant la barrière, je sentis mon estomac remonter dans ma gorge en relevant la tête, la barrière dégageait une aura électrique, et je sentais un goût métallique sur ma langue. Si j'étais pessimiste, je l'aurais comparé à du sang. Sauf que reculer n'était pas prévu au programme.
- Quelques indications sur ce qu'il va se passer dans les prochaines minutes : vous vous taisez, et vous me laissez parler. Compris ? asséna Alban, ses yeux aussi noir que du charbon plongés dans les nôtres, remplis d'une autorité froide et glaciale.
J'avalais ma salive et hochais la tête.
- Qu'est-ce qu'il va se passer, quand nous serons entrés ? On va être séparés ? demanda Wings, l'air de se moquer des paroles du soldat comme de son premier bavoir.
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Projet Earth (en réécriture)
Science FictionIl y a cinquante-cinq ans, des montres ont envahi la Terre. Les Chimères haïssent les Hommes, et tuent tout ce qu'elles croisent. Sur l'astéroïde 345Z2, une jeune fille, nommée Brume, a été élevée toute sa vie dans le but de sauver l'humanité, devo...