Chapitre 66

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Je relevai la tête soudainement, me désintéressant d'Armelle l'espace d'une seconde, pour croiser les yeux dorés de Brume. Elle eut un sourire tremblotant en s'apercevant que je la regardais, elle fit un bref signe de main, et Edwige, derrière elle, la pressa pour qu'elle vienne à sa suite.

Je ne compris ce qui se passait seulement lorsque je la vis courir derrière son informatrice, l'air résolue, et se forçant à ne pas se retourner. 

C'était le moment. Ce qu'elle m'avait raconté, les étapes du plan, ça allait avoir lieu maintenant. Ma gorge se noua si fortement que la moindre inspiration était un supplice. J'avais l'impression qu'un énorme poids s'était fiché dans mon estomac, pour ne plus s'en déloger.

Je ne pouvais même pas imaginer... Ce qu'elle m'avait décrit était si abominable que je le voyais comme un cauchemar qui n'arriverai jamais. J'imaginais qu'elle trouverait une autre solution au dernier moment, et qu'elle ne serait pas obliger de se faire pomper le sang jusqu'à en être vidée, comme la victime d'un vampire, simplement pour tous nous sauver. Qu'il y aurait une fin heureuse, en fin de compte. 

Quel idiot. J'aurais dû réagir, au lieu de l'écouter, presque passible, n'imaginant pas que c'était possible. Eh bien si, ça l'était, et je me sentais comme le pire des abrutis. Sincèrement, parfois je me demandai si mes neurones se connectaient entre elles parfois. 

-Wings...

Je me retournai brusquement, pour me recentrer sur Armelle, qui venait de lever la tête du tee-shirt poisseux de sang de Grog. Celui-ci la tenait doucement, mais pourtant fermement, les yeux plissés d'inquiétude.

En voyant le visage de ma sœur, un mélange de fureur et de tristesse envahit ma gorge.

À travers le sang, qui formait une immense tache rouge sur la moitié de son visage, je distinguai vaguement son œil clos, et la longue enfilade qui courrait le long de son front, pour descendre sur son arête de nez et terminer sur sa joue gauche, sanglante, presque bleutée tellement le sang était foncé.  

Seul son œil droit était ouvert, et il me fixait avec appréhension, et souffrance. J'en étais malade. Ce taré de Thanatos avait... avait défiguré ma sœur ! Si Grog ne l'avait déjà pas réduit au silence je l'aurais fait moi-même. Comment avait-il osé s'en prendre à Armelle ? Elle ne verrait plus comme avant, maintenant, toute sa vie était remise en question ! Mais pourquoi avait-il fait ça, pourquoi ?!

Je repoussai doucement une mèche mouillée de sang, délicatement. Armelle étouffa un cri de désespoir, ou de douleur, et je vis une larme brûlante couler le long de sa joue épargnée, dévoilant la couleur pâle de sa peau en-dessous.

- Je suis tellement désolé, Arm'... soufflai-je, en tâchant de contrôler ma voix qui menaçait de se briser tant je sentais la haine m'envahir. 

- Ce crétin m'a bousillé la face, je te jure qu'il va le regretter, tonna-t-elle d'une voix très assurée pour une fille qui venait de se prendre un coup de faux. Elle toucha sa joue du bout des doigts, et soupira lorsqu'elle distingua du sang a demi coagulé dessus. Ses doigts tremblaient, et elle semblait prête à éclater en sanglots, chose qui ne lui arrivait jamais. 

Grog la ramena une nouvelle fois contre lui, aussi malheureux qu'elle, et elle se laissa faire, complètement abattue.

- Je m'en suis déjà chargé, ne t'inquiète pas, déclara Grog avec douceur, ses yeux s'assombrissant.

Dans une autre situation, j'aurais été abasourdi par leur proximité, mais là, ce n'était pas la priorité.

Sitôt les mots de Grog furent sortis de sa bouche, Armelle releva soudainement la tête :

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant