Chapitre 24 (2084)

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Seize ans plus tôt, en 2084...

- Il faut fuir !!!!! Hurla-t-elle, en entrant en coup de vent, telle une tornade, dans la salle de contrôle. 

Dama Geron observa, assise de tout son long sur le sol froid de l'immeuble dans lequel ils étaient depuis une semaine, la jeune femme entrer : ses yeux, brillant d'une panique incontrôlable, accompagnaient son corps entier, tremblant, ses mains recouvertes par des cicatrices. Sa peau mate n'était même plus visible à cause de l'enchevêtrement de peau arrachée et mal soignée sur ses deux moignons de mains.

Son jean crasseux était tâché de sang, son pull en laine déchiré et son épaule saignait, poussant des hurlements d'agonie que refoulait tant bien que de mal sa propriétaire, ses cheveux autrefois soyeux et bouclés maintenant emmêlés et sales.

- Comment ça, il faut fuir ? S'exclama, catastrophée, une autre voix près de Dama. Elle se tourna vers ladite voix, qui appartenait à une jeune fille. Seize, dix sept ans tout au plus... Jeune, sensible, beaucoup trop jeune...Elle détourna le regard. Cela ne devait pas interférer dans son plan. Rien ne le devait.

- Les Chimères nous ont retrouvés ?
- Je croyais que nous avions trouvé un abri durable ?
- Non, ce n'est pas possible !

Quelque part, dans l'ombre, un bébé pleura. Dama ferma les yeux. Une larme s'en échappa. Elle le savait. Cela devait arriver. Depuis longtemps. Personne n'était à l'abri. Car elles finissaient toujours par vous débusquer. Inlassablement. Dama en avait l'expérience, depuis le temps.

Elle soupira.

- Dama... Je crois que c'est le moment... Chuchota son compère à son oreille.

- Oui, je le sais bien... On doit partir.

- Je te rappellerais que nous abandonnons tout le monde. Répéta-t-il, comme si elle ne le savait pas.

- Je sais. Évidemment que je le sais. J'y ais longuement penser, j'ai mûri tout cela dans mon esprit, j'ai vraiment chercher d'autres solutions. Mais...

- J'en suis conscient, Dama. Plus que jamais. Mais si...

- Cela n'arrivera pas, Démos. Le coupa immédiatement Dama, les yeux lançant des éclairs.

Il hocha la tête, laissant ses cheveux bruns arriver sur son front...

Coéquipier, ami, ennemi... Il était son pilier. Peut-être que leur relation aurait pu évoluer en autre chose s'ils avaient eu le temps. Car c'était toujours ce qu'il manquait. Du temps. Même pour le plan, pourtant planifié avec une organisation titanesque et indestructible, ils étaient en retard. C'était comme Sisyphe avec son rocher. Le remonter, encore et toujours, sans s'arrêter,sans rouspéter...

Car ils n'avaient pas le choix. Encore une fois.

Dama se leva, les fesses et le dos douloureux d'avoir été dans une position aussi inconfortable.

Autour d'eux, tout le monde s'agitait, en proie à une frayeur sans nom. Les quelques enfants en bas-âge chouinaient, les mamans essayaient de les consoler, sans elles-mêmes parvenir à contrôler leurs larmes. Le bébé pleurait toujours.

Dama se rapprocha du cri, suivie de près par son coéquipier de fortune, dans l'ombre. Tout le monde rassemblaient ses affaires, du moins ce qu'il en restait, rapidement, dans une apocalypse la plus totale. La femme qui les avaient alertés semblait prier, prier qu'on leur vienne en aide.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant