Chapitre 70

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Au fur et à mesure que j'avançais, le passage se faisait de plus en plus étroit, si bien que seulement à quelques mètres de l'entrée, je crus que j'allais finir coincée, seule dans l'obscurité la plus totale, lourde et suffocante. Ma respiration s'accéléra, et mon front se couvrit de sueur épaisse, sous l'angoisse qui me rongeait comme de l'acide sulfurique. Ma peau, autour de ma taille, me brûlait ardemment, et mes mains tremblaient tant j'étais terrorisée, sans parler de l'élancement à mon poignet, augmentant et diminuant comme la lueur croissante et décroissante d'une luciole. Cet endroit, cette noirceur, rien ne me rassurait. 

Alors que je sentis un cri monter dans ma gorge pour sortir à l'air libre, je décidai de me calmer. Je m'assis, parcourue de frissons, dans l'espace confiné qui ne fut pas sans me rappeler les parois de mon vaisseau quand je m'étais rendue sur Terre, et inspirai profondément, en fermant les yeux. Ce n'était pas le moment de devenir aussi claustrophobe qu'Amaryllis. 

Au bout de quatre inspirations-expirations, je commençai à me calmer, légèrement. Mon cœur arrêta de jouer les castagnettes contre mes côtes, mon cerveau cessa de hurler des instructions paniquées au reste de mon corps. La douleur me sembla même décliner légèrement, mais sans doute n'était-ce qu'une impression. 

En terminant ma huitième expiration, il me sembla que j'étais apaisée. Je pris la décision d'être lucide, et de réfléchir. Je me repositionnai à quatre pattes, mes mains collés au sol grumeleux, en ignorant tant bien que de mal la gêne permanente à mon poignet. Je continuai à avancer dans le réduit, ramassée sur moi-même. Au bout d'un moment, en apercevant enfin le rond de lumière libérateur, je poussai une exclamation de soulagement, et redoublai de vigueur pour parvenir à la sortie. 

Je me tortillai comme un ver en plaquant mes couteaux contre moi, rentrant le ventre pour m'extirper. 

Quand enfin mon corps bascula de l'autre côté, je me rattrapai de justesse sur mes mains pour éviter de m'ouvrir le crâne par terre, ne pensant pas être à cinquante centimètres du sol. En me relevant, changeant par automatisme de jambe d'appui pour soulager mon membre blessé, je constatai que j'avais fait tout mon chemin dans une sorte de gouttière grise, au diamètre tellement minuscule qu'un brusque malaise m'envahit à l'idée d'être passée là-dedans, malgré le fait que je ne craigne absolument pas les espaces clos.

Je remerciai mentalement mes parents de m'avoir donné un corps aussi petit  puis Mandragore et Mint pour m'avoir procuré agilité et souplesse. Ma pensée évaporée dans un coin de mon esprit, je me reconcentrai sur la situation actuelle et analysai minutieusement le décor qui de dessinait devant mes yeux :

Il était très impressionnant, tellement haut que c'en était vertigineux. Le plafond était parcouru de dizaines de tuyaux qui s'entremêlaient en formant un enchevêtrement de serpents grisâtres, certains percés en dispersant des filets d'eau qui formaient des flaques sur le sol en carrelage blanc. Les dalles étaient sales et jonchées de morceaux de plâtre tombés à cause de l'humidité, ou encore de cadavres de tuyaux abandonnés à leur triste sort ou arraché par je-ne-sais quelle créature. 

Je frissonnai en suppliant pour qu'aucune des gouttière ne me tombe dessus. Déjà parce que c'était lourd, mais aussi à cause du vrombissement des litres et des litres d'eau qui semblaient alimenter tout le bâtiment. Cela dit, étant donné l'état de la pompe au fond de la pièce, qui gémissait faiblement, la structure devait être sur le point de flancher, ce qui ne fut pas pour me rassurer. Mon regard capta aussi brièvement un escalier qui grimpait jusqu'à ce qu'il me semblait être une porte. Concernant le but premier de cette pièce, j'avoue qu'il m'intriguait : sans doute que le building où était enfermé le Diffuseur était une sorte de gigantesque structure servant à filtrer ou à pomper l'eau, comme un sorte de château d'eau géant. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant