Chapitre 50

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Rompant court à nos paroles, Amaryllis reprit fermement :

- Tout ça pour dire que si nous avons pris autant de risques, c'est pour une seule et unique raison. La SYNE.

- Tu veux dire l'organisation ? Celle qui lutte pour tuer les Chimères ? me rappelai-je, me remémorant les propos d'Annabelle, et la réaction étrange de Brume à sa mention.

- Oui, celle-là, acquiesça Amaryllis, il faut que vous sachiez que vous n'êtes pas en sécurité, ici. Ils voient votre arrivée comme quelque chose de mauvais, comme un coup de pied dans leur fourmilière soigneusement organisée.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda Grog.

- Ce que je veux dire, c'est que la SYNE a récemment créé un projet, en faveur de la destruction des Chimères (mon regard se tourna malgré moi vers Brume, qui me rendit ses yeux pleins d'innocence). Seuls les plus hauts placés, comme Annabelle, bien sûr, sont véritablement au courant de ce projet. Sauf qu'une fois, Eléos et moi avons surpris une conversation entre Annabelle et Thanatos. (en voyant nos regards interrogateurs, elle rectifia) C'est un général, l'équivalent de votre chef, là, je ne sais plus son nom...

- Alban, dis-je.

Elle se tapa doucement la tempe :

- Oui, voilà, Alban. Ils parlaient du plan, en disant que votre arrivée ici risquait de tout compromettre et qu'ils se devaient d'intervenir.

- Que voulaient-ils dire exactement par « intervenir » ? s'inquiéta Armelle en fronçant les sourcils.

Chioné eut un sourire carnassier, dénué de la moindre joie :

- A ton avis, Armelle ? Ils veulent gentiment nous faire descendre six pieds sous terre.

- Ce ne serait pas bien compliqué, renchérit Grog, tout le monde nous déteste, ici.

Amaryllis rétorqua :

- Vous n'êtes ici depuis que trois jours, vous n'en savez rien. Il y a toujours eu de l'animosité entre les galeries et les Ville, ça date de l'an deux mille, cette histoire. Mais ça peut changer, même si vous semblez partiellement difficile à vivre !

- Si c'est juste partiellement... ironisai-je en levant les yeux au ciel.

- Je te conseille de fermer ton clapet, Face de Cadavre, cingla la jeune fille aux cheveux bleus en me fusillant du regard.

Il était déroutant d'être sermonné par une gamine de quatorze ans qui faisait quelques centimètres de moins que moi, et très humiliant. 

- Face de Cadavre ? s'étonna Brume en se tournant vers moi.

Ses yeux dorés parcoururent les contours de mon visage, remontèrent sur mon menton, mon nez, mon front, mes cheveux, pour finalement s'arrêter sur mes yeux. Elle haussa les sourcils, alors que je me tortillais sur place, mal à l'aise à cause de son regard perçant.

- Il a reprit des couleurs, depuis que n-nous sommes partis des galeries.

Joliment rattrapé, bien que sa voix ait tremblé sur le «nous».
Bizarrement, Amaryllis étouffa un rire :

- Bien sûr, je ne faisais que remarquer que la couleur de sa peau se marierait à merveille avec celle d'un lavabo. C'est d'ailleurs comme ça qu'on vous reconnaît.

- N'est-ce pas un peu discriminatoire ? reprit Brume, les points sur les hanches par la contrariété.
L'intéressée secoua la tête :

- Les galériens sont pâles comme la mort, à force de passer leur vie sous la terre. Pour nous, ce sont des sortes d'animaux qui ne sortent jamais, antipathiques et prétentieux, qui plus est.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant