- Alooors Wings, ça roule ? Demanda Grog d'une voix moqueuse.
Je fis la grimace : visiblement, Grog n'était pas dans ses bons jours. Et ça, c'était vraiment pénible. Cette manière insupportable qu'il avait de faire traîner le "o" du "alors" me donna envie de mettre mon poing dans son nez. Mais il fallait rester pacifique.
Je soupirais, regardant l'adolescent, torse nu, faire ressortir ses biceps, bien qu'impressionants, je devais le reconnaître.
Sérieusement, si nous étions encore à la préhistoire, j'aurais compris. Mais là, nous étions au vingt-deuxième siècle, il pouvait arrêter de nous écraser sous ses muscles durement gagnés à la salle de sport.
Je m'asseyais tranquillement sur le banc, et commençais à retirer mes chaussures. Tout en les delaçant, je vis le jeune blondinet s'approcher, suivit de ses deux gorilles qui faisaient office d'amis.
- Je t'ai posé une question, Wings. Dit-il d'une voix menaçante.
Oh que non... Je ne voulais certainement pas me faire tabasser par Grog, aujourd'hui. Et puis, qu'est-ce qui lui prenait, soudain ? Il n'avait jamais fait mine de vouloir me frapper. Cette voix qu'il avait prise était tout sauf rassurante.
Je décidais, en bon pacifiste, de calmer le jeu en répondant à sa question :
- Je vais très bien, Grog.
J'accentuais son prénom de la même manière dont il l'avait fait avec le mien. Vu son air triomphant, je compris que je n'avais pas eu la bonne réaction.
Il sourit, révélant sa dentition parfaite, avant de lancer, tout en regardant ses ongles avec une fausse modestie qui faisait pitié :
- Tu sais, Wings, je ne t'ai jamais aimé. ( Je ne m'en serais jamais douté !) Mais vu que tu te présentais comme candidat à la Mission n°3, je me suis dit que j'allais essayer d'être sympa. Je me suis même dit : « Il n'est pas si lâche, finalement ». Puis ensuite, j'ai vu l'enveloppe (il sortit ladite enveloppe, similaire à celle que j'avais reçue, comme si c'était un lingot d'or), et... J'espère que tu n'es pas trop déçu, Wings, non, parce que je sais que c'étais ton plus grand souhait d'aller Dehors. Alors, ça en valait la peine ?
Extérieurement, j'étais parfaitement impassible, je commençais à enlever ma chaussette gauche. Intérieurement, j'étais à la fois profondément énervé et incroyablement satisfait. Énervé à cause des remarques de Grog et que j'allais devoir me le coltiner pour la Mission, et satisfait parce que ce bougre d'imbécile ne savait pas que moi aussi, j'avais été sélectionné.
Je décidais de rester de marbre, de ne rien lui dire. Non, j'allais attendre ce soir, et là, ça allait être tout simplement épique.
Donc je me levais, enfin pieds nus, et je bousculais Grog pour atteindre la sortie. Celui-ci poussa un juron alors que je refermais la porte de la salle d'entraînement, seul.
J'étais assez fier de moi, j'avais réussi à énerver Grog, ce qui faisait partie des dix choses que j'adorais faire dans ma vie.
- Wings ?
Sortant de mes pensées, je me rendis compte que mon entraîneur, le Chef Colberg, était déjà arrivé, un débardeur marquant sa musculature injuste.
- Oh euh, oui ? Je répondis. Le Chef Colberg sourit, et me chuchota sur le ton de la confidence :
- Alors comme ça, j'apprends que tu t'es présenté comme candidat à la Mission n°3 ?
- Oui, c'est exact... J'opiniais, sans savoir exactement d'où il voulait en venir. Sachant que nous étions tous les deux seuls dans la pièce immense, le tapis bleu sous nos pieds, je me sentais un peu plus rassuré par la perspective que personne ne pouvait nous entendre.
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Projet Earth (en réécriture)
Ciencia FicciónIl y a cinquante-cinq ans, des montres ont envahi la Terre. Les Chimères haïssent les Hommes, et tuent tout ce qu'elles croisent. Sur l'astéroïde 345Z2, une jeune fille, nommée Brume, a été élevée toute sa vie dans le but de sauver l'humanité, devo...