Chapitre 12

46 4 0
                                    

Il était seulement quatorze heures, mon rendez-vous dans le hall étant à vingt heures. Encore six heures à tuer.

Ayant envie d'être seul, j'étais sorti de la salle à manger commune sitôt mon repas fini, faisant en sorte qu'Armelle ne me voit pas. Je ne voulais pas qu'elle me pose des questions. Ce serait bien trop gênant.

Je retournais dans ma chambre, avec la ferme intention de lire un livre.

Les livres, ici, c'était comme la nourriture : pas forcément toujours bon, mais nécessaire. J'appréciais lire, quelque part, cela m'apaisais.

Pourtant, je n'avais qu'un seul livre à moi. J'en avais lu des tas, mais ils étaient tous entreposés dans une bibliothèque où il faisait froid et où la ventilation filait des rhumes une fois sur deux.

Toujours est-il que ce fameux livre m'avait été offert pour mon anniversaire, mes neuf ans. Assez précoce, quand on y pense, sachant que le livre s'appelait : Au bonheur des dames.

Ce livre, c'était toute ma vie. Je devais le lire depuis au moins la septième fois, et je ne m'en lassais pas. Pourquoi ?

Aucune idée. J'avais toujours adoré l'Histoire, avec un grand «H», celle qui faisait rêver, celle qui allait du zéro au deux mille...

Même Armelle n'était pas au courant de cette passion que j'avais. Elle trouverait sans doute cela étrange.

Je me plongeais dans la lecture du roman, les images datant du dix-huitième siècle dansèrent dans ma tête...

Je ne sais pas pendant combien de temps je restais ainsi, presque paisible, car je n'avais rien à faire. Ce moment s'interrompit quand j'entendis un son étouffé dans le couloir, comme un coup que l'on essayerait de dissimuler.

Je fronçais les sourcils, et je me levais, aussi silencieux qu'un chat, pour ne pas faire grincer les ressorts du lit. Je me dirigeais vers la porte, tapais le code silencieusement, et la porte s'ouvrit sans un mot.

Je me dirigeais dans le couloir à pas de loup, aux aguets, prêt à bondir au moindre signe.

Et pourtant, ce que je vis me scotcha sur place pour le reste de mes jours ;

Le chef Colberg, si fort et si... Imposant, était avec l'homme qui avait provoqué un silence aussi divin que flippant dans la cantine. Celui-ci paraissait furieux, il tenait Colberg par le collet comme s'il commettait le pire des péchés.

Abasourdi, j'eus néanmoins le réflexe de me cacher derrière une porte heureusement ouverte, et guettais la conversation. Colberg, le souffle court, dit à l'autre :

- Lâche... Lâche-moi !

Malheureusement, il était tellement faible par rapport à l'énergumène qui le tenait en respect, que ses maigres gestes étaient inutiles contre la poigne de son adversaire. 

- Non, Benjamin. Avant, je voudrais savoir ce que tu fichais dans mon bureau. Serais-tu un espion, par le plus grand des hasards ?

Un espion ? Quoi ? N'importe quoi ! Il avait fumé un pétard, ce type ! Un espion de quoi ??!

- Tu sais très bien... Pourquoi je suis là...

Colberg était haletant, son visage était rouge, il étouffait. Cela me faisait mal au coeur de laisser mon prof se faire étrangler par un crétin, mais je n'avais pas le choix, il fallait que je reste calme. Même si mes poings me démangeaient.

- Oui, effectivement, je crois le deviner. Mais la véritable question, mon cher ami, c'est plutôt, pourquoi ?

- Tu sais... Tout comme moi... Que cette Mission (je tiquais aussitôt : hein ? Il parlait de quelle mission, là ? A part celle auquel je participais, je n'en voyais pas d'autre. )... Est...

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant