Chapitre 60

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Wings et Amaryllis étaient rentrés dans l'antre de diable depuis quelques minutes, et déjà, je voulais rebrousser chemin. Au prime abord, j'avais prévu de rester jusqu'à la fin de l'entretien, et au cas où il y ait un soucis, défoncer la porte. Bien sûr, cette dernière option était invraisemblable, puisqu'Annabelle ne prendrait jamais le risque de provoquer Wings et Amaryllis maintenant. Sauf les deux autres lui donnaient une occasion de le faire. Mais cela ne se produirait pas, Amaryllis et Wings étaient trop malins pour se laisser prendre au piège. 

Les regards perçants et sans vie des gardiens ne me rassuraient pas, et je me sentais mal à l'aise devant l'insistance de leurs yeux. Ils souhaitaient que je m'en aille, mais ne le faisait pas clairement comprendre. 

Cette incertitude m'agaça, et machinalement, je plongeai mes mains dans mes poches, jusqu'à sentir le frottement d'un papier contre le tissu. Je sursautai et écarquillai les yeux. 

Le papier d'Amaryllis ! Je l'avais complètement oublié, avec notre sortie dans la cantine, puis l'attaque des Chimères... Je me souvenais simplement avoir transvaser le papier mystérieux d'une poche à l'autre, en me promettant de le lire plus tard. Et dire qu'il avait peut-être une importance capitale, et que je n'y avais même plus pensé ! Si cela se trouvait, il y avait un rendez-vous dessus, et je l'avais loupé... Et si c'était mon informateur ? 

Je m'en voulu aussitôt, et, me disant que je ne pouvais pas le lire avec les gardes juste à côté de moi, je rebroussai chemin, non sans adresser un petit "au revoir" mal à l'aise aux quatre cerbères. 

Une fois que je fus hors de leur champ de vision, je dévalai les escaliers à toute vitesse, passant devant quelques Villiens surpris par mon attitude pressée. 

Arrivée tout en bas, un peu perdue, je me dissimulai sous l'escalier, dans un recoin sombre où personne ne me verrait, et dépliai minutieusement le mince papier. Il était tout froissé par son séjour dans ma poche, mais heureusement intact. Avec toutes mes glissades et mes courses, c'était un miracle qu'il soit resté à la bonne place. 

Les mains tremblantes d'excitation, je lu attentivement, prête à un code secret à déchiffrer, ou quelque chose du genre. Toutefois, ce n'était rien de semblable. 

" RV ENTREE SEULE, 11H00 APRES DEMAIN / PL " 

Le texte était synthétique, et je soupirai de soulagement. Après demain, c'était aujourd'hui, tout allait bien. Je n'avais pas loupé mon rendez-vous. Cela dit, pourquoi était-ce Amaryllis qui m'avait fait passé le message ? Il était de mon informateur, et ce n'était pas Amaryllis, ça j'en étais persuadée. 

Mais en même temps, la mention "PL" me prouvait bien que cette personne me parlait bel et bien à moi. Et ce n'était pas un piège, seul Mandragore, Mint et ce fameux informateur connaissait mon surnom, Petite Louve, Projet Earth étant bien trop reconnaissable. 

Je recherchai des yeux une horloge bancale, qui m'indiqua qu'il était 10h45. Je n'aurais pas le temps de demandé davantage d'informations à Amaryllis, il fallait que je parte maintenant. 

Sauf que je ne savais pas où aller. La cohorte de personnes me poussant et traversant les couloirs m'empêchait de regarder où j'étais et de me situer. 

Il allait falloir demander. Nerveuse à l'idée de me retrouver seule dans une foule, je plongeai timidement dans le bain. Poussée de toute part, je paniquai et me déportai sur la gauche, là où il y avait moins de monde. Les pieds m'écrasaient, les gens étaient pressés et ne faisaient pas attention où ils marchaient. Les rares qui m'apercevaient me fusillèrent du regard en me bousculant parce que je leur barrais la route. M'excusant à de nombreuses reprises, je me plaquai contre un mur, comme un chat qui sort de l'eau, le poil tout hérissé et complètement terrorisé. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant