Chapitre 69

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- POUSSEZ VOUS ! 

Je me propulsai en avant, tel un taureau devant un drapeau d'écarlate. Avant que le garde n'ait eu le temps de réagir, je levai vivement ma jambe en tourbillonnant sur moi-même, mes cheveux valsant autour de moi comme un nuage noir. 

Mon pied entra en contact avec un nez, et l'homme lâcha un cri de rage avant de porter la main à son membre blessé. Il valsa au sol, sonné, et j'entrepris à m'occuper du second, qui dressait déjà son arme vers moi. 

Je le désarmai d'un geste vif, bien trop rapide pour lui, et jetai son pistolet au sol, qui tomba dans un bruit mat. Désarmé, le soldat tenta un coup de poing, mais je l'évitai facilement en reculant d'un pas. Il enchaîna en se jetant sur moi, hasardant des manœuvres sans ni queue ni tête, mais pourtant d'une violence qui me retourna l'estomac. 

Je me déplaçai sur le côté pour les éviter, mais il entoura brusquement ses deux bras autour de ma taille, et me balança au sol. J'heurtai violemment le carrelage, vis trente-six chandelles, me morigénai pour mon manque de concentration, et roulai sur le côté pour éviter une balle. Il avait réussi à récupérer son arme ! 

- Quel manque total de galanterie ! je pestai, furieuse, en lançant l'un de mes couteaux, une fois que ma vision fut rétablie. 

Il se planta dans sa veste, juste au-dessous de son épaule gauche, le plaquant contre un mur. Il cria une injure qui, dans d'autres circonstances m'aurait fait rougir d'embarras, et tenta de retirer mon arme, sans succès, elle était bien trop profondément enfoncée pour se décrocher si facilement. 

Entretemps, le premier garde s'était relevé, et courait vers moi, les bras tendus comme un aigle voulant fondre sur sa proie.

Sans réfléchir, je l'attirai à moi, le retournai afin d'être face à son dos, et lui assénait un coup du plat de la main dans la nuque, puis dans la trachée. Ses bras retombèrent, et il s'écroula, cherchant son souffle avec peine, à moitié inconscient. Avec ma force, j'aurais pu lui briser la colonne vertébrale sans aucune difficulté, mais je n'étais pas un monstre. Je ne pouvais pas me résoudre à faire ce genre de choses, même pour des soldats de la SYNE. Je ne vaudrai pas mieux qu'eux. 

Le second garde, toujours perché dans les airs par le tissu de sa veste, qui commençait à se déchirer sous son poids, cherchait vainement à saisir son arme, à quelques mètres de lui, au sol. C'était ridicule, cet acharnement à combattre, et malgré que je sache qu'il était inutile de parlementer avec eux, je ne pus me retenir de lui adresser ses quelques mots. 

- S'il vous plaît, ce que vous faites ne sert à rien. Arrêtez de m'attaquer, et je ferai de même. C'est inutile de recourir à autant de violence, je vous en prie... 

- Tais-toi, espèce de chienne ! Je ne parlerai pas avec toi ! cracha-t-il, venimeux, ses yeux transpirant la haine. 

Je reculai, éprouvée par sa méchanceté. Ce n'était pas possible, pourquoi avait-il dit ça ? Mint et Mandragore m'avaient bien sûr déjà dit que l'Homme pouvait être méchant, mais à ce point... Me balancer des insultes avec tant de véhémence, sans même chercher à comprendre. Une colère commençait à m'envahir : il n'avait aucune raison de me traiter ainsi, j'avais essayé d'être gentille, et lui refusait, vainement, avec cette étincelle noire, sombre, au fond de son regard. Il avait déjà sombré. 

- Très bien, lâchai-je froidement, avant de lui donner un coup de poing dans le visage pour l'assommer. Trop vigoureusement, peut-être, et je le regrettai directement en voyant un filet de sang partir de ses narines pour glisser sur la commissure de ses lèvres. Même avant de s'évanouir, il me regardait avec tellement de rage, pourquoi me détestait-il autant ? Qu'avait raconté Annabelle à mon sujet ? 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant