Chapitre 54 (Omniscient passé)

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Agitation. Foule. Cris horrifiés. Dans le couloir, des bruits de pas pressés, de gens blêmes se succédaient, ne prenant pas garde au petit garçon intrigué, avec ses cheveux noirs en bataille et sa frimousse adorable dotée de deux grandes prunelles saphir remplies de curiosité. 

Sa grande sœur lui chuchotaient des paroles réconfortantes à l'oreille, espérant calmer son petit frère qui la suppliait d'aller voir. Depuis son plus jeune âge, Wings était tellement curieux que parfois, cela en devenait inquiétant. Armelle ne comptait plus le nombre de fois où ses parents avaient dû le raisonner lorsqu'il partait à l'aventure dans les couloirs des galeries, seulement équipée de son doudou en guise de bouclier. 

Son cœur battait vite dans sa poitrine. Pour la petite fille, un pressentiment horrible lui nouait le ventre. Ce matin-là, ses parents s'étaient éclipsés très rapidement, sa maman la rassurant d'un sourire quand Armelle lui avait demandé où ils se rendaient.

Elle serra les lèvres, sentant ses yeux se remplir de larmes sans même savoir pourquoi. L'appréhension lui donnait la nausée, et les blouses blanches dans son champ de vision flou ne la rassurait pas. Elle sentait qu'aujourd'hui, tout allait changer. 

Personne ne voyait les deux bambins, oubliés dans un coin, et serrés l'un contre l'autre. La plus grande, ses cheveux blond-roux recouvrant le visage de son frère tant ils étaient longs, semblait vouloir le protéger de l'extérieur. Le petit, lui, tirait sur son bras, tenant de l'autre un lapin bleu ciel en peluche, totalement détruit par les années. 

A un moment, une femme s'arrêta, apercevant les deux gamins. En espérant qu'ils n'étaient pas les enfants du couple qu'ils venaient de trouver déchiquetés à l'Extérieur, dévorés par les Chimères, elle s'accroupit près d'eux. 

Armelle se souvenait très bien qu'elle s'était sentie mieux grâce à la femme et sa bonne odeur vanillée, douce et paisible. Ce n'était pas l'odeur de sa maman non plus, ni celle de son papa, mais elle la rassurait. Son envie de partir en courant en pleurant se calma légèrement, et elle plongea ses yeux marrons dans ceux de la dame, qui leur demanda doucement : 

- Que faites-vous ici, tous les deux ? 

Armelle hésita un peu avant de répondre, puisque ses parents lui avaient toujours dit de se méfier des inconnus. 

- Je... m'appelle Armelle, et voici mon petit frère, Wings. Je cherche ma maman et mon papa. 

La dame écarquilla les yeux, un horrible sentiment lui soulevant l'estomac. C'était eux, les deux gosses. 

Comment annoncer une nouvelle pareille à un enfant ? Deux enfants ? Elle les regarda attentivement : elle aurait donné machinalement cinq ou six ans au premier, et à peine huit à la deuxième. C'était des bébés, des enfants, encore jeunes et innocents, nullement conscients de l'horreur qui venait de s'abattre sur eux. 

Armelle ne comprenait pas : pourquoi la femme ne répondait-elle pas ? Elle lui avait posé une question simple, pourtant, du moins, il lui semblait. 

Elle commença à compter mentalement dans sa tête, attendant le moment où le visage de leur interlocutrice cesserait de ressembler à celui d'une poupée de cire immobile. 

Elle serra davantage Wings contre elle, presque farouche. 

- Où sont mon papa et ma maman ? s'écria soudain Wings, foudroyant la dame du regard, avec un manque de politesse qui ne lui était pas coutumier. 

Armelle se retient de le sermonner, puisqu'elle aussi, elle voulait savoir. La vérité, c'était que le petit Wings avait compris qu'on leur cachait quelque chose. Il avait toujours détesté ça. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant