Chapitre 22

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Je somnolais, la main posée sur un couteau de chasse tranchant, quand le cri de ma soeur résonna comme une cymbale dans la nuit noire : mon cœur remonta dans ma poitrine, et, complètement paniqué, j'ouvrais grand les yeux, et me relevais, poussé par l'adrénaline.

Une scène d'horreur se déroulait devant mes yeux : ma soeur, et Grog étaient en train de reculer, lentement, alors que le dard empoisonné d'une Chimère volait au-dessus de leurs têtes, telle une épée de Damoclès.

Armelle sortit son couteau, bien maigre par rapport aux muscles saillants de la créature, qui contemplait son dîner avec envie, se léchant presque les babines.

Je m'apprêtais à descendre de l'arbre, quand, soudain, une ombre passa si vite près de moi que je n'en distinguais pas immédiatement la nature :

Brume, encore plus vive qu'un serpent, lança son couteau avec dextérité : je remarquais alors, pour la première fois, que la lame du coutelas était noire et luisante, contrairement à nos lames d'acier... Armelle avait raison... Une fois de plus.

Le couteau, comme prévu, s'enfonça dans le flanc de la bestiole, qui rugit, en se détournant de ma sœur et de Grog :

Armelle en profita pour lui planter sa propre arme dans l'oeil, mais celui-ci, à notre grande surprise, ne fit que ricocher dessus, causant à peine une éraflure.

Mon aînée hoqueta de surprise : la Chimère garda son regard fou de rage sur elle, et leva sa patte avant qui faisait la taille de la tête d'Armelle, avec la même intention de l'abattre sur ma soeur :

-ARMELLE ! Je m'écriais, horrifiée, en sautant, encore une fois sans réfléchir, de l'arbre. J'atterris, certes sur mes deux jambes, mais ma colonne vertébrale en vrac : comme faisait Brume pour retomber de manière aussi élégante ? S'en était limite énervant.

Mais Brume maîtrisait la situation, et se glissa sous la patte pour la bloquer avec son deuxième couteau, tout cela si vivement que cela ne paraissait même plus humain.

Armelle, recroquevillée sous la jeune fille, ouvrit les grands yeux pleins de stupeur d'être encore en vie.

- Armelle, Grog, poussez-vous, vite ! Supplia presque Brume, son bras tremblant sous le poids de la Chimère.

Les deux adolescents obéirent et partirent sans demander leur reste.

Chioné, qui entre-temps était aussi descendue de l'arbre, commença à avancer à pas de loups, vers un éclat métallique qui brillait au sol. Elle ramassa celui-ci, et je m'aperçus que c'était le premier couteau de la jeune fille, trempé d'un sang noirâtre qui se fondait très bien avec la couleur du métal inconnu.

Je compris en une fraction de seconde ce que voulais faire Chioné :

- Chioné, passe-le moi ! Je criais de nouveau, en courant vers Brume, qui, la sueur coulant sur son front, se rétrécissait de plus en plus sous le poids de la bête, qui appuyait, machiavélique.

Chioné ne se posa pas de question et lança le couteau : il vola dans les airs, fit un arc de cercle presque parfait et manqua de m'échapper quand je l'attrapais de justesse. Par le manche.

- Brume !

La jeune demoiselle tourna son regard vers moi, je croisais ses beaux yeux d'ambre, et lui balançait le couteau.

Brume, avec adresse, relâcha brusquement le couteau, et la patte de la Chimère frôla son bras, manquant de lui couper ; Brume fit un roulé-boulé, et récupéra son arme, telle une gymnaste professionnelle, comme on aurait pu en voir dans ses émissions télévisées d'antant.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant