Chapitre 49

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- Brume, s'il te plaît, est-ce que tu pourrais me dire où on va ? Parce que c'est un peu agaçant de te courir après. glapit Armelle en me passant devant, chose aisée vu la longueur de ses jambes comparer aux miennes.

- Je suis le plan. marmonnai-je en guise de réponse, les yeux braqués sur la feuille de papier froissée.

- Non, tu te noies dans le plan, rectification... grogna Chioné, en me courant après. 

Je levais brièvement les yeux, exaspérée : 

- Je sais très bien comment fonctionne un plan, normalement, nous devrions tourner à gauche, prendre l'escalier, et... 

- Et espérer que personne ne nous voie, me coupa la californienne, Brume, on n'a pas le droit d'être ici ! 

- Certes. abrégeai-je, en tournant à gauche. 

Cela faisait plusieurs dizaines de minutes que nous essayions de nous orienter grâce à la carte mal dessinée que nous avions toutes les trois aperçue à notre réveil, coincée dans l'embrassure de la porte.

Chioné s'était alors précipitée dessus, faisant tomber le petit mot derrière au passage. Celui-ci était lisible et très synthétique : 

"Suivez le plan. Vos compagnons sont au bout du chemin."

Armelle et moi nous étions alors regardées en même temps, un air à la fois étonné et déterminé sur le visage.

La californienne, après avoir dit que cela ressemblait beaucoup trop à un piège, avait fini par abdiquer, non sans repousser un geste désespéré sa chevelure blonde derrière ses épaules. 

Il fallait nous comprendre, cela faisait trois jours que nous moisissions dans notre chambre (ou cellule), seulement agrémentée de deux fenêtres, trois lits et d'une lampe à chevet pour nous trois. 

Je n'avais même pas su quoi faire. Certes, ils nous avaient laissé nos sacs, et à part lire et relire mon livre, je n'avais rien trouvé de mieux. 

En vérité si, j'aurais pu défoncer la porte sans problème, et d'ailleurs Armelle soutenait le projet, avant que Chioné ne rappelle que nous ne devions pas révéler ce dont j'étais capable. 

L'idée que la SYNE me découvre m'avait aussitôt refroidie, et j'avais renoncé, en soupirant. Pouvoir sortir sans en avoir la possibilité, c'était un véritable calvaire.

J'étais très inquiète pour Wings et Grog. Après que la femme nous aient entraînés dans notre logis, qu'Armelle prenait grand plaisir à appeler " prison", nous n'avions plus vu leurs têtes. 

Malgré nos nombreuses questions, personne n'avait voulu nous répondre, même quand Armelle s'agaçait sur notre "geôlière", comme elle aimait la traiter. 

Chioné et Armelle avaient au début résister comme de vraies sauvages, exigeant des informations, de savoir pourquoi nous étions enfermées ici, etc... 

La femme était restée de marbre à chaque fois, l'air de rire presque intérieurement de la situation, avant de refermer la porte. Une fois, Armelle y avait mis son pied, et l'avait d'ailleurs amèrement regretté, puisque maintenant elle boitillait, et était encore plus en colère.

- Je reprends, puisque visiblement m'écouter n'est pas dans tes dispositions, reprit Chioné, je persiste à dire que c'est une mauvaise idée.

Je me retournais, et  Armelle s'arrêta brusquement pour ne pas me rentrer dedans. De la voix la plus douce possible, je m'adressais à la blondinette :

- Écoute, Chioné, on n'a pas le choix. Je n'en peux plus d'être enfermée dans cette chambre. J'ai dû me priver de voir la Terre pour être coincée sur un astéroïde pendant 16 ans, ce n'est pas pour rester cloîtrée dans une chambre !

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant