Chapitre 40

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Il restait une seule journée, avant d'atteindre la Ville. Selon Alban, elle serait bientôt visible, derrière les montagnes, belle, sublime, resplendissante. Même si elle annonçait la partie la plus compliquée de mon voyage, elle me laissant entrapercevoir un bout de la vie humaine.

- On arrive bientôt à notre destination. Vraiment très bientôt. Je préfère vous prévenir, quand on y sera, il y aura des règles à respecter. Déjà qu'ici, ça craint, mais alors dans les Villes... Vous n'allez pas rigoler longtemps, et vos petites crises d'ados en manque d'attention passeront beaucoup moins bien qu'avec moi.

- C'était déjà pas très concluant avec lui, alors ça promet... grogna Armelle en se penchant vers Chioné et moi. La californienne étouffa un rire, s'attirant un regard noir d'Alban : 

- Tu trouves ça drôle, Chioné ? 

Elle prit un petit sourire supérieur, croisa les bras sur sa poitrine et secoua la tête. 

- Tant mieux. Comme je le disais, et comme vous le savez, bien sûr, dans les Villes, c'est... (Il cligna les yeux, cherchant la meilleure comparaison possible) c'est comme si vous étiez enfermés dans une cage, avec l'impossibilité d'en sortir. Sauf que la cage n'est pas vide, il y a un lion, à l'intérieur, et vous êtes son prochain repas. 

C'était une très jolie analogie, bien que pas très rassurante, il fallait l'avouer... 

Il changea de jambe d'appui, l'air passablement ennuyé, et continua : 

- Vous marcherez tout le temps près de moi. Pas de vagues, pas d'héroïsme, pas de bêtises, pas de rebellion... rien. Vous êtes des étrangers, vous n'avez jamais affronté de Chimères de votre vie, alors vous vous taisez, et vous apprenez le plus possible pour ne pas vous faire tuer, est-ce clair ? 

Nous hochâmes tous la tête en concert. Quant à moi, j'étais intriguée par son pessimisme constant.

- Bien. Nous allons nous rendre dans un endroit où vous cotôyerez des adolescents de votre âge, je pense. Au passage, ne cherchez pas à faire ami-ami, ils nous détestent (Wings et Armelle échangèrent un regard exaspéré) Là-bas, c'est un peu comme les galeries, en plus... (Il chercha ses mots)Vous comprendrez en arrivant.
Il stoppa le flot ininterrompu de paroles qui sortait de sa bouche comme un essaim d'abeilles, pour finalement reprendre :

- Par contre, j'avais prévu d'arriver avec quatre adolescents, pas cinq... Il va falloir trouver une alternative pour Brume. A moins que tu veuilles te rester dehors, c'est comme tu veux. 

Sa proposition, pleine de moquerie, aurait sans doute mérité que je m'agace, mais pour tout dire, j'avais dormi seulement sur une seule oreille, cette nuit, et je ne souhaitais pas me battre. Donc j'avais donc fait "non" de la tête. 

- C'est bien ce que pensais. Nous allons dire qu'il y a eu un imprévu. Tu... nous t'avons sauvée de justesse de la mort, alors que nous traversions la forêt. Si quelqu'un veut des détails, dis-lui que tu es originaire d'une autre Ville, très, très loin d'ici, qui a été ravagée, et que tu as dû t'enfuir, après une attaque massive de Chimère. Avec toi, tu avais seulement ce sac, et nous t'avons trouvée, à demi-morte à cause de la déshydratation. Nous t'avons aidée, et après coup, tu as décidé de venir avec nous. 

- Excusez-moi de dire cela, mais ne trouvez vous pas cela un peu... tordu ? 

C'était Wings qui avait parlé. Alban le fusilla du regard, et je remarquais que sa gigantesque arme avait disparu de derrière son dos. Sans, il était quand même beaucoup moins impressionnant. 

- Tu as autre chose à proposer, petit malin ? 

- Non, mais.. 

- Parfait, alors ! Brume, tu t'en souviendras ? 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant