Chapitre 37

28 3 0
                                    

Mais où sont-elles ? 

Cela fait précisément dix minutes que j'attends, assis sur une pierre, ayant revêtu un nouveau tee-shirt un pantalon, de la même matière luisante et bizarre que d'habitude. Par-dessus, j'avais remis ma veste, ayant un peu froid à cause de ma balade dans l'eau froide. Cela dit, j'avais l'impression de revivre, et surtout, je pouvais toucher mon visage sans sentir du sang, de la terre ou de la sueur. 

C'était très agréable. Chioné en avait profité pour laver sa longue chevelure, qu'elle laissait paisiblement sécher à l'aube des rochers, ce qui ressemblait à de l'or fondu, vu d'ici. 

Grog, lui, était égal à lui-même, à quelques mètres de moi, mais depuis tout à l'heure, il me jetait des coups d'oeil agaçants, comme s'il hésitait à venir vers moi. En quel honneur, je ne sais pas. 

Je m'inquiétais pour Armelle et Brume. Elles prenaient beaucoup de temps, pour faire le tour d'un lac, et encore plus lorsqu'on savait que Brume pouvait le faire beaucoup plus vite que quiconque. Or, elles ne semblaient pas réapparaître. Toutes sortes de théories tordues me traversaient l'esprit, et quand j'avais commencé à imaginer que les deux avaient réussi à tomber dans l'eau alors qu'elle savaient nager et s'étaient noyées, je m'étais dit qu'on allait arrêter les frais. 

De toute façon, je m'inquiétais sans doute pour rien. S'il était arrivé quelque chose à Armelle, je l'aurais senti. Quant à Brume, je tâchais de me rassurer en me disant qu'elle était tellement puissante que rien ne la blesserait ou la tuerait. 

C'était idiot, sans compter qu'elle m'avait déjà dit qu'elle pouvait être tuée. Mais par quoi, ça ne je le savais pas. Et je ne voulais pas y penser, d'ailleurs, ça allait porter malheur. 

Je n'étais pas supersticieux, d'habitude, mais là, vu comment je sursautais à chaque fois qu'un buisson bougeait à cause du vent, on pouvait facilement conclure que j'étais préoccupé. 

Au moment où j'allais décidé à prendre sur moi pour aller voir Alban et lui demander de partir à leur recherche, les deux sortirent des bois. 

Armelle avait les yeux baissés, et paraissait agitée. Quant à Brume, elle était tout simplement livide. Ses yeux dorés brillaient, et on devinait facilement qu'elle avait pleuré. 

Pleuré ? Brume ? Non, impossible. Enfin si, totalement possible, en fait. La raison, c'était, pourquoi ? 

Sa veste était déchirée de long de son bras droit, son visage était encore plus terreux qu'avant, et son pantalon avait des traces de griffes. Elle s'était battue avec une Chimère, de toute évidence. 

Par réflexe, j'analysais le corps d'Armelle, mais elle semblait se porter comme une fleur. Par contre, je remarquais que les deux étaient proches, ou plutôt, Armelle était proche de Brume et semblait comme la protéger des regards extérieurs. 

Je connaissais bien ses yeux-là. C'était ce genre d'yeux, quand l'une de ses amies avaient été surmenées, ou obtenu une mauvaise note. C'était le mode "Armelle-guerrier". Armelle et l'amitié, c'était carrément gravé dans la pierre. 

Ce que je me demandais, c'est quelle était l'objet d'un tel rapprochement. J'aurais bien demandé, mais j'avais bien trop peur de paraître indiscret. Surtout que Brume ne semblait pas dans son assiette, et que visiblement, cette affaire concernait elle et Armelle. 

De toute façon, Armelle me le raconterait si elle jugeait qu'elle pouvait le faire. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, les secrets de ses amies étaient sacrés, et je comptais sur les doigts le nombre de fois où elle les avait divulgués pour me demander conseil. 

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant