Chapitre 25

39 3 0
                                    

Le sable me valsa dans la figure, dessinant une figure compliquée grâce au vent ambiant qui nous fouettait tous le visage. Le soleil était parti, et pour l'instant, seul le souffle glacé et un début de pluie se manifestaient, dans ce désert interminable.

Tout le monde grimaçait en essayant de fermer la bouche pour ne pas avaler trop de sable. Même Brume, qui avait au début sursauté quand la première goutte était tombée sur son bras, avait cessé de la regarder comme si elle se trouvait devant la huitième merveille du monde.
Non, ses cheveux bouclés volaient littéralement, prêt à partir, ses yeux dorés étaient mis-clos. Elle passa une main sur son visage, pour enlever les impuretés. Ce fut vain. C'était comme essayer de récolter de l'eau avec une passoire. Inutile, et impossible.

Armelle, devant elle, grommelant des injures non pas pour une fois destinées à la jeune fille, mais plutôt envers ce climat peu appréciable.

Le seul qui semblait véritablement dans son élément était Soldat Flip... Non, pardon, Alban. Égal à lui-même, il contournait et s'appuyait sur les rochers pour garder l'équilibre, bien que ceux-ci soient assez précaires au niveau de la stabilité.

Quant à moi, j'essayais avec plus ou moins d'efficacité à empêcher le sable de se déposer sur mes yeux, bien que ceux-ci me piquaient déjà. J'avais l'impression de faire l'un de ses gommages hebdomadaires d'Armelle, où elle utilisait la terre de notre souterrain en guise de masque revigorant. Je me souviendrai toujours de la fois où elle avait voulu m'en poser un dénigrant ma quantité de points noirs «cyclopesque» selon ma grande soeur.

Et le pire dans cette histoire, c'est que j'ai accepté, en jeune adolescent pré-pubère en pleine mue.
Je devais reconnaître que, après cette torture de la boue dégoulinante sur mon visage, ma peau avait une meilleure tête. Cela dit, je ne recommencerais pour rien au monde, bien que l'effet de fin ait été agréable.

Bref, tout ça pour dire que cette giclée de sable de ma figure n'était pas des plus douce. Je ressemblais à une belette, avec mes petit yeux plissés et mon corps aussi courbé que celui d'un vieillard. Personne ne parlait, se contentant de faire de grands signes lorsque nous voulions faire passer un message.

Au bout de ce qui me parut des heures, Alban aperçut une sorte d'amas rocheux plus haut que les autres où se dissimulait une cavité qui nous servirait facilement d'abri.

Je m'agrippais comme un fou à un gros cailloux, et m'appuyais dessus pour ne pas tomber en arrière : je ne pourrais plus me relever, après cela.

Grog, derrière moi, peinait à tenir sur ses jambes. Quand il manqua de basculer en arrière, je le rattrapais juste à temps par son avant-bras.

Il y eu un dialogue entre nos deux regards : surprise, interrogation, méfiance, et puis finalement, retour à la normale quand je jetais littéralement mon coéquipier à côté de moi pour le maintenir derrière une roche plus grande que moi.

Brume, toujours aussi délicate, cassa une pierre près d'elle qui lui barrait la route pour nous rejoindre. Vraisemblablement moins effrayée que nous à l'idée d'avaler du sable, elle se mit à hurler pour se faire entendre :

- Vous allez bien ?!

Je hochais la tête, et Grog m'imita. Brume nous contourna, se fichant royalement du vent impitoyable, et guida Grog derrière la saillie rocheuse. C'est alors que je remarquais qu'Armelle n'était pas derrière nous.

Un noeud éclata dans mon estomac, et mes yeux s'arrondirent.

- Brume, où est ma soeur !? Je tonnais, le vent passant maintenant comme quelque chose de bénin

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant