Chapitre 15

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Ce fut un curieux frottement qui me réveilla. Croyant au début à un insecte trop près de mon oreille, je ne réagis pas plus que cela, les yeux toujours clos.

Le gratement se répéta encore une fois. Mais cela ne semblait pas venir de la fosse dans laquelle je m'étais réfugiée, mais plutôt au-dessus, pas très loin de moi.

La panique m'envahit aussitôt. Et si une Chimère m'avait sentie, et essayait de me pister, grattant la mousse qui cachait l'entrée de mon refuge de fortune ?

Sans me poser plus de questions, je me recroquevillais sur moi-même en me roulant dans la terre, espérant étouffer mon odeur.
En tendant l'oreille, je me rendis compte que le son ne ressemblait pas un bruit de patte taquinant quelque chose. Non, c'était plutôt comme un poids, écrasant un tapis de feuilles mortes.

Je relevais la tête, un vague espoir prenant possession de mon esprit : serait-il possible qu'une infime trace de civilisation s'offre à moi ?

Je n'hésitais pas longtemps à sortir, puisque je devais bouger, de toute façon. La nuit commençait à descendre lentement, et des tâches rossâtres correspondant à l'aube pigmentaient le ciel.

Après un rapide coup d'eau sur mon visage et dans ma bouche pour me réveiller complètement, et nettoyer un peu la crasse qui recouvrait ma face, j'arrachais sans ménagement ma couverture de mousse, laissant passer un début de rayon de soleil.

Je saisis une racine perdue, et poussais sur mes abdominaux pour m'éjecter à l'extérieur. J'atterris lourdement, la tête dans les feuilles, et distinguais le mince corps d'un insecte à un centimètre de mon nez. Pendant deux secondes fascinée par les petites pattes fines et la grosse tête portant des antennes, je fus tirée de ma contemplation par un nouveau bruit.
Pas de doute, c'était bien des bruit de pas. Visiblement, plusieurs pas, des pas qui me semblaient être des pas humains. Ils essayaient d'être discrets, mais c'était raté, malheureusement. Si moi je les entendais, les Chimères le pouvaient aisément. Bien qu'elles me semblent plutôt diurnes.

À pas de loups, mon sac sur mon dos produisant un léger bruit métallique, je décidais de grimper à un arbre pour avoir une vue d'ensemble.

Ignorant mes mains, qui n'avaient toujours pas digéré leurs blessures, je commençais à escalader, aussi vite qu'un petit singe, et arrivais bientôt à une hauteur satisfaisante.

D'ici, je posais mes pieds sur une branche épaisse, et scrutais le moindre mouvement, dans un équilibre plutôt précaire.

Après quelques secondes de recherche, mes yeux aperçurent cinq silhouettes longilignes. Je précisais ma vision, et me rendis compte, à ma plus grande joie, qu'il s'agissait d'Hommes.
Je pus distinguer la forme de quatre jeunes adolescents, deux filles et deux garçons, de dos, et un adulte imposant, noir de peau et très musclé.

Ils étaient tous sur le qui-vive, les mains sur leurs armes. Armes que je ne parvenais pas à distinguer, malgré ma vision de chat.

En fronçant les sourcils, je parvint à apercevoir un vague éclat argenté. Mais cela pouvait être n'importe quoi. Couteau, pistolet...
Devais-je aller vers eux ? Comment faire ? Comment allaient-ils m'accueillir ? Et s'ils m'attaquaient ?

Un mélange d'excitation et de peur se mélangeait à l'intérieur de mon esprit. La pensée principale étant : enfin, enfin !!!

Puis je me remémorais une phrase que Mandragore m'avait dite, une fois, pour mon premier entraînement.
Je devais transpercer un mannequin avec un couteau. Sauf qu'il était très réel. La peau était représentée à la perfection, ses yeux me fixaient, immobiles, prêts à subir.
Mon instructrice, me voyant hésiter, avait posé une main tranquille sur mon épaule, arguant :

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant