「 Terrorisées, elles se réfugièrent dans le placard de la chambre. Pour ne plus entendre les bruits de la maison, fouillée de fond en comble par les employés du ministère de la magie, les deux jeunes soeurs se murmurèrent l'une à l'autre : « Unutm...
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19 juin 1996, Saint-Petersbourg, Russie
Le Saint-Petersbourg matinal des années 1990 offrait un spectacle particulier à bien des égards.
Même s'il s'agissait de la deuxième ville la plus développée du pays, on y croisait encore les traces d'un communisme rigide qui avait rongé le pays pendant de longues décennies. Ici et là, des blocs gris d'appartements vétustes et rudimentaires rendaient le quartier résidentiel le plus peuplé de la ville semblable à la description que faisaient les historiens de la prison de Nurmengard. Froid et mort de l'intérieur.
Les rares couleurs de la ville, aussi vives furent-elles à une époque, avaient perdu leur éclat et les devantures des quelques théâtres et cinémas où l'on y diffusait les comédies au scénario validé par les plus hautes autorités du pays revêtaient des tons tristes comme un ciel de pluie. Les épiceries et autres commerces de nécessité étalaient leurs denrées sur des étalages aux couleurs usées et ne savaient faire preuve d'amabilité lorsqu'un étranger ne sachant pas parler russe tentait de se faire comprendre.
Compte tenu de la notoriété récente d'Erzsébet dite "de Suroj" et de l'agression gratuite subie par Lupo alors qu'il tentait simplement d'acheter un philtre de paix, seul Viktor Krum était chargé de faire les courses et les deux autres sorciers s'étaient vus condamnés depuis plus d'un mois à ne prendre l'air que par la minuscule fenêtre de leur appartement.
Bien que les dirigeants post-tsaristes aient fait de ce joyau un véritable capharnaüm, Saint-Petersbourg offrait un ciel d'un bleu si pur et si doux qu'on eut l'impression que les nuages y avaient fondu. Le soleil, au rendez-vous en ce mois de juin tant attendu par les habitants, venait lui-même se charger de redonner un peu de couleur à la ville et il n'était plus rare de voir des femmes au foyer arborer des voiles chatoyants en emmenant leurs enfants à l'école.
Le plus merveilleux des spectacles de la ville restait cependant la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, véritable joyau d'architecture néo-russe paré des couleurs vives et sacrées propres à la culture orthodoxe. Ses vitraux et autres ornements reflétaient les rayons du soleil avec un éclat presque divin et lorsqu'elle se levait à l'aube, Erzy s'autorisait toujours un moment de méditation en regardant avec nostalgie ce spectacle un peu particulier.
Nichée avec ses camarades au sixième étage d'un immeuble habité par des sorciers à la retraite, la vue sur la cathédrale était imprenable et tous ces éléments lui rappelaient avec une certaine amertume les heures passées avec sa soeur jumelle à regarder le soleil se lever du haut du mont Izolat. Car bien que des semaines furent passées et bien que les évènements récents occupaient une grande partie de son esprit, Erzy mourrait d'envie de revoir sa jumelle.
Plongée dans d'amères pensées dont elle ne parvenait à se débarrasser qu'en s'entraînant à la magie noire, elle sursauta en entendant la porte d'entrée grinçante s'ouvrir dans un fracas familier. Cela faisait un mois qu'Erzsébet vivait en colocation avec ses deux amis, mais ni elle ni Lupo n'étaient parvenus à se faire à la violence avec laquelle Viktor aimait signaler son entrée. Elle enfila en vitesse un long sweat-shirt aux couleurs de Serpentard.
