「𝟜𝟝」Le coeur des gamines

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25 juin 1995, Manoir Rosier

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25 juin 1995, Manoir Rosier

Des yeux gris, des lèvres chaudes, un bruit sourd puis des pupilles vides.

 Feryel se réveilla en hurlant une dernière fois le nom de Cedric Diggory, puis croisa le regard surpris d'Erzsébet qui faisait le tour de la chambre doucement illuminée par les rayons du soleil matinaux.

"... Tout va bien, Fery ?" demanda-t-elle en reposant délicatement une brosse à cheveux dorée sur la table de chevet. Sa soeur ne répondit pas, la tête de nouveau enfoncée dans l'oreiller contre lequel elle avait pleuré la veille. 

Erzsébet s'installa près d'elle et se mit à tresser ses mèches de cheveux pour la détendre. Feryel ne pleurait pas seulement la perte d'un être cher, elle avait l'esprit profondément torturé par l'identité de son commanditaire. Certes, c'était leur grand-père et elles l'aimaient profondément même s'il s'était souvent montré très cruel envers elles. Certes, le bien et le mal sont des notions dont le sens varie toujours en fonction du point de vue, mais alors pourquoi la mort de Cedric sonnait-elle aussi faux ? Pourquoi rongeait-elle à ce point le coeur de Feryel ? Pourquoi avait-elle la sensation profonde qu'il s'agissait d'une injustice, de quelque chose d'intrinsèquement mal

Erzsébet resta silencieuse, regardant grandir avec tristesse la tâche d'eau sur la taie d'oreiller. Elle avait ressenti la même chose, ces fameuses nuits où Feryel lui rappelait qu'il fallait songer à se détacher de Fred parce qu'il ne se trouvait pas dans leur camp. 

- "Je sais que ça fait mal, Feryel... Mais Cedric n'est pas le premier et il ne sera pas le dernier..."

"Aloïs..." coupa-t-elle, la tête toujours plongée dans l'oreiller. "Il l'a fait exprès... Je suis certaine qu'il l'a-"

Un discret tambourinement à la porte interpella les jumelles. Feryel se tut instantanément.

- "Qui est-ce ?" demanda Erzsébet, se redressant au cas où il faudrait jeter un sortilège à quiconque se trouvait derrière.

"Navrée de vous déranger mesdemoiselles. J'ai été chargée par monsieur Rosier de vous escorter jusqu'à la salle du petit déjeuner..."

Feryel s'essuya maladroitement les yeux avant de rejoindre Erzy qui bondit pour ouvrir la porte. La petite voix féminine et vieillotte si distinctive de leur ancienne amie les enthousiasma et elles se sentirent soudain moins seules dans les lieux. Derrière, Chantal écarquilla les yeux en reconnaissant les deux pétillantes jeunes femmes qu'elle avait croisé il y a cinquante ans. 

- "Oh, Chantal !" s'écria Feryel avant de la serrer bien fort dans ses bras. "Je suis tellement heureuse de te revoir... Oh, mais regarde comme tu te portes bien après tout ce temps !"

Immobile alors que Feryel lui tâtait gentiment les épaules, Chantal vit Erzsébet lui sourire tendrement et ne put s'empêcher de lui sourire en retour malgré la confusion dans son esprit.

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant