「𝟟𝟚」Lacrimosa

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23 mars 1996, Manoir Malefoy


Tic tac, tic tac, tic tac...

La pendule de la chambre d'appoint faisait un bruit à rendre fou n'importe lequel des convives ayant le malheur d'y loger. Le regard vide et la poitrine écrasée entre les draps de soie émeraude et la lourde tête d'Aloïs, Feryel regardait le balancier d'or voguer ici et là tandis que les rayons printanier venaient éveiller la pièce d'une lumière pâle.

Tic tac, tic tac...

La pénibilité du bruit eut l'ironique effet de retrancher plus efficacement la jeune sorcière dans ses pensées que ne l'aurait fait le silence. Presque hypnotisée par le disque d'or et sa façon de réfléchir les quelques rayons transperçant les nuages, Feryel se rappela douloureusement les cheveux d'Erzsébet aux reflets caramel. 

Elle se mit à ressentir un vide brûlant, moins vif que la fois où Erzy était enfermée dans la chambre des secrets, mais tout à fait comparable. Sans nouvelles d'elle et sans unutma, Feryel fut confrontée pour la première fois de sa vie à une déconnexion totale de l'esprit de sa jumelle, laquelle lui donnait une impression de vulnérabilité particulièrement mal venue en ces lieux lugubres. 

Le souvenir de ses sourcils froncés, le son de sa voix un peu plus aiguë que la sienne et la nostalgie de leurs années insouciantes au manoir se dessinèrent sur un fond d'or et de nacre, formé par ce que son inconscient avait fait du balancier et des rayons timides. Ces douces et amères réminiscences remplirent bien rapidement les paupières de Feryel de grosses et lourdes larmes qui finirent par lui rouler le long des joues, puis les cliquetis de la pendule sonnèrent un peu plus gravement, donnant l'impression de sonner les dernières heures de sa courte vie. 

Tic tac, tic tac, tic tac.

Distraite de ses élucubrations, Fery se sentit un peu moins seule en sentant l'épaisse chevelure blonde de son époux frotter contre son dos nu. Les narines chatouillées par ses cheveux, Aloïs gratta son nez contre la cambrure de Fery en émettant d'incompréhensibles grognements, rappelant avec amusement à cette dernière qu'il n'était pas du matin. Bientôt, les rayons du soleil vinrent titiller ses paupières et le grand blond émergea doucement de sa courte nuit. Il croisa le regard gris de sa femme et y répondit avec un sourire assorti d'un regard embrumé. Feryel ne fit plus attention au bruit de la pendule. 

- "Oh... Merde... Merde, Merde, Merde !" s'exclama-t-il en essuyant maladroitement le filet de bave qui le reliait au dos de sa brune. "Fais chier, je vais encore être en retard !"

Aloïs bondit aussitôt hors du lit en faisant léviter à la hâte un caleçon rangé dans la commode de la chambre. Feryel s'assit en tirant le drap sur ses seins nus, divertie par la vitesse avec laquelle il bondissait d'un coin de la pièce à l'autre. 

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant