[REECRITURE] Ame de Sang

Chapitre 63

- Tu y es allée un peu fort avec Séléna. Elle va avoir quelques hématomes sur le visage.

Nirowa inspecte les dégâts que j'ai causé sur ma soeur pendant notre combat. Cette dernière ne dit rien, ne faisant rien, comme si elle était devenue une poupée. Je soupire juste.

- Elle l'a bien méritée.

- Tu y vas un peu fort no...

- Non. Qui sait si elle n'a pas dévoilé autre chose.

- Je n'ai rien dit d'autres, Lyra !

Séléna surgit tout à coup, essayant de se défendre comme elle peut. Mais mon jugement ne change pas. Comment lui faire de nouveau confiance ?

- Que lui as-tu dit exactement ?

Je m'approche d'elle, jusqu'à ce que mon visage ne se trouve non loin du sien. Ne tente pas de me mentir, Séléna. Comme je le prévoyais, elle fuit mon regard, mais parle tout de même :

- Je lui ai juste dit qu'elle ne pouvait pas t'éliminer car tu ne pouvais mourir. Je lui ai juste dit ça.

- C'est à ce moment-là qu'elle t'a dit qu'elle aussi était "immortelle" ?

- Oui.

Elle ne semble pas vraiment mentir, mais je préfère rester sur mes gardes. Je me redresse, et me mets dos à elle.

- Qui c'est si tu n'es pas devenue une de ses alliées.

- Lyra ! Tu vas un peu loin là.

Yunkim intervient, marchant vers moi. Je me retourne afin d'être face à elle.

- Pourquoi ? Tu ne trouves pas ça suspect ?

- Elle a dû lui dire sous un coup de pression.

- Justement, si ça recommence, que va-t-elle dire la prochaine fois ? Qu'à part elle et moi, il y a d'autres humaines ayant une âme de couleur ? Elle n'est même pas capable de garder des informations confidentielles. Je ne comprends pas pourquoi elle est encore ici.

- Tu es injuste ! Et toi alors, qui dit que tu ne finirais pas par parler ?

- Je ne le ferais pas et tu le sais très bien. Nirowa aussi a été imprudente en dévoilant sa nature à une humaine.

Je jette un oeil à Sidonia, cette dernière se trouvant non loin de Séléna et de son amie aux yeux verts. Elle me regarde suite à la mention de son prénom. Cependant, elle ne dit rien, car elle-même sait que j'ai raison.

Yunkim soupire.

- Parfois, je trouve que tu n'as vraiment aucune empathie.

Je me retourne, prête à partir, tout en lui jetant avant de sortir :

- Je n'ai jamais dis que j'en avais.

Je sors du QG. Il fait encore un peu froid dehors. Je soupire de nouveau, la situation devenant légèrement tendue. Je sens que je ne vais jamais pouvoir me reposer. Comment m'y prendre ? Et par quoi commencer ? Je ne sais plus quoi faire. Je lève les yeux au ciel, observant ce dernier qui est très nuageux. Je marche le long des rues, afin de rentrer à la maison.

Je me demande si Omesant est rentrée. Depuis quelques temps, elle sort toute la journée. Je ne lui ai même pas demandé pourquoi, je devrais peut-être le faire ? Je secoue la tête. Non, ça ne me regarde pas, je ne devrais pas me mêler de sa vie. Même si je suis curieuse sur ce qu'elle fait quand je ne suis pas là ou quand elle sort de la maison.

Je continue mon trajet jusqu'à apercevoir au loin la maison dans laquelle mon amie et moi vivons. Je me sens légèrement fatiguée. Je pense que je devrais me reposer un peu en arrivant.

J'ouvre la porte d'entrée et rentre au chaud. J'entends la télé qui est allumée. J'enlève mon manteau et mes chaussures et pars en direction du salon. J'aperçois Omesant, assise, regardant l'écran. Elle se tourne vers moi, qui suit à l'origine des bruits depuis tout à l'heure. Je la salue, elle me sourit.

- Alors ? Comment ça s'est passé ? Dit-elle.

J'avance vers elle, et me jette sur le canapé en soupirant.

- C'était chiant.

- Heh, j'imagine.

Je pose ma tête sur ses cuisses, étant exténuée, n'ayant pas assez de force pour pouvoir monter à l'étage et dormir dans ma chambre. Je ferme les yeux, mes paupières devenant légèrement lourdes.

- Elle t'a dit quelque chose d'intéressant ?

- Plus ou moins. D'après elle, Inako ne peut pas mourir elle aussi. Mais Taka s'est mis dans tous ses états. Il semblait énervé et il est parti par la suite.

- Huh ? Pourquoi une telle réaction ?

- Je me le demande aussi. Peut-être qu'il veut des preuves, comme il l'a dit, car c'est vrai qu'on ne peut pas savoir si c'est vrai ou non ce que Séléna nous a raconté.

- C'est surprenant que tu prennes le parti de Taka au lieu de ta soeur. Tu ne la crois pas ?

- Je ne sais pas. Je ne sais même plus quoi penser d'elle depuis cette scène avec notre mère.

- Mais tu devrais assez la connaître pour savoir qu'elle ne mentirait pas sur ce genre de chose ?

- Elle aurait pu dire ça pour se trouver une excuse. Le fait qu'elle lui dise que j'étais increvable.

- Tu réfléchis un peu trop.

- Je sais.

- Tu devrais faire un peu plus confiance à Séléna, enfin c'est un conseil que je te donne.

- Mais comment veux-tu que je lui fasse confiance désormais ? J'ai juste l'impression de revivre la même chose qu'il y a plus de dix ans.

Omesant soupire légèrement. J'ouvre légèrement les yeux et voit qu'elle a toujours le sourire aux lèvres.

- J'imagine que je ne peux pas te persuader. Mais je pense que tu devrais prendre du recul, et d'éviter de mêler tes sentiments personnelles à cette affaire.

Je ne dis rien. Peut-être qu'elle a raison.

- Je verrai. Pour le moment, Séléna n'est pas ma priorité, j'ai d'autres affaires à résoudre.

- Heh.

- Au fait, tu sors souvent ces derniers temps, tu fais quoi dehors ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de poser la question, étant trop curieuse à son sujet.

- J'aurais voulu te le dire plus tard, quand ça sera confirmé, mais j'ai peut-être trouvé un travail.

- Ah ? Dans quel domaine ?

- Je te le dirais un peu plus tard. Je dois encore faire quelques papiers pour confirmer.

- Je vois.

Sur ces mots, nous ne parlons plus, laissant le bruit de la télévision résonner dans la pièce. Omesant ne bouge pas de sa position, alors que je me sens m'endormir, sur ses cuisses. Elle est plutôt confortable. J'entends encore un peu la TV jusqu'à finir par ne plus rien entendre, tout en étant dans l'obscurité.

Je sens cependant une main me caresser légèrement les cheveux. C'est agréable. Le geste continue. Mais, je finis par ne plus rien sentir aussi. Je soupire intérieurement. Mes prochaines journées vont être vraiment remplies.