La journée se passe assez lentement. Je suis restée assise sur mon lit, observant le paysage qui se trouve de l'autre côté des fenêtres pendant plusieurs heures, sans pour autant m'ennuyer. La pluie s'est manifestée toute la journée avec comme compagnie des nuages couleur cendre. Ces milliers de gouttes d'eau sont parfaites pour représenter cette semi-saison, l'automne, et voir les feuilles des arbres mourir chaque jour, tombant ensuite, rendant l'arbre nu.
A part regarder dehors, il n'y a pas grand choses à faire dans ma chambre.
Le jour s'achève enfin, la nuit se réveillant rapidement, faisant allumer les lampadaires extérieurs, ainsi que les lumières de l'Institut qui s'allument automatiquement quand il fait trop sombre. La nuit semble dangereuse, mais pour moi, j'ai juste l'impression qu'elle m'appelle, me criant de m'enfuir d'ici et de la rejoindre pour m'amuser à errer les rues.
Je me lève assez facilement de mon lit encore défait de mon réveil de ce matin. Je commence à me diriger vers la porte de ma chambre quand je m'arrête devant le miroir, m'observant. Rien n'a changé depuis ce matin, comme tous les autres jours. Soudain, je me souviens de quelque chose dont je n'avais pas tant fait attention à ce moment-là. D'un geste habituel de la main, j'essaye de faire apparaître mon âme. Raté. J'essaye une deuxième fois. Encore raté. Je respire profondément, évitant de tout casser et réessaye doucement. Elle apparaît enfin. Mon début de colère s'atténue. Je rapproche mon âme pour revoir cette petite fissure que j'ai remarqué plus tôt dans la journée. Je n'arrive toujours pas à comprendre d'où elle provient. Pourtant mes journées ne sont pas riches en émotions, ou autres. Cette couleur noire me pose problème, une âme ne peut contenir qu'une seule couleur, d'où vient-elle ?
Je tourne ma tête vers mon horloge se trouvant sur ma table de chevet, remarquant que c'était bientôt l'heure des médicament et que je devais me dépêcher, si je ne voulais pas finir comme hier. Le moindre retard pouvait être punit par les surveillants, tout dépendait de leur humeur aussi.
Tout à coup, quelque chose s'illumine en moi, peut-être que c'était à cause d'hier cette étrange fissure qui loge actuellement mon coeur rouge. Hier, ma fin de journée s'était finie avec beaucoup de tensions dans l'air.
Je devais juste prendre mes médicaments, comme tous les soirs. J'étais arrivée avec un peu en retard, juste quelques petites minutes, rien de plus. Mais le surveillant qui était chargé de nous les faire gober était assez tendu, sûrement dû à une journée de merde qu'il a vécu, une fois de plus. J'arrivais donc en trottinant, sans pour autant utiliser mon énergie. J'arrivais donc, mais la seconde qui suivit mon entrée, je fus percutée contre le sol violemment. Une colère immense me submergea mais je me contrôlais comme je le pouvais, ne devant pas créer de soupçons à mon égard. Je me levai donc difficilement après cette chute et remarquai donc cet homme, me scrutant d'un air menaçant, il n'était pas du tout de bonne humeur. Il s'approcha donc de moi, m'attrapant une poignée de cheveux me faisant tomber à genoux. Un gémissement assez léger sortit de ma bouche, j'essayais de me contenir comme je le pouvais, mais me traiter de la sorte, comme un vulgaire objet m'insupportais de tout haut point juste pour un minuscule retard. L'homme me balança la tête en arrière, me faisant le regarder. Je ne lâchais point son regard, ne voulant pas qu'il croit que j'étais quelqu'un de faible.
Il le remarqua et me gifla de son autre main, faisant basculer mon visage sur le côté. Au moment où je pivotai ma tête de sorte à le regarder de nouveau, je reçu quelque chose de dur contre ma joue, me faisant tourner la tête. Je sentis un liquide au goût métallique envahir ma bouche. Il m'avait frappé au visage. Il s'était mis à me crier dessus, mais je n'entendais rien de ce qu'il disait, je me préoccupais juste à ne pas péter les plombs et de faire un massacre. Je voulais tellement me lever, et de lui planter des milliers de couteaux dans son corps. Prendre son âme et la déchiqueter devant les yeux de tous ces malades mentaux. Lui montrer qu'il s'était pris à la mauvaise personne et que je comptais bien lui faire regretter ce qu'il m'avait fait subir.
Mais je ne fis rien. Je ne devais pas le faire, et surtout, je ne pouvais pas. Les médicaments ne représentaient rien de bien spécial pour les humains, cela les aide juste, apparemment en tout cas. Mais pour les personnes comme moi, cela nous privaient de nos pouvoirs, nous rendant donc vulnérables. C'est donc pour cela que je les prends, me rendant humaine.
Il finit de s'énerver sur moi, je me relevai enfin. Je le regardais partir, ne me lançant plus un seul regard. Quant à moi, mes envies de meurtre étaient encore présentes. Même juste lui couper la tête m'irait. Je gardai en note dans ma tête de le tuer plus tard.
Les gens autour de moi ne me regardaient pas, ils ne se sont même pas rendus compte de ce qu'il venait de se passer, trop shootés par les médicaments pour réagir eux-mêmes. Ils étaient tous déconnectés du monde, leur cerveau étant en veille. Les médicaments fonctionnent différemment pour nous. Ils nous privent juste de nos pouvoirs, le reste est inefficace.
Oui, il y a de grandes chances que ce soit l'origine de cette fissure, je ne vois pas d'autres explications. Mais une autre question se pose dans mon esprit. Est-ce que d'autres fissures vont-elles apparaître si ce genre de situation recommence ? Dois-je me laisser m'énerver pour éviter que d'autres fissures surviennent ? Et surtout, si d'autres apparaissent, mon âme va-t-elle se briser à force ? Malheureusement, je ne peux répondre à ces questions, et personne autour de moi non plus.
Je soupire un bon coup, cela ne sert à rien de surmener mon cerveau à des choses qui ne mènent nulle part. Je fais disparaître mon âme d'un geste de la main. Bizarrement, j'arrive toujours à la faire disparaître du premier coup, mais quand il s'agit de la faire apparaître, je peux rencontrer quelques difficultés.
Je sors de ma chambre, ne perdant plus de temps, ne voulant pas finir comme hier soir. Cela était déjà très énervant, je ne veux pas revivre ça. Les couloirs étaient vides, comme d'habitude. Les lumières sont allumées, mais quelques ampoules sont cassées. Le personnel de cet établissement ne prend même pas la peine de les changer, voulant sûrement faire des économies pour en profiter personnellement.
Je continue donc d'errer dans les couloirs qui m'ont l'air maussades, jusqu'à arriver dans le salle à manger. Je ne suis pas en retard. Je passe et prends le repas du soir ainsi que mes médicaments entreposés dans un sac plastique avec mon faux nom et prénom qui sont inscrits dessus, posé sur la table attendant juste que je les prenne et que je les avale. Ce que je fais donc tout en mangeant rapidement mon repas pour vite retourner dans ma chambre. La présence des personnes ici est toujours dérangeante.
Après mon repas, je vide le restant de ma nourriture et retourne dans ma chambre d'un pas rapide. Le trajet ne dure que quelques secondes. J'arrive dans ma chambre et ferme la porte derrière moi. Comme à mon habitude, je m'installe sur mon lit. La nuit a déjà commencée depuis un moment déjà. Je ne peux malheureusement pas voir grand chose de dehors. J'abandonne donc l'idée d'observer l'extérieur de l'Institut, ne pouvant rien voir, et me couche sur mon lit, dos contre le matelas, observant le plafond jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.
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[REECRITURE] Ame de Sang
FantasiaVotre âme définit votre place dans ce monde. Les âmes grises, aussi appelées les Humains Purs, règnent sur la surface. Les âmes de couleur, également appelées les Humains Impurs, sont des objets scientifiques. Mais Lyra refuse ce destin, découvrant...