Chapitre 20

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La douleur est intense. Elle me transperce, me brûlant de l'intérieur. J'essaye de me relever, tant bien que mal. Mes mains compressent douloureusement ma blessure. Fait chier. Je m'avance vers ma mère, couchée, sans moindre signe de vie, elle n'en a pas l'air en tout cas. La clé se trouve à quelques millimètres de sa main, je l'attrape, me pliant en deux pour la récupérer. Je grimace de douleur. Vivement que j'en finisse pour me soigner après. Je me mets dos à elle, en direction de la porte des archives. J'insère la clé et la tourne dans le mécanisme, la porte se déverrouille. Heureusement que ce n'était pas la mauvaise clé. Je soupire de soulagement. J'entre dedans.

La pièce est encore plus sombre que dans les couloirs de l'institut. Je regarde la lampe à mes pieds, je l'ai fait tomber quand Inako m'a blessée. Je la récupère puis rentre dans la pièce. La poussière est encore plus importante ici, c'est impressionnant, comme si la salle a été abandonnée depuis des années. Je marche doucement, faisant attention de ne pas marcher sur quelque chose. Je me retourne, vérifiant si personne ne me suit, où si Inako est toujours au sol. Des dizaines de tiroirs ornent la pièces, gris et poussiéreux. Je m'avance vers eux, ils sont rangés par ordre alphabétique. Ca va être simple, heureusement. Je me dirige vers le tiroir où il y a la première lettre de mon nom dessus, le N. Je trouve le meuble gris, "M-N". J'ouvre le premier tiroir pour trouver mon dossier. Cependant je ne le trouve pas. Ou se trouve-t-il ? Pourtant, je suis sûre d'avoir utilisé le nom que j'avais sur ma fausse identité. Par curiosité, je regarde dans le tiroir avec les dossiers qui sont dans le tiroir "G-H". Le premier dossier que je vois est le mien, avec mon vrai nom de famille.

Je prends le dossier à la hâte. Je pivote, puis j'avance vers la table se trouvant au milieu de la salle d'archives. Avant de le brûler, je vérifie les informations qu'ils ont eu sur moi.

Mon nom et prénom, mon âge avant que je me fasse transférée ici, ma description. La "maladie" que j'avais. Mes parents, le champ est vide dans cette catégorie.

Mes yeux s'ouvrent en grands. Quoi ? Alors que je tourne la page, je vois mon âme inscrit dessus. Elle est rouge. Couleur : Rouge. Dureté de l'âme : Inconnue. Qu'est-ce que c'est que ça ? Ils savaient depuis le début la couleur de mon âme. Soudain, tout semble s'assembler dans ma tête. Ils m'ont gardée jusqu'à ce que je commence à arrêter les médicaments. Ils ont sûrement appelé les scientifiques dès le début pour moi. Moi qui pensais que je m'étais cachée depuis tout ce temps ! Ils me gardaient, j'étais dans leur piège depuis le début. Un son en sort de ma bouche. Je suis tellement naïve ! Je ressens soudainement une haine immense, m'insultant moi-même d'idiote. Puis, je me fige. Alors ça ne sert à rien de le brûler, les autorités, les scientifiques, ils savent tous qui je suis réellement. Une soudaine panique me prend. C'est pas vrai !

Néanmoins, je reste septique sur une phrase. Dureté de l'âme : inconnue. Qu'est-ce que cela signifie ? Séléna le sait peut-être. Je soupire, ma voix tremble légèrement, mes doigts commencent à être pris de spasmes. Je vais devoir la retrouver à nouveau, peut-être qu'elle sait quelque chose sur ça. Je ferme les yeux, et pendant quelques secondes, je respire et expire. Calme-toi. Je rouvre de nouveau mes yeux, puis j'enlève mon sac de mes épaules. Je pose la lampe sur la table. J'ouvre le sac et récupère le briquet. Autant brûler mes traces, peut-être qu'ils n'ont aucunes informations sur moi. J'allume le briquet, je prends le dossier et dirige la flamme vers celui-ci. Les feuilles s'enflamment. J'attends que le feu soit proche de mes doigts avant de le mettre par terre. Puis, j'éteins la flamme, ne voulant pas tellement brûler le bâtiment pour le moment.

Alors que je me redresse, je remarque des cendres plus loin. Je m'approche de ceux-ci, je les touche, c'est tout sec, ça doit dater de longtemps. Un éclair passe à travers mes yeux. D'autres personnes aurait été dans la même situation que moi ? La curiosité s'insinue en moi. Il faudrait que je fasse quelques recherches à l'occasion.

J'ouvre mollement la porte d'entrée de chez moi. Une main compressant encore ma blessure. Elle a arrêtée par chance, mais je dois la désinfecter par précaution. Je monte à l'étage, puis pars dans la salle de bain, une trousse de secours traîne dans un des placards. Je prends le sac et me place sur le bord de la baignoire, ouvrant son contenu. Je lève mon pull qui est imbibé de sang. Je fronce légèrement les sourcils, je venais à peine de l'avoir ce fichu pull. Je vois l'entaille sur ma peau. C'est pas beau à voir, mais c'est pas trop grave, ça devrait être guéris d'ici quekques semaines je pense.

Je prends une compression et l'imbibe d'alcool, puis l'appuie fortement sur la blessure. Je crie de douleur, c'est insupportable, la douleur est pire. Je me plis en deux, ma vision devenant flou. Puis, après que les secondes passent, la douleur s'atténue. J'enlève la compresse, complètement recouvert de sang. Je la jette à côté de moi, puis récupère un bandage dans le sac. Je me l'applique soigneusement, ne voulant pas me faire plus mal. La douleur est encore présente, mais elle est moins douloureuse. Je range le sac puis sors de la salle de bain. Je vais dans la chambre, enlève mes habits et dors sous les couettes. Trop fatiguée pour rester éveillée plus longtemps.

Malgré la fatigue, le sommeil ne veut pas de moi pour le moment. Néanmoins, je reste couchée dans le lit, sous cette chaleur étouffante. Ne trouvant rien d'autre à faire, j'essaye de faire apparaître mon âme. Je pose la paume de ma main froide sur ma poitrine, puis la dégage aussi vite que je le peux, tout en pensant que mon âme va apparaître. Et c'est ce qu'il se passe. Elle se forme devant mes yeux, sa couleur rouge flamboyante et lumineuse, aveuglant mes yeux. La petite fissure noir l'accompagnant par la suite, cette dernière semble un peu plus grande depuis la dernière fois. Je l'amène vers moi, l'observant de très près. Puis, je la touche légèrement, elle est toute dure, comme de la pierre. Qu'est-ce que la dureté de l'âme ? Toutes les âmes ne sont pas durs ?

Je l'observe encore un peu, mais le sommeil semble vouloir m'emmener, enfin. Mes paupières deviennent lourdes, je les laisse tomber, mon âme étant la dernière chose que je vois avant de sombrer dans le sommeil.

J'espère pouvoir trouver les réponses que je cherche à travers Séléna.

[REECRITURE] Ame de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant