Chapitre 97

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Mon âme me fait mal, elle en devient tellement douloureuse qu'il en devient difficile de respirer correctement.

Taka, l'homme qui connait Séléna depuis des années, et qui l'a élevée, et qui nous a pris sous son aile ne serait qu'un imposteur, et un tueur en plus de ça ? Il profite de notre vulnérabilité pour nous poignarder dans le dos ?

Je n'arrive tout simplement pas à me rendre compte de ce que j'ai lu. Taka serait non seulement le tueur de mon père que je n'ai jamais pu connaître, mais il tuerait les âmes de couleur ? Alors pour Sidonia...

Les traces rouges sur ses mains, l'autre jour quand je suis montée dans son bureau, serait le sang de Sidonia ? Le fait qu'Ora ne se souvenait pas de l'âme de rose et qu'il n'aurait pas menti sur une telle chose parait compréhensible. Tout commence à faire sens. Ce serait donc lui.

Pour ce qui concerne Humanity, il serait donc de mèche avec eux ? Cela explique qu'il ait réussi à les éloigner tout d'un coup, du jour au lendemain. Puis, le fait qu'il ne semblait pas très émotif quand il a été mis au courant sur la mort des autres filles.

Il s'est joué de nous, de Séléna et de moi.

Depuis le début, son seul but est de nous tuer, toutes. Ora et Taka se connaissaient certainement et travaillaient sûrement ensemble.

Tout prend sens dans mon esprit, tout en sentant la colère, et la Haine monter en moi. Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Avoir été trahie de la sorte, alors que depuis le début...

Mon âme continue de me faire mal. La sensation est horrible, mais je tente de ne pas en tenir compte.

Soudain, mon téléphone se met à sonner. Je prends le cellulaire, et aperçois le prénom de ma soeur sur l'écran. Je décroche immédiatement.

Mon corps se tend à la seconde où j'entends sa voix. Des sanglots, une respiration saccadée, jusqu'à entendre, d'une voix tremble, à peine inaudible :

- Lyra...

- Ou es-tu ?

Je tente de cacher la panique dans ma voix. Ma main qui tient mon téléphone tremble de rage. Je regarde partout autour de moi.

C'est Taka qui est derrière tout ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi tout s'enchaine aussi vite ?

Je n'arrive pas à réfléchir correctement, ne pensant qu'à Séléna.

L'appel a été coupé entre temps, m'empêchant de savoir où elle se trouve. Peut-être qu'elle est au QG ? Je ne connais pas d'autres endroits où elle pourrait être. Je me redresse aussitôt puis m'en vais de mon ancienne maison en vitesse. Je cours dans les rues, ma vision devenant flou. Mon coeur bat de plus en plus vite, cognant dans ma poitrine. Ma respiration est irrégulière, ne cherchant pas à me calmer, ne pensant qu'à une seule chose, ma soeur.

M'a-t-on suivie ? Je ne sais pas, et ne cherche pas à savoir si c'est bien le cas, me focalisant sur la route pour arriver au plus vite au QG. Mais comment y arriver rapidement ? Je suis dans une autre ville, à des heures d'ici !

- Je peux te donner un peu plus d'endurance si tu veux.

La voix d'Eda résonne dans mon esprit.

- Comment ça se fait que tu te pointes maintenant ?

- Ta Haine est tellement grande à l'heure actuelle que je ne peux pas rester endormi comme je le fais en grande majorité du temps. Elle a besoin de s'extérioriser.

C'est ça qui fait que mon âme est douloureuse ?

- Aide-moi, ma soeur est en danger.

- Bien sûr. Pour ça, il faut juste que tu laisses la Haine s'introduire au plus profond de ton âme, la laissant couler dans tes veines, la laisser prendre le contrôle.

- Non, je ne peux pas faire ça.

- Si tu refuses, tu arriveras trop tard, Lyra.

Je ne réponds rien. J'ai le choix entre sauver ma soeur ou non. Evidemment, je dirais que je voudrais la sauver si mon âme ne serait pas mis en jeu. Si je ne suis plus apte à prendre le contrôle de mon corps je ne saurais même pas si ce que je ferais sera pour sa sécurité.

Je cours en silence, réfléchissant à toute vitesse. Je n'ai pas vraiment le choix, ma soeur est ma priorité, on verra si je peux reprendre le contrôle le moment venu.

Je me concentre sur les fissures noires de mon âme, que je visualise dans ma tête. Imaginant les gouttes noires qui y coulent s'insérer dans tous les filaments de mon corps, de mes organes, de mes veines. L'imaginant prendre le contrôle de mon corps entier, jusqu'à mon esprit.

Plus j'y pense, plus je sens ce dernier devenir sombre, brumeux, comme si je partais petit à petit dans le coma.

Mes pas vont plus vite, beaucoup plus vite. Je dépasse assez rapidement les arbres qui entourent la ville que je viens de quitter. Actuellement je ne sens plus rien. Plus la douleur de mon âme, plus mon inquiétude pour ma soeur, et plus mes culpabilités sur tout.

Non.

Je ne suis que spectatrice de ce que je vis actuellement, sans pour autant ressentir la moindre chose, à part la haine.

Cette Haine qui me consume chaque seconde qui passe.

Contre toute attente, j'atteins la ville où se trouve le QG, ma maison, et tout le reste. Je parcours à une vitesse folle les rues, dépassant en un clin d'oeil le peu de passants qu'il y a.

Ma destination est le QG. Actuellement, je suis à quelques minutes de ce dernier. Il me faut encore traverser quelques ruelles avant d'arriver à destination.

Et c'est ce qui se passe. J'aperçois la place où se trouve l'endroit précis où je veux aller. Mais en arrivant, c'est le désert, comme c'est le cas de plus en plus souvent ici. Pourtant, l'air semble tendu, électrique.

Le ciel est sombre, des nuages toujours aussi menaçants s'y trouvent, n'attendant qu'une chose, exploser de manière inattendus comme ils le font chaque fois.

Je m'arrête de courir d'un trait. J'observe vivement les alentours, afin d'être sûre de ne voir personne. Soudain, j'entends un bruit derrière moi et me tourne vivement.

Ce sont des gardes de Taka, ils sont une dizaine à arriver, avant que d'autres ne les rejoignent peu après, formant presque une armée.

Ils m'encerclent, puis je remarque l'armure de Humanity dans le lot, confirmant mes suppositions. L'enflure.

Parmi la foule, des pas résonnent dans ce silence, ces derniers s'approchant de moi. Je ne bouge pas d'un pouce, le regard rivé vers l'origine des pas. Il s'approche, accompagné, le sourire menaçant sur ses lèvres, me regardant avec un dégout que je n'aurais jamais soupçonné avant aujourd'hui. Il s'arrête à quelques mètres de moi, avant de dire à voix haute :

- Bien joué Lyra. Vraiment bien joué. Je ne pensais vraiment pas que tu le découvrirais aussi vite.

[REECRITURE] Ame de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant