[REECRITURE] Ame de Sang

Chapitre 69

Je sens que chaque membre de mon corps est engourdi. Ce dernier est d'ailleurs contre une surface moelleuse, qui n'est autre que le canapé où Omesant m'a déposée avant que je ne finisse pas perdre connaissance dû à la douleur que j'ai supporté. D'ailleurs, cette dernière n'est pas réapparue depuis mon réveil d'il y a quelques instants. J'ouvre lentement mes yeux pour apercevoir le salon.

Je tourne mon regard et aperçois Omesant, cette dernière ayant les yeux fermés, semblant endormie. Je me relève doucement, mon corps n'étant pas encore très réveillé. Je m'approche d'elle, jusqu'à m'arrêter à quelques centimètres, l'observant. Cette dernière s'est endormie en position assise. Je m'approche lentement de sa tête, puis automatiquement je pose ma main sur ses cheveux. Un léger spasme la prend puis elle relève aussitôt la tête, me regardant droit dans les yeux. Elle me sourit légèrement, se voyant à peine.

- Enfin réveillée. Dit-elle d'un air rassuré.

- J'ai dormi longtemps ?

Je pose la question tout en me redressant, et en me levant par la même occasion. Je ne la regarde pas et me dirige vers la cuisine, ayant légèrement faim.

- Juste une journée entière. Je t'avoue que tu m'as un peu inquiétée sur ce coup-là. 

Je m'arrête net. La scène de la veille me revient petit à petit. L'évènement avec Sidonia tourne dans ma tête. Comment va-t-elle ? Est-elle toujours en vie ? Et son âme ? 

- Lyra ?

Je me retourne vivement vers Omesant, d'une manière un peu brusque.

- Tout va bien ? Me demande-t-elle.

Devrais-je lui en parler ? A près tout, je suis moi-même concernée et mon âme semble être affectée par le liquide que j'ai reçu.

- Eh bien, je ne sais pas.

Elle me regarde, m'incitant à continuer.

- Hier, j'étais partie récupérer l'écharpe que Séléna m'avait offerte. Mais en arrivant, j'ai entendu les voix de Nirowa et Sidonia. Je suis allée voir où elles étaient, et Sidonia se trouvait avec des fioles remplies de substances bizarres. Elle m'en a jetée une avant de s'en injecter une à son tour. Je t'avoue que j'ai pas mal souffert, mais j'étais encore consciente contrairement à Sidonia qui a perdu connaissance peu de temps après. 

- C'est pour ça que t'as fini par perdre connaissance en arrivant vers la maison ? 

- Ouais. 

- Et tu as eu des douleurs à quel niveau ?

- Au niveau de l'âme.

- Tu peux me la montrer ? Histoire que je l'inspecte.

Je m'exécute aussitôt, n'ayant même pas regardé mon âme depuis l'incident d'hier, mise à part dans mon rêve. Je fais la manipulation et fais appraître mon organe vitale de façon dupliqué mais non matériel. Nous regardons l'âme dans le silence, ne sachant si nous devions nous inquiétez ou non.

- Tu ressens de la douleur actuellement ?

- Pour le moment non, ça semble s'être calmée.

Mon âme est en grande partie mangée par cette couleur noire. Des dizaines de fissures la décorent, comme si elle allait se briser d'un instant à l'autre.

- Je vais essayer de trouver quelque chose qui pourrait ralentir cette chose noire.

- D'accord.

- Tu as vu si Sidonia avait aussi cette substance sur son âme ?

- A vrai dire, elle n'a pas eu cette substance. 

- Eh bien c'est parfait...

- Mais elle a une âme de couleur maintenant.

Omesant me regarde droit dans les yeux, légèrement surprise par mes paroles.

- Mais... Elle est humaine ?

- De base oui, mais elle a réussi à concoter un liquide qui lui a permis d'obtenir une âme de couleur.

- Sans mourir ?

- Ca, ça reste à voir, il faut que j'aille justement vérifier.

- Si elle est bien vivante, sa formule pourrait être une révolution pour le monde.

- C'est vrai, mais il faut d'abord voir ce qu'il en est.

- Oui. Tu te sens d'y aller ? tu ne veux pas te reposer d'avantage ?

- Je me sens bien.

- Ok.

Je m'apprête enfin à partir dans la cuisine pour grignoter, puis je m'arrête de nouveau, repensant à quelque chose.

- Omesant ?

- Oui ?

- Ca t'est déjà arrivé de parler avec quelque chose dont tu n'as jamais vu avant ?

Un léger silence prend place dans le salon, ne sachant si elle réfléchit ou si elle me scrute étant donné que je suis dos à elle.

- Pourquoi cette question ?

- Pour savoir, pour savoir.

Je pars dans la cuisine, mangeant enfin. Après cela, je pars à l'étage afin de me laver et de me préparer pour aller voir Nirowa.

Je sors de la maison. J'observe rapidement le ciel, observant un ciel peu dégagé, démontrant une future averse. Je me lance sur le chemin, et pars en direction de chez la brune aux yeux verts. Je sers automatiquement mon écharpe, pensant à Séléna. Je soupire. Puis, je me mets à me concentrer sur ma route afin de ne pas penser à autre chose.

J'arrive au seuil de sa maison. Je toque, puis attends une réponse. 

Soudain, j'entends la poignée s'abaisser, puis la porte s'ouvre, me présentant un visage familier.

- Lyra ? Que fais-tu ici ?

- Je passe juste pour savoir si Sidonia est toujours en vie ?

- Oh, c'est gentil de t'inquiéter pour elle ! Eh bien figure qu'elle s'est réveillée il n'y pas si longtemps, rentre donc !

Elle m'invite à rentrer, acceptant sans rechigner. Je me dirige à ce qui semble être le salon, et où se trouve Sidonia par la même occasion. Elle m'aperçoit et me lance un grand sourire.

- Lyra ! Tu vas bien ! Regarde ! Je vais bien, ça a marché !

Je me poste devant elle, et sans une, ni deux, je cogne mon poing contre sa joue, Nirowa lançant une exclamation de son côté, criant mon nom. Je prends la rousse par le cou, lui criant par la suite :

- Et t'es heureuse de ça ? Maintenant toi aussi tu vas devoir te cacher du monde et te méfier de tout le monde ! Tu viens de gâcher ta vie ! 

Elle me regarde, la colère semblant prendre place petit à petit dans son regard. Puis, elle se dégage furieusement de ma poigne.

- Pourquoi tu penses ça ?! Pourquoi tu n'arrives pas à voir ça sous le bon coté des choses ? Je veux vous aider ! Quand vous avez éliminé ces choses noires, je n'ai même pas pu vous aider !

- Ouais, et regarde maintenant, on nous recherche ! Tout ça parce qu'ils ont peur de nous !

- Lyra... Même s'ils en ont peur, tu ne penses pas toi que c'est un vrai don ce que tu as obtenu?

- Non. 

Voyant qu'elle semble bien se porter, je me dirige vers la porte d'entrée, prête à partir. Mais avant de franchir le pas, j'ajoute une dernière fois :

- Jamais je ne considèrerais ça comme un don, c'est une vraie malédiction. Et jamais je ne serais fière de ce cadeau empoisonnée que l'on m'a refilé.

Sur mes paroles, je m'en vais, laissant les deux filles, et me retrouvant dans la rue, repensant aux paroles de Sidonia.