Chapitre 39

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Je ne savais pas que faire une playlist était aussi long. Je soupire, épuisée de faire ça.

Entre temps, j'ai envoyé un message à Séléna pour lui prévenir de m'attendre devant chez moi pour aller en cours. Elle semblait d'ailleurs très contente de savoir que j'irai en cours demain. Je ne comprendrai jamais pourquoi elle se met de si bonne humeur pour si peu de choses. Enfin bon.

Je finis donc de trier les musiques que je compte écouter demain, ainsi que les autres jours. Je jette un oeil à l'horloge, cette dernière montrant qu'il se fait tard, très tard. Bon sang. Je pose mon téléphone sur ma table de chevet, avant de m'engouffrer dans les couettes, laissant volontiers la chaleur m'emprisonner. La fatigue étant déjà présente, je m'emporte très rapidement dans le pays des rêves.

Surface dur, crépitement des feuilles. Toujours cette satanée forêt en feu. J'ouvre les yeux. Encore cette forêt, cependant, un énorme détail à changer. Le feu a beaucoup diminué, voir même éteint. Je me redresse. Une légère brise traverse cet endroit, totalement désert. Quelques légers brasiers surgissent encore entre les feuillages, mais ils sont très faibles et très peu nombreux. J'observe les alentours, puis au-dessus de moi. J'ouvre grand les yeux. Il fait jour ? Il semblerait que le soleil se soit levé. Le ciel est gris, voir noir, sûrement dû à la fumée de cette teinte sombre qui ressort de cette forêt depuis maintenant un bon moment. Je ne sais pas combien de temps cette incendie a durée, peut-être une nuit, ou bien plusieurs jours.

Je décide de m'aventurer. Je n'arrive toujours pas à retrouver mes repères dans cette verdure brûlée, comme si elle changeait chaque nuit. Je m'avance donc au hasard, comme à mon habitude désormais. Toujours aucun bruit. Puis je me souviens d'avoir croisé le cadavre d'un homme la nuit dernière. Mais, je n'arrive pas à me souvenir de son visage, tout est brumeux dans mon esprit quand j'essaye de m'en rappeler. Puis, l'image d'un cadavre que j'avais aussi vu une autre nuit, un homme également. Était-ce le même ? Je ne peux faire le lien entre ces deux-là, ne me souvenant pas à quoi ils ressemblaient. Et si je trouvais un de ces cadavres ? Ou voir un autre encore ?

Je traverse les buissons, comme je le fais chaque fois que j'atterris ici. Alors que je marche un pas de plus, un violent bruit de tonnerre surgit du ciel, me figeant su place, me surprenant sur le coup.

- J'ai vraiment eu peur pour ça ? Dis-je ironiquement.

Je continue ma marche, ne me sentant pas trop fatiguée. Puis, l'image du squelette me revient en mémoire. Il faut que je reste sur mes gardes, il est vraiment imprévisible, et semble être obligatoirement présent dans chaque rêve que je fais dans cet endroit. Je m'arrête de nouveau, pensive tout à coup.

- Comment se fait-il que je me souvienne du visage de ce squelette, mais pas de ces hommes ?

Evidemment, cela reste une question sans réponse. Je secoue ma tête. Je ne devrais pas poser de questions, c'est pas comme si quelqu'un pouvait me répondre ici.

Le tonnerre gronde plus souvent, par rapport à tout à l'heure, quelques éclairs se frayant même un passage à travers ces nuages sombres. A part ces bruits naturels, je ne croise toujours aucune présence. Morte ou vivante. Cela devient un peu ennuyeux, surtout que les alentours semblent pareils. Je crois que je suis perdue.

- Génial.

Je soupire. Plus ces rêves continuent, plus je me dis qu'ils n'ont vraiment aucun sens. Pourquoi je fais ce genre de rêve d'ailleurs ? Toujours aucune réponse. C'est pesant un peu. Je marche toujours, levant régulièrement la tête vers le ciel, le trouvant soudainement plus attrayant que le reste de la forêt brûlée.

Tout à coup, je m'arrête. Regardant désormais autour de moi. Mes mains en arrière, prête à me défendre. Un gémissement étant parvenu à mes oreilles. D'où vient-il ? Puis, je l'entends à nouveau. Il provient de devant, à gauche. Je m'avance furtivement, créant par la même occasion un couteau dans ma main droite. Je me rapproche du son, mon coeur battant à la chamade. Enfin quelque chose d'intéressant se passe on dirait. C'est alors qu'en passant une barrière de verdure, un spectacle inattendu se déroule devant mes yeux.

Des cadavres. Une centaine jonchent le sol. Peut-être même plus. Cela s'étend à plusieurs mètres au loin. Une marrée énorme de sang baignent les corps, sans vie. Ce sont des corps de monstres. Le gémissement retentit de nouveau. Il se trouve à mes pieds. Je baisse mes yeux vers la créature en souffrance. Cette dernière me regarde, les yeux mi-clos, prête à rendre l'âme. Du sang coule le long de sa bouche, cette dernière à moitié ouverte, laissant le gémissements de douleur retentir. Je remarque par la suite un trou béant au niveau de la cage thoracique. Elle essaye de respirer depuis tout à l'heure.

- Arrête de respirer. Dis-je. Tu vas mourir dans tous les cas, autant ne plus t'affliger cette douleur plus longtemps.

Elle me regarde toujours. Elle semble m'écouter. Elle referme lentement sa bouche, un dernier gémissement ressortant, et ferme par la suite les yeux. J'observe son corps se soulever difficilement suite à chaque prise de respiration. Jusqu'à ce que je vois que son corps ne bouge plus, annonçant la mort de cet être. Je le regarde quelques secondes avant de retourner à nouveau mes yeux vers ce massacre. Mais que signifie cette scène ?

Je me retourne, prête à faire demi-tour, et, pourquoi pas retrouver mon chemin par la même occasion. Mais à peine je fais un pas que j'entends un cri strident envahir la forêt, me laissant figée sur place. C'était la voix d'une femme ? Etrangement, mes membres se mettent à trembler. Pourquoi ai-je l'impression de reconnaître cette voix ? Puis, ma raison ne suit plus mon corps. Mon corps part en direction de l'origine de la voix. Je panique, ne comprenant rien.

Je cours, je suis essoufflée, je n'arrive pas à arrêter mon corps, je ne le contrôle plus. Je ne peux qu'observer ce qu'il se passe. C'est alors que je commence à entendre des pleurs qui proviennent non loin devant moi. Mon corps ralentit la cadence. Je peux reprendre mon souffle. Le tonnerre gronde de nouveau, accompagné d'un éclair flamboyant. Je trottine doucement, traversant quelques feuilles qui crépitent encore, dû au récent feu.

Je distincts maintenant très clairement les pleurs, ces derniers provenant à quelques mètres de moi. Je marche un pas, et, tout à coup, un bras couvre mes yeux, m'empêchant de voir et d'avancer d'avantage.

- Tu n'as pas besoin de voir cette scène.

C'est la voix du squelette. Mais... Pourquoi m'arrête-t-il ?

- Pourquoi vous vous en souciez ? Vous me tuez à chaque fois.

Il ne me répond pas. J'essaye donc de me débattre. C'est alors que j'arrête tous mes gestes, sentant un os me transpercer le coeur. Encore ?! Cependant, je ne me sens pas énervée par le fait qu'il me tue. A la place, je ne comprends juste pas la situation qui se passe actuellement. Pourquoi agit-il ainsi ?

- Tu le sauras en temps voulu.

Il me lâche, me rendant la vue par la même occasion. Je m'écroule par terre, toute mes forces m'ayant quittées à la seconde où son os s'est planté dans mon corps. Je tombe au sol, sans pouvoir observer la personne qui est à l'origine des pleurs. Et merde. Un voile noir se pose devant mes yeux.

J'ouvre lentement les yeux. Je me redresse et jette un oeil à l'horloge. Mon alarme sonne.

- Pile à l'heure. Dis-je.

Ce rêve était vraiment incompréhensible.

[REECRITURE] Ame de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant