[REECRITURE] Ame de Sang

Chapitre 53

Je m'approche du seuil de la porte d'entrée. Je sors mes clés avant de les utiliser pour ouvrir la porte. Je rentre et je suis accueillie par la lumière du salon où Omesant s'y trouve, à moitié endormie. En entendant le bruit de la porte d'entrée, elle regarde vers ma direction et semble sortir de sa torpeur. Je la regarde, sans faire le moindre de geste, ayant encore l'évènement de l'après-midi dans la gorge. Je lui jette un regard noir avant de partir à l'étage pour aller dans ma chambre. Je l'entends soupirer et m'appeler. Je l'ignore et continue mon chemin.

Alors que je franchis la porte de ma chambre, je sens une pression sur mon poignet. je me retourne pour voir Omesant me regarder. Je lui lance un regard dur et tente de reprendre mon membre. Mais elle ne me lâche pas. La colère commence à m'envahir.

- Bon, tu veux quoi ? Commencé-je.

- Tu comptes vraiment m'ignorer ? Demande-t-elle, sans être agacée pour autant.

- Je ne t'ignore pas.

- Ah bon ?

- Non, tu peux me laisse aller dans ma chambre maintenant ?

- Mmh, je vais y réfléchir.

Tout à coup, je sens sa main tirer mon poignet et m'emmener plus proche d'elle. Je vois sa tête pencher vers moi, la distance diminuant soudainement. J'ouvre grand les yeux, prise de court et ne sachant quoi faire. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Ca ne te dérange pas si je te regarde un peu ? J'ai toujours voulu t'observer de plus près.

Je recule, me libérant de sa poigne, les joues qui brûlent, et le coeur battant à tout rompre. Je la regarde, sans savoir réagir.

- Je vais dans ma chambre, arrête de me déranger !

Alors que je rentre dans la pièce, tout en fermant la porte derrière moi, je l'entends ricaner. Imbécile ! Je me mets contre le battant, respirant enfin. C'est quoi son problème ? Et pourquoi je me suis mise à perdre tous mes moyens ?! Et pourquoi... J'ai aimé cette proximité ?

Je secoue énergiquement ma tête. Je n'ai pas le temps de me soucier de ce genre de choses. Je me dirige vers mon lit avant de m'asseoir dessus, me plongeant dans mon esprit. C'est alors qu'en faisant le tri dans mon crâne, un souvenir de mon dernier rêve me revient.

- L'histoire de la guerre...

En quoi cela va me donner des réponses ? Il y aurait un lien avec tous ces rêves ? Cela m'aiderait à savoir qui étaient tous ces gens ? Je n'ai rien à perdre à vérifier tout ça.

Je regarde par la fenêtre, le paysage étant plongé dans l'obscurité depuis quelques heures à peine. Je soupire, puis je me décide à partir dans la cuisine pour aller manger, mon ventre gargouillant légèrement, signe que j'ai faim. Je sors donc de ma chambre et pars manger un morceau. En rentrant dans la pièce, je vois Omesant qui se nourrit, deux assiettes se trouvant sur la table, une m'étant destinée. Je commence à m'installer puis je mange. Un silence pèse dans la pièce, surtout avec la scène qui s'est passée un peu plus tôt. Je finis par lever les yeux vers la blonde, cette dernière me regardant. Son regard me transperce, je me sens légèrement mal à l'aise.

- Tu as fini de me fixer ?

- Je n'ai pas le droit de te regarder ?

- Non.

Elle me sourit simplement.

- C'est quoi ton problème, Omesant ?

- Je n'ai aucun problème, pourquoi tu dis ça ?

- Tu agis bizarrement.

- J'agis comme je le fais pour pas que tu m'ignores.

- T'es vraiment une gamine.

- Heheh.

Je finis mon repas et me lève pour mettre la vaisselle dans levier, avant de repartir à l'étage pour prendre une douche. Après cela fait, je me dirige dans ma chambre et ne perds pas plus de temps pour me jeter dans mon lit. Je me mets confortablement dans ce dernier, la chaleur de la couette me recouvrant et me protégeant de la fraîcheur de la fin de saison. Le sommeil ne tarde pas à se faire sentir, me laissant bercer par la chaleur. Je sombre très rapidement.

J'ouvre la porte d'entrée et sors dehors, Séléna m'attendant gentiment malgré la fraicheur du matin. Je referme derrière moi et nous partons direction l'enfer, qui n'est autre que l'école. Séléna fait la conversation, et je me contente de répondre tout en contemplant les alentours, encore obscurcies par la nuit. Qui a eu l'idée de nous faire lever aussi tôt pour aller poser notre derrière sur une chaise toute la journée ? Alors que je rumine sur le fait d'avoir cours tôt le matin, Séléna bouge sa main devant ma vision pour attirer mon attention vers elle.

- Tu écoutes ce que je dis ? Dit-elle, me regardant, les sourcils légèrement froncés.

- Pas vraiment, non.

- Ca ne change pas vraiment de d'habitude, j'ai envie de dire.

Elle m'arrête dans notre trajet. Je la regarde, incrédule. Puis elle retire son sac à dos avant de l'ouvrir pour fouiller dedans. Elle sort une longue écharpe noir et blanche, avant de me la tendre. Je la regarde, cette dernière souriant de toutes ses dents. Puis elle dit :

- C'est pour toi. Je sais que ce n'est pas ton anniversaire, mais je voulais te l'offrir pour te remercier de me supporter et de m'avoir pardonnée malgré notre passé.

Notre passé. Un flashback me revient en plein fouet. Me revoyant au jour des tests alors qu'elle s'est éclipsée ce même jour. Ce jour où j'ignorais que c'était la dernière fois que je la voyais. Ce jour où elle m'a abandonnée sans savoir la raison.

Tout me revient, et cette colère que j'avais oublié depuis quelques mois me revient subitement. Je la regarde d'un regard menaçant puis je prends la parole :

- Depuis quand je t'ai dit que je t'avais pardonnée pour tes actes ? Retiens bien ça Séléna. Je ne m'amuse pas à redevenir proche de toi comme avant, c'est fini tout ça. Je suis déjà bien gentille de ne pas t'exterminer...

Une douleur me prend dans l'âme suite à la prononciation de ce mot. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi je me sens soudainement bizarre ? Pourquoi... Ai-je soudainement une soif de tuer ? Mon sang pulse dans mes veines, je semble être énervée. Je regarde devant moi et vois Séléna inquiète ainsi que blessée par mes précédents propos. En la regardant, je sens une haine immense m'envahir. Je baisse la tête, sentant mes mains trembler, et c'est avec surprise que je vois mes veines se teindre en noir. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Mes membres me lâchent soudainement. Mes genoux cognent durement contre le sol, je sens mon corps partir en avant, mon esprit divague, un voile noir se dresse devant ma vision. Seul l'écho de mon prénom résonne dans mes oreilles, jusqu'à ce que je n'entende plus rien, et que je ne vois plus rien, semblant faire face au noir absolu.