Chapitre 11

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Des jours passent, je ne sais pas exactement combien, le temps semble s'être figé. Je suis enfermée depuis un moment dans cette pièce lugubre. Aucun appareil se trouve ici pour indiquer l'heure. Je me trouve juste perdue dans l'espace et dans le temps.

J'ai affreusement mal à tout mon corps. Etant donné qu'il n'y a pas de lit, et de meubles en général, je me retrouve donc couchée au sol. Sur le sol blanc, dur, et froid. Tout pour me bousiller. Des courbatures et des bleus règnent sur tous mes membres, l'épuisement étant beaucoup trop présente dans mon âme. Je veux juste être dans ce lit blanc où je dormais tous les jours depuis des années. Avoir cette vie banale que j'avais endurée depuis tant d'années. Mais c'est trop tard maintenant, depuis qu'elle m'a trouvée, tout a changé, et plus rien ne redeviendra comme avant.

La pièce est toujours aussi sombre. Aucune lumière naturelle ne rentre ici. Des LED sont accrochées sur le plafond, quatre LED, mais je ne peux pas les activer, cela doit sûrement être fait dans une salle technique pas très loin des chambres. Mais bizarrement, ma chambre est toujours plongée dans le noir, que ce soit dans la journée ou pendant la nuit. Néanmoins, il ne me semble pas que les autres chambres ne soient pas plongées dans l'obscurité. Il compte me séquestrer jusqu'au bout.

Quand ma génitrice vient dans la salle où je me trouve, la relation mère fille n'existe plus entre nous. Je ne suis devenue qu'un objet à manipuler et à expérimenter pour elle. Elle n'hésite pas à utiliser toute sorte de torture pour que je puisse me défendre et faire ressortir toutes les techniques d'attaques que je peux faire, et que j'apprends au fil du temps. D'un certain sens, sa manière de "m'aider" comme elle me le disait m'apprend d'une certaine manière à mieux utiliser mes pouvoirs et à mieux les contrôler. Mais je n'aime toujours pas sa manière de me traiter comme un vulgaire objet, alors que je ne suis pas si différente des humains, juste à une âme près. Quand j'arriverai à contrôler parfaitement mes capacités, je m'enfuirai de cet endroit et partirai sûrement de la ville. Il faudra sûrement que je me trouve une famille ou quelqu'un qui pourra faire comme si elle m'avait élevée depuis toujours.

Des bruits de talons surgissent dans le couloir, pas très loin de ma porte. Sûrement la personne qui m'a mise au monde. Encore pour me tester. Quoi d'autre de toute façon ? Les pas se rapprochent, je me lève donc, attendant devant la porte. Les bruits s'arrêtent devant ma porte, comme je m'y attendais. La serrure tourne, indiquant donc qu'elle déverrouille la porte, puis ouvre cette dernière. A la seconde qui suit, la lumière s'allume par la suite, comme à chaque fois quand elle ouvre le battant. La lumière superficielle m'aveugle les yeux, mais je m'habitue assez vite.

- Bonjour Lyra, commence ma mère.

Au moins, elle m'appelle toujours par mon prénom. Il ne me reste plus que ça, mon identité. En me privant de ça, c'est comme si je n'existais plus, comme si j'étais vraiment devenue un objet.

Je ne réponds pas, comme d'habitude, mais cela ne dérange pas ma génitrice de toute façon, étant trop habituée par mon caractère pourri. Elle rentre, s'approche de moi d'un pas tranquille, n'ayant pas peur que je lui casse la nuque.

- Allons-y, ces tests ne vont pas se faire tout seul, il y a encore tant à explorer.

Je ne réponds toujours pas. Elle sait que je la suivrai. Avec la puce qu'elle m'a intégrée dans la nuque, je ne peux pas me rebeller, des décharges électriques se propagent dans mon corps si je la désobéis. Elle me sourit donc et se tourne, commençant à sortir de la chambre. Je la suis dans le calme.

Après avoir longée ce couloir blanc, et tournée à droite, on arrive à cette fameuse pièce. Celle où on m'expérimente. Plusieurs scientifiques sont déjà là, le matériel en place, comme toujours. Ma mère ouvre la porte de celle-ci. J'entre après elle. Les scientifiques ne prennent même pas la peine de me regarder, n'étant pas si importante, seule mon âme compte pour eux. Ils ne sont pas beaucoup, juste cinq. Tous habillés en noir et blanc, ainsi qu'une même longue blouse blanche. Tous pareils. Les deux femmes qui font parties du petit groupe ont les deux les cheveux en chignon. Elles ont la même posture, les mêmes yeux foncés, leur visage se ressemblant énormément. C'est à se demander si elles ne sont pas jumelles. Quant aux hommes, ils sont tous différents, à part pour les habits. Cheveux clairs ou foncés, ainsi que pour les yeux et la forme du visage. Pourtant, ils ont beau être différents physiquement, ils ont tous la même aura, une aura de pouvoir, comme celle de ma mère. Mais par rapport à elle, leur soif de puissance n'est rien comparée à ma génitrice.

Je me place au milieu de la pièce, tous les autres se mettent derrière leur ordinateur, pour scanner mon âme.

- Bon, commence ma mère, ton âme semble encore stable, la puissance qu'elle continent semble revenir, d'ici un ou deux jours, je pense que tu pourras utiliser tous tes pouvoirs.

Génial, plus d'expériences intenses. Je les regarde, tous, un par un. La séance va commencer.

Je m'effondre. Trop épuisée de tous ces exercices farfelues. Je suis à bout, devenant trop faible. J'entends ma mère souffler d'agacement. Je lève doucement la tête vers elle. Cette dernière contourne tous ces appareils dont je ne vois pas trop l'utilité. Elle se poste devant moi, me regardant d'un air énervé.

- Comment j'ai fait pour avoir une enfant aussi faible et inutile que toi. Si tu n'avais pas eu cette âme, crois-moi que je ne t'aurais pas laissé autant de liberté que tu as eu pendant toutes ces années.

Je la regarde. Comment peut-elle dire ça ? Je jette un oeil aux autres, mais aucune réaction. Est-ce donc normal de dire ça à sa descendance, sa fille ? Une soudaine envie meurtrière surgit dans mon âme. Je sens l'adrénaline couler dans mes veines, comme si toutes mes force étaient revenues en une seconde. Je soutiens son regard. Elle me sourit malicieusement. Je ne perds pas plus de temps et me jette sur elle. Mais avant même que je ne parvienne à son cou, un électro choque me prend dans la nuque, puis se transmet partout dans mon corps. Je grogne de douleur, je ferme fortement les yeux, ne voulant pas pleurer de douleur devant elle. Surtout pas devant elle. Malheureusement, la douleur ne s'arrête pas, elle attend sûrement à ce que je la supplie, mais je ne le ferais pas.

- Ca ne sert à rien de résister, tu le sais mieux que moi, Lyra. Intervient calmement ma mère.

- T'es vraiment qu'un monstre pour me traiter ainsi, dis-je entre mes dents.

Cette remarque ne semble pas vraiment lui faire plaisir et augmente les décharges électriques. Je me plis de douleur, souffrant beaucoup trop. Je commence à crier.

- Tu ferais mieux de tenir ta langue. C'est de ta faute si je fais tout ça, si tu n'avais pas laissé Séléna fuir, peut-être que je ne m'en serais pas prise à toi, pas maintenant en tout cas.

Mes yeux s'ouvrent en grands, enfin presque. Pourquoi mentionne-t-elle Séléna, elle a quoi à voir là-dedans ?

- Pourquoi me parles-tu de Séléna ?

J'essaye de tenir à la douleur du mieux que je peux, mais la douleur s'intensifie de secondes en secondes, devenant beaucoup trop insupportable. Je sens ma tête partir en vrille, mes paupières devenant beaucoup trop lourdes. Je vais perdre connaissance, mais je dois d'abord savoir pourquoi elle me parle d'elle

- Oh ? Tu ne le sais pas ? Elle est aussi spéciale. Comme toi.

- Comment peux-tu le savoir ? Elle n'a même pas fait les tests.

Ma mère se met à ma hauteur. Elle prend mon menton entre ses doigts, son regard s'encrant dans les miens. Un petit sourire malsain se forme sur ses croissants de chairs. Cependant, c'est avec étonnement que j'aperçois dans son regard une autre émotion que de la colère ou de la haine. Une émotion que moi-même je ne saurais définir.

- Elle n'a peut-être pas fait les tests, mais je l'ai sue. Des jumelles se ressemblent, et ça marche aussi pour les âmes. Mais je ne sais pas si elle a la même couleur que la tienne. Qui sait ? Ca pourra être intéressant, tu ne trouves pas ?

J'essaye de soutenir son regard, mais une soudaine peur s'encre en moi. Séléna est donc bel et bien ma soeur ? Mais comment cela peut-il être possible ? Elle ne me ressemble pas tant que ça. Comment ?

Soudain, mes yeux se ferment, devenant impossible de résister plus longtemps. Mon corps devient lourd. Ma tête retombe lourdement sur le sol. La douleur que je ressentais il y a quelques instants s'estompe, laissant place à de la fatigue.

J'entends ses pas s'éloigner. Elle a l'air de murmurer quelque chose, mais c'est inaudible de là où je me trouve.

- Emmenez-là dans sa chambre. On en a fini pour aujourd'hui. Dit-elle soudainement après un petit silence.

Je sens mon corps être porté, mais je ne prends pas la peine d'essayer de me débattre. Je ne peux pas de toute manière. La seule chose qui me préoccupe, c'est Séléna. Je dois lui parler. Mon esprit s'embrume, tout s'emmêle dans ma tête, je n'entends plus rien, perdant juste connaissance.

[REECRITURE] Ame de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant