Chapitre 35

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La fin de nuit s'est passée sans un énième cauchemar, comme à chaque fois après que je me réveille de ce fameux rêve dans cette forêt à moitié dans les flammes. Mes yeux, encore endormis, prennent un peu de temps à s'habituer à la lumière du jour qui traverse les rideaux de ma chambre. Je reste allongée encore un peu, sans forcément penser à quelque chose en particulier. J'attends d'avoir suffisamment de force pour me lever et partir dans la cuisine. Après plusieurs tentatives pour me convaincre de me bouger, je finis par me lever, lentement, mais je me lève. Redressée, je jette un oeil par la fenêtre, les rideaux cachant le paysage qui se trouve à l'extérieur. Je m'approche de celui-ci, et je tire doucement les rideaux, me révélant un ciel assez agréable à regarder. Il y a des rayons d'eestos, sans pour autant voir ce dernier, de plus, le ciel est d'une couleur bleu-gris foncé, avec quelques nuages gris se promènent dans cette mer sombre. C'est un paysage plus que plaisant à observer personnellement. Il va sûrement pleuvoir dans la journée. Aujourd'hui devrait être calme également, je l'espère en tout cas, un peu de repos ne me ferait pas de mal.

Je finis par sortir de ma chambre. J'ouvre la porte, la faisant légèrement grincer. Depuis que je suis levée, je ressens beaucoup de courbatures dans tout mon corps. Décidemment Zénith n'est pas allée de main morte. Je m'arrête de marcher. Zénith. Est-elle réveillée ? Je m'empresse par la suite de descendre les marches, jusqu'à limite courir pour aller dans le salon. Je m'arrête au seuil de ce dernier, regardant dans la direction du canapé qui décore la pièce. Elle est couchée dessus, les yeux à moitié ouverts.

La jeune fille semble encore un peu dans les vapes. Néanmoins, elle commence à demander d'une voix assez lointaine :

- Je suis où ?

- Chez moi. Dis-je.

Son regard vire vers ma personne. Elle ouvre grand les yeux, comme si elle avait vu un mort devant elle. Elle se lève d'un bond du canapé. Cependant, je vois que ses jambes tremblent légèrement, étant sûrement encore un peu faible suite à l'épisode d'hier. Mais, elle ne fait pas attention à cela, continuant de parler :

- Je suis désolée... Je ne mérite que la mort... Heh...

Elle baisse les yeux au sol, comme honteuse de ce qu'elle est devenue. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Alors que je compte parler, elle me devance :

- Dire que tu as eu pitié de me sauver. Ils avaient raison, je ne suis qu'un monstre.

C'est alors qu'elle s'approche de moi, et, elle fait apparaitre son âme de monstre, me la tendant vers moi. Son regard fuit le mien.

- Tue-moi Lyra. Je ne mérite pas de vivre après avoir tentée de te tuer.

Je ne parle pas. J'observe son âme. Cette dernière étant à l'envers par rapport à la mienne et à celles des humains. De plus, la sienne est de couleur blanche. Mon regard retombe sur sa personne, cette dernière n'ayant toujours pas déniée à me regarder. Je soupire. Quelle situation gênante.

- Ecoute... Oublie ça. Ce n'est rien pour moi. Si je voulais te tuer, je l'aurais fait pendant que tu étais inconsciente, tu ne penses pas ?

Son regard rive enfin vers moi, les yeux grands ouverts. C'est à mon tour d'être surprise, je remarque que les yeux de Zénith ont changés. Je suis persuadée qu'hier encore ils étaient blancs, il n'y avait aucune pupille, iris ou autre. Juste du blanc. Et maintenant que je la regarde, ses yeux ont changés, ils sont verts.

- Tu n'avais pas les yeux blancs hier ?

Zénith me regarde encore quelques secondes avant de répondre :

- Quand j'utilise trop mes pouvoirs, comme hier d'ailleurs, je me suis un peu trop emportée, et suis devenue hors de contrôle. Je m'évanouie quand ce genre de situation arrive, donc, comme hier, et tous mes pouvoirs disparaissent pendant quelques jours. Et par la même occasion, mes yeux redeviennent "normaux".

- Je vois.

Je l'observe quelques secondes de plus, puis je détourne mon regard.

- Merci beaucoup, Lyra. Dit-elle soudainement.

Je lève la main, balayant l'air.

- C'est rien, c'est déjà du passé pour moi. Oublie juste l'épisode de la veille au lieu de t'excuser.

Je commence à marcher en direction de la cuisine, passant à côté de mon "invitée". Puis, je m'arrête.

- Zénith...

- Je m'appelle Omesant, tu ne t'en souviens pas ?

Je ne réponds tout de suite, légèrement étonnée. Omesant ? J'étais persuadée qu'elle s'appelait Zénith dans mes souvenirs. Peut-être a-t-elle changé de prénom afin de fuir les scientifiques ? Je ne lui pose pas plus de questions sur ça, et reprend avec son prénom actuel :

- Omesant, depuis tout ce temps, où vivais-tu, à tout hasard ?

- Eh bien, c'est assez complexe, mais disons que depuis quelques temps maintenant, j'erre un peu partout, sans réel but.

- Tu es donc sans-abri à l'heure actuelle en fait ?

- Oui, on peut dire ça.

Je la regarde, puis, elle reprend la parole :

- Est-ce que ça te dérange à tout hasard si je peux rester encore un peu ? Je partirais dès que possible et ne t'ennuierais pas plus. Mais si tu ne veux pas, je ne vais forcer et partirai aussitôt.

Je soupire de nouveau. Moi qui pensais avoir une journée calme et tranquille, je vais devoir me coltiner Omesant. Néanmoins, l'idée d'avoir un peu de compagnie, surtout celle d'Omesant ne me déplaît pas autant que ça, bizarrement. Je lui jette un regard, elle semble attendre ma réponse avec une légère impatience. Elle pourrait m'être utile dans mes recherches, non ? Je peux bien lui faire cette fleur. Je tourne mon regard dans la cuisine, en m'y engouffre par la suite, puis je crie :

- Bon, tu peux rester le temps que tu veux, mais respecte mon espace personnel ! Ou tu décampes !

- D'accord ! Merci !

J'entends Omesant se rassoir sur le canapé. De mon côté, je sors deux tasses, puis prépare du chocolat chaud pour la jeune blonde et moi. Cela prend quelques minutes. Je porte les tasses et les emmène dans le salon avant de les poser sur la table basse. Je m'assois par la suite sur le canapé.

- Tiens.

Je dirige une des tasses à la blonde. Elle prend cette dernière, en hésitant légèrement. J'engage donc la conversation.

- Tu vas mieux ?

- Encore fatiguée, mais je vais vite m'en remettre.

- D'accord.

Je prends une gorgée, elle en fait de même.

- Omesant ?

Elle tourne la tête vers moi.

- Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ? Tu as disparu du jour au lendemain.

Elle regarde droit devant elle.

- C'est une assez longue histoire, surtout avec celle qui s'est produite il y a des années.

- On a tout notre temps, tu sais.

- Je sais. C'est pour ça que je compte tout te dire. Je te dois bien ça.

Je reprends une gorgée de chocolat chaud, attendant patiemment son histoire.

[REECRITURE] Ame de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant