Tsukishima rentre chez lui, et passe la porte avec un premier soupir. Il fait nettement moins chaud à l'intérieur qu'à l'extérieur, en sachant qu'en dépit de la pluie, la fournaise tropicale s'est mise en route presque un mois trop tôt.
Il pousse un second soupir en remarquant les chaussures de son frère dans l'entrée, se doutant que le reste de sa personne n'est pas loin.
Et enfin, un gémissement pousse ses lèvres quand il entend le son de sa voix demander :
- Kei est rentré ?
- Je crois, répond sa mère.
Il n'est pas réellement navré de savoir que son frère aîné est là. Leur relation a évolué pour le mieux, récemment. Ce qui l'horripile le plus quand ils se voient, c'est...
- Kei !
Son frère rentre dans son champs de vision avec un sourire lumineux à en faire pâlir le soleil, et à rivaliser avec les étoiles les plus brillantes. Il n'hésite pas à ébouriffer les cheveux de son cadet, et ce dernier doit tenir ses lunettes pour ne pas les faire tomber en cours de route.
... C'est la manière dont il lui dit bonjour quand il revient, qui le gêne.
- Comment ça s'est passé ?
Le plus jeune retient un sourire fier avec peine.
- Bien. On a gagné.
- Génial !
- Ouais.
Il se traine jusqu'à la salle de bain, prend une longue douche méritée, et revient dans le salon après avoir mis ses affaires au sale.
Il ne pleut plus depuis longtemps, et c'est peut-être ce qui fait que le temps met autant de temps à se rafraichir. Mais il ne faut pas se leurrer. Il fera plus frais après un gros orage.
Il regarde la soirée se passer avec une latence habituelle, et peu à peu, la fatigue l'endort d'avantage sur sa chaise.
Il regarde brièvement l'heure. Ils sont déjà dimanche. Enfin, dans la nuit, quoi.
L'adolescent soupire, et souhaite une bonne nuit à son frère et à sa mère avant d'aller se coucher.
Il est finalement pseudo-réveillé en arrivant dans sa chambre, par son téléphone.
Il regarde le numéro, soupire, et choisis de ne pas décrocher.
Il n'a rien à dire à Atsuko à bientôt une heure du matin, et la soirée a été relativement épuisante, même si à peine moins que le match qu'il a eu il y a près d'une dizaine d'heures.
L'appel se coupe, et il met son téléphone à recharger, en s'asseyant sur son lit.
Mais même s'il tente de se sortir son amas de questions de la tête, il ne parvient pas à éviter de se demander pourquoi elle appelle à cette heure là.
Atsuko n'est pas réellement un mystère, c'est plutôt comme une sorte d'équation à une inconnue. On ne sait pas vraiment ce que va donner le résultat, mais il n'est sûrement pas sorcier à trouver.
Et puis suivre le cliché du type qui cherche dans le passé de la fille pour la comprendre, non merci !
Il soupire en s'allongeant. Peut-être qu'il lui suffit de s'allonger, fermer les yeux, et...
Son téléphone pourtant en mode silencieux se met à vibrer.
- C'est une blague, grommelle-t-il en s'asseyant.
Il rallume la lampe de chevet qu'il vient pourtant d'éteindre, et répond à ce maudit appel.
- Quoi ?!
Il peut l'entendre sursauter à l'autre bout du fil. Il pense même presque à s'excuser.
Presque.
- Bonsoir, commence-t-elle ennuyée , je t'ai réveillé ?
- Bien spur que tu m'as réveillé, tu m'as appelé deux fois.
- Désolée...
Elle marche dans la rue, le téléphone collé à l'oreille, et son parapluie noir déployé au-dessus de sa tête. Il ne pleut plus depuis longtemps, mais depuis près d'une heure, une sorte de brouillard épais lui mouille les cheveux, et lui colle à la peau.
- Qu'est ce que je peux faire pour t'aider ? demande-t-il dans un soupir.
- Oh, euh... C'est très gênant, alors j'espère vraiment que tu ne m'en voudras pas. J'avais besoin de parler à quelqu'un.
- T'as pas des amis, pour ça ?
- Je ne suis pas assez proche d'Hitoka pour l'appeler à une heure pareille, et Mon autre amie travaille encore, je ne veux pas la déranger.
- Parce qu'on est proches, tous les deux ? demande Tsukishima surprit.
Elle l'entend froisser une couverture, sûrement en se levant pour marcher, et elle lève le nez vers le lampadaire au-dessus de sa tête.
- Je ne sais pas. Mais tu ne raconteras pas aux autres ce que je vais te raconter, et tu me diras ce que tu en penses vraiment, tu me diras la vérité.
- Tu ne peux pas rappeler demain ?
Il repense à la crise d'angoisse qu'elle a fait un peu plus tôt dans la journée. Est-ce que parler de ses problèmes pourrait l'aider à éviter la prochaine ?
C'est cette idée qui lui fait dire ensuite :
- Raconte. J'essaye de ne pas m'endormir. T'as intérêt à être passionnante.
Elle rit doucement.
- Oh, tu sais, c'est plutôt mon amie Katsu, qui est passionnante pour raconter les choses. Quoi qu'elle dise, les gens l'écoutent toujours. Moi, on ne me laisse même pas parler, à la maison. Mes parents ont découvert en appelant le lycée pour savoir si j'étais bien rentrée que je faisais partie de votre équipe. Je suis punie de sorties pendant un mois pour avoir, je cite : "mentit et mis ma vie inconsidérément en danger, sans me préoccuper de l'opinion de mes parents ou de leurs inquiétudes quant à ma vie sociale".
Il ricane sans le vouloir.
- C'est une punition stupide. Pourquoi tu ne leur avais pas dit ?
- Parce que je m'entendais bien avec vous, et que les filles ne font pas grand chose, dans leur club. C'était plus vivant chez vous.
- Tu as été les regarder ?
- Oui. En fait... les filles me font encore peur. Je n'ose pas vraiment aller vers elles.
- Les filles te font peur ? répète-t-il.
- Elles peuvent être très cruelles, tu sais. Et c'est parce que j'ai eu un problème avec certaines d'entre elles au collège que j'ai arrêté d'aller à l'école.
Il entend le bruit d'une voiture roulant rapidement dans le téléphone et fronce les sourcils.
- Attends, tu es dans la rue ?
- Oui, pourquoi ?
- Je croyais que tu étais punie.
- J'ai fait le mur.
Il sourit vaguement.
- C'est que tu es presque une rebelle. Tu es où ?
- Devant chez toi.
Il sursaute.
- Hein ?
Il se retourne et écarte le rideau.
Effectivement, elle est là.
- C'est pas vrai...
« Aucun encouragement, juste la vérité. Pas besoin de mots du grand des as à l'autre as. » (Reon Ohira)
Fin du premier set
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Inéquation
FanfictionPasser le temps. Passer le temps en se faire des amis. C'est la mission qu'Atsuko s'est confiée cette année pour que ses parents la laissent tranquille, entre deux révisions pour intégrer ce superbe programme de mathématiques avancé. Et pour la prem...
