Epilogue

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La lumière dans la pièce la dérange un peu, mais elle tire rapidement le nouveau rideau blanc, et la lumière tamisée lui permet de travailler enfin. Atsuko remonte ses manches, et se met activement à débarrasser ce qui encombre l'espace.

Tsukishima passe la porte les bras chargés, et soupire en posant le dernier carton par terre.

- Eh ben. Ça en fait, du bordel.

Elle hausse les épaules.

- Et pourtant, il n'y a pas tout dedans.

Il arque un sourcil.

- On avait dit six cartons chacun.

- Il n'y en a que six, regarde. C'est juste que j'ai commencé à déballer.

Elle lui montre les étagères pleines, et l'armoire ouverte.

Il soupire une deuxième fois, et se rapproche d'elle en enjambant le bazar.

Ils n'ont que deux jours pour s'installer, les cours reprennent rapidement, et hors de question d'être encore dans les cartons quand ils commenceront. C'est pour ça qu'elle a déjà commencé à déballer, et à s'installer.

C'est un petit appartement avec deux chambres, dont l'une des deux a été dédiée à leur espace de travail, un salon faisant aussi salle à manger et une cuisine ouverte, ces dernières pièces sensiblement vides par rapport à leur chambre.

- Je pense qu'on va mettre ça dans le salon, dit-elle en soulevant un carton.

Il l'attrape à bout de bras, et le pose sur la pile pour regarder dedans.

- Oh, c'est ta peinture.

- Oui, je l'ai emmenée. J'ai envie de reprendre.

- Pas de soucis, je mets ça là-bas.

Il s'apprête à refermer le carton, l'œil soudain attiré par un petit cahier. Un cahier à la couverture en plastique rouge qu'il n'avait pas revu depuis deux ans.

- C'est quoi ? demande-t-il en l'attrapant.

Elle hausse les épaules.

- Aucune idée, tu sais combien j'ai utilisé de cahiers, cette année ?

C'est vrai que pour s'entrainer en prévision de cette rentrée, elle n'avait pas utilisé une seule feuille volante, remplissant page après page dans de pauvres cahiers.

Il décide d'y jeter un œil par curiosité, et ouvre doucement les yeux.

Ce sont des points. Des points de volley, écrits en titre de chaque page, avec un petit mot d'une dizaine de lignes en-dessus.

Il regarde attentivement ce qui est écrit, passant de point en point, pour finir par boucler le premier set, puis le deuxième, et...

- Pourquoi tu as changé de système, là ? demande-t-il.

Elle fronce les sourcils et tend la main pour attraper le cahier.

Quand elle se rend compte de ce qu'il y a dedans, elle rougit et détourne les yeux en le refermant.

- Parce que ça avait changé.

Il la regarde longuement, jusqu'à ce qu'elle lâche :

- Parce que j'ai réussi à changer à partir de là. Et que c'était rassurant. Parce que je suis redevenue pleinement la personne que j'étais en rentrant au collège, et je me suis sentie mieux. J'ai arrêté d'avoir peur des gens. C'est tout. C'était... une sorte de journal sur ce qu'il se passait au club, au départ. Et finalement...

- Tu as écris à chaque fois que tu en as eu besoin.

Elle acquiesce.

- Mais pourquoi tu t'es arrêtée là ? Au 5e point ?

Astuko sourit, les joues encore rouges :

- Parce que je n'avais plus besoin d'écrire. J'ai oublié le carnet rapidement, en fait. Je ne savais même pas que je l'avais pris, j'ai cru que c'était un cahier de calculs oublié.

Elle le pose sur le lit avec un soupir.

Ce carnet l'a accompagné près de six mois.

Et six mois, c'est tout ce qu'il a fallut à l'équipe de Karasuno pour la déverrouiller de l'intérieur. De la libérer d'elle-même. Grâce à eux, elle n'a plus de crises d'angoisse quand l'un de ses parents vient la voir alors qu'elle est avec ses amis. Elle n'a plus la boule au ventre pour inviter quelqu'un. Elle n'a plus besoin de se cacher derrière Katsu pour un avis ou un choix important.

La main de Tsukishima se pose sur sa tête et elle sursaute.

Elle s'attendait à ce qu'il dise quelque chose, mais il reste là en silence, jusqu'à ce qu'elle pose la tête contre son épaule, regardant tous les deux le petit cahier.

Ils ont parcouru beaucoup de chemin depuis et sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte, un an et demi est passé, les faisant déménager sur Tokyo pour les études.

- Katsu ne doit pas passer pour le déjeuner ? demande-t-il soudain.

Elle s'anime.

- Si ! Où est rangée la vaisselle ?

- Bonne question, grommelle-t-il en la lâchant.

Si l'appartement choisit par les parents de la jeune femme est meublé, il y a de nombreuses choses qui ont été achetée sur le trajet, comme la vaisselle, ou les rideaux, qu'ils voulaient absolument choisir eux-mêmes. Et à sa grande surprise, Atsuko a dut se battre avec son nouveau colocataire sur la couleur des assiettes, et la texture des coussins.

Tout ça pour ne pas avoir eu le temps de les déballer depuis ce matin.

Elle enjambe les cartons à son tour, pour l'aider à retirer les emballages, et mettre ce qu'il faut dans le lave-vaisselle.

L'étudiante devrait arriver dans l'heure, mais rien ne sera prêt, et c'est la panique.

- On a des pastilles pour le lave-vaisselle ? demande-t-elle.

- On n'a même pas un paquet de biscuits, on n'a pas fait les courses, rétorque-t-il.

Elle gémit.

- C'est pas vrai... !

Il s'adosse au plan de travail, les bras croisés.

- Bon, bah je vais faire des courses, dit-il après un court moment de réflexion.

Ils se sont levés à quatre heures et demie du matin pour partir avec le camion, et leurs affaires, et ne se sont pas arrêtés une seconde. Et si les cartons sont approximativement triés dans les bonnes pièces, l'appartement reste dans un bazar notoire.

Et alors qu'il met ses chaussures, la sonnette retentit.

- Je crois que c'est officiel, ce ne sera pas prêt ! rit-elle en secouant la tête.

Il ouvre la porte à demi-chaussé.

- Bonjour Kastu.

- Mon pauvre Kei, tu as l'air d'être passé sous un bus. J'imagine que j'ai bien fait de ramener à manger et quelques courses ? demande l'écrivain en levant trois sacs.

Haru presque aussi grand qu'elle leur fait un grand sourire en en levant un aussi, et Kuroo leur fait un clin d'œil :

- On dirait que vous n'avez jamais déménagé de votre vie, pas vrai ? Vous allez voir, c'est tout une aventure !

Le volleyeur à lunettes lui rend un sourire mutin :

- Ça, c'est sûr.


« Il faut jouer, encore et encore, avant de trouver le bon équilibre. » (Atsuko Kaneko)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant