Assise à même le sol, pour changer, c'est elle qui attend Tsukishima. Elle s'est décidée à lui parler, alors que la date limite pour rendre sa réponse est dans près de trois mois.
- Déjà là ? s'étonne-t-il.
Elle se remet sur ses jambes, et époussette son pantacourt.
- Il faut que je te parle.
- Alors allons au parc, répond-il sérieusement.
Elle acquiesce, et prend la main qu'il lui tend, entrelaçant ses doigts avec les siens. Ils se dirigent en silence jusqu'au parc, dix minutes plus loin, conscients tous les deux du sujet qu'ils vont aborder une fois arrivés.
Il s'assoit sur l'un des bancs, et la regarde, sa main toujours accrochée à la sienne, alors qu'elle serre nerveusement la bandoulière de son sac, encore debout devant lui.
- Je... Je ne vais pas y aller. Je ne veux pas y aller, finit-elle par dire.
Il hoche la tête.
- Je m'en doutais un peu.
- Je ne reviendrais pas sur ma décision, désolée.
Tsukishima hausse les sourcils.
- Pourquoi tu t'excuses ?
- Parce que tu voulais vraiment que j'y aille, et que j'ai décidé toute seule en deux semaines.
Il soupire un rire.
- J'ai croisé Katsu, dit-il. En fait, c'était un peu flippant, parce qu'elle a carrément frappé chez moi. Et on en a parlé, tous les deux. De ton école. On se doutait déjà que tu allais refuser. Et c'était il y a une semaine, maintenant.
- Katsu est venue chez toi ?
- Ma mère est devenue folle.
Elle rit doucement.
- J'imagine bien.
Il fait mine de lever les yeux au ciel d'un air agacé, mais elle lui serre doucement la main avec un sourire léger.
- Je passerais me présenter, s'il le faut.
Il lui fait un sourire de déconseil, et elle rit de plus belle.
- Bon. On ira manger une glace, ou quelque chose d'approchant ce week-end pour fêter ça ? propose-t-il. Et puis, si tu as besoin, je viendrais avec toi quand tu iras en parler à tes parents.
Si elle était absolument d'accord avec la première sortie, est elle est bien moins enthousiaste par la deuxième proposition. Atsuko secoue doucement la tête en relevant la tête.
- Tu as remarqué ? Quand on vient ici, on s'assoit toujours sur ce banc.
- Tu veux en changer ?
- Pas nécessairement. Mais ce n'est pas pour ça que ce parc se résume à ce banc.
Il acquiesce, regardant le ciel coupé par les branches.
- Tu ne veux pas de moi sur ce coup-là, si je comprends bien.
- Je ne peux pas me cacher derrière toi toute ma vie. Même si en fait, ça ne fait que quelques mois. Ce n'est pas... Je n'ai pas envie de te mêler à tous mes problèmes sans avoir essayé de m'en sortir toute seule.
Tsukishima soupire.
Les fortes températures baissent déjà. Et il se félicite d'avoir sa veste sur le dos, alors qu'elle lui était encore difficilement supportable jusque là.
- Je ne m'en mêlerais pas. Mais si tu te fais à nouveau enfermée chez toi...
Elle pose sa tête contre son épaule avec un sourire amer.
- Je ferais le mur pour me cacher chez toi, le temps que Katsu vienne me chercher.
- Tu partirais avec elle à Tokyo ?
- Seulement quelques semaines. Pas plus. Pas question de vous laisser, vraiment. Désolée.
- C'est rien. Je passerais seulement le reste de ma vie à me dire que c'est à cause de moi que tu as loupé la chance de ta vie... je m'en remettrais, ironise-t-il pour la culpabiliser.
Elle grogne, se décolle de lui, et se relève.
- On y va ?
- On a toujours des discussions éclair, se plaint-il. Tu ne m'as même pas demandé mon avis.
Elle le regarde, perdue.
Mais... tu as participé à la conversation, non ?
Il soupire un rire en se relevant, s'appuyant sur ses genoux pour se donner de l'élan.
- Ce n'est pas vraiment la même chose.
- Et tu veux donner ton avis sur quoi ?
Le grand blond se plie presque en deux au dessus de son visage, pour répondre, un large sourire narquois sur les lèvres :
- Si tu repasses par ma fenêtre, je te garde avec moi.
Elle rougit soudain, il se redresse en écarquillant les yeux.
- Non, je voulais pas dire...
- Non, mais à quoi tu penses, sérieux ! gémit-elle en détournant les yeux.
Il passe une main sur son visage, derrière ses lunettes :
- Comment tu peux avoir l'esprit aussi mal placé en étant enfermée chez toi...
- Comment ça, moi ! Je te signale que tu as commencé ! J'étais juste gênée parce que tu t'es rapproché sans prévenir et que c'était bizarre !
Tsukishima balaie ses protestations d'une main.
- Bon, aller. On y va. On va être en retard.
- Tu ne voulais pas discuter ? demande-t-elle en lui emboitant le pas.
Mais il marche si vite que lorsqu'il ne lui répond pas et qu'elle relève la tête pour lui faire remarquer, elle ne peut qu'entre-apercevoir ses oreilles rougies et son visage fuyant.
Elle préfère alors se taire, attraper sa main au vol de l'un de ses balancés, et ne rien dire.
Il sursaute à son contact, mais ses doigts s'entrelacent avec les siens, et il lui serre doucement la main.
Il soupire.
Il aura mis un mois et demi pour apprendre à lui tenir la main, et maintenant, il est plutôt fier de réussir à le faire sans leur coincer les doigts, ou les gêner dans leur marche.
- J'aurais au moins réussi une chose, aujourd'hui.
Il sourit.
Dire qu'une si petite chose suffit à lui donner le sourire...
Il tourne vaguement la tête pour regarder sa voisine, qui tente de se caller sur son pas rapide sans s'en plaindre.
Il ralentit de lui-même, orgueilleusement lentement pour tenter de ne pas lui faire remarquer qu'il le fait, mais un lumineux sourire se dessine sur ses lèvres.
- Ne dis rien, grogne-t-il.
- Je n'avais pas prévu de le faire.
- Hum.
- Hum, répète-t-elle mutine.
Il lève les yeux au ciel, mais heureusement pour lui, la bataille s'arrête là. Parce qu'il n'y a rien de pire pour lui que de perdre une bataille.
« Ne t'avise pas d'abandonner. » (Yuu Nishinoya)
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Inéquation
FanfictionPasser le temps. Passer le temps en se faire des amis. C'est la mission qu'Atsuko s'est confiée cette année pour que ses parents la laissent tranquille, entre deux révisions pour intégrer ce superbe programme de mathématiques avancé. Et pour la prem...
