18e point - 1er set

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Hitoka monte timidement dans la voiture qui vient les chercher après l'entraînement. Passe la porte effrayée, et se retrouve finalement tétanisée à l'entrée du "bureau" d'Atsuko.

Une femme y est déjà, debout, regardant attentivement toutes les petites affichettes de calculs accrochées sur les murs, d'un air sévère, qui se veut jugeur.

- Katsu ! sourit l'adolescente en allant l'enlacer.

- Ne fais pas comme si je t'avais manqué, ça ne fait qu'un mois qu'on ne s'est pas vues, répond-elle en la serrant néanmoins contre elle.

- Je n'oserais pas.

Elle se détache d'elle, et présente les deux inconnues l'une à l'autre.

- Hitoka, je te présente Katsu. Katsu, je te présente Hitoka.

Atsuko semble d'une humeur incroyablement plus joyeuse que tout à l'heure, et la lycéenne ne se pose comme sérieuse question que celle de savoir pourquoi elles sont toutes les trois ici.

- Ravie de te rencontrer, dit la plus âgée en tendant la main fièrement.

Trente minutes plus tard, elles sont toutes les quatre dans la cuisine, faisant un gâteau au chocolat, dans une maison exceptionnellement vide, selon les instructions de la petite maîtresse.

Hitoka apprend ainsi que l'amie de sa camarade de volley est la directrice du journal de sa faculté, et siège au conseil des étudiants depuis plusieurs mois déjà.

- Mais tu es en quelle année ?

- Troisième.

- Mais tu as quel âge ?

Elle rit :

- Dix-huit ans.

- Tu as sauté une classe ?

Atsuko les regarde faire doucement, toujours d'humeur joyeuse.

La présence de Katsu est un secret, mais ce n'est pas pour cela qu'elle va s'empêcher de s'amuser un peu. Surtout que ça fait une éternité qu'elle n'a pas reçu du monde chez elle.

Elle remue encore un peu la pâte, et la coule dans le moule rond.

Atsuko a longuement, très longuement hésité à inviter Hitoka. Et puis, quand Katsu avait confirmé sa présence, elle s'était jetée à l'eau. Après tout, elle ne serait pas toute seule, et il fallait bien commencer quelque part, autant que ce soit avec la "gentille et naïve Hitoka", selon les propres mots de Katsu.

- Mais au fait, pour quoi sommes nous ici toutes les trois ? Je veux dire... c'est un goûter ? Des révisions ? J'étais tellement contente de venir et que tu m'aies invitée que j'ai oublié de demander.

- Tu ne lui as pas dit ? demande Kastu d'un ton désapprobateur.

- J'étais tellement contente de l'avoir invitée et qu'elle m'ait dit oui que... j'ai zappé ? tente-t-elle en reprenant les mots de la petite blonde.

D'un soupir exaspéré, la jeune adulte explique succintement en s'asseyant :

- C'est son anniversaire.

- Quoi ? Mais... je ne savais pas... je n'ai pas de cadeau, je suis désolée ! s'excuse-t-elle au-près d'Atsuko.

Cette dernière se lèche les doigts, les yeux à demi-écarquillés, et haussant les épaules comme si ça n'avait pas d'importance :

- Je m'en fiche. J'ai tout ce qu'il me faut. Je voulais juste que tu viennes.

- Mais je sens encore la sueur, et je ne suis même pas bien habillée !

- Moi non-plus, je te signale.

- Et moi donc, soupire l'aînée.

Les deux filles se tournent vers elle et avisent les vêtements qu'elle porte.

- Tu ne t'es vraiment pas apprêtée ?

Elle secoue la tête.

- Quand est-ce que tu crois que j'ai eu le temps de faire une chose pareille ? Je reviens de Tokyo, je te signale.

- Tu as vraiment beaucoup trop d'argent à dépenser, soupire Atsuko en se retournant.

Elle leur donne le moule, deux cuillères pour racler la pâte dans le fond, et se lave les mains avant d'enfourner leur création.

- Vous vous êtes connues comment ? demande Hitoka curieuse.

- Dans la rue, on était dans le même collège.

- Ah, oui, tu m'avais dit que tu avais été au collège. Tu n'as pas arrêté en deuxième année ?

Atsuko hoche vaguement la tête.

- Si.

- Oh, alors vous êtes devenues amies sans vous voir longtemps, alors ! C'est génial. Je ne me fais des amies qu'en les connaissant longtemps... enfin, je veux dire... se reprend-elle gênée, je ne suis réellement amie avec les autres qu'en passant beaucoup de temps avec les autres, pour être sûre de bien les connaître, c'est peut-être pour ça que je n'en n'ai pas beaucoup...

Hitoka rit soudain joyeusement.

- Enfin, mis à part avec l'équipe ! Eux, ce sont tous mes amis, je les connais depuis longtemps. J'imagine que ça me fait pas mal d'amis... Enfin, je ne veux pas dire que je ne t'apprécie pas, hein, Atstuko, mais...

Celle-ci soupire doucement.

- Je vois ce que tu veux dire, ne t'en fais pas. Et d'ailleurs... je voudrais te montrer quelque chose.

Elle lui attrape la main et l'entraîne à sa suite.

De son côté, Kastu sirote tranquillement sa tisane, les laissant un peu toutes les deux.

Son téléphone vibre, et elle lit le message son son copain : "Tu rentres, ce soir ?".

Elle sourit.

"Je ne pense pas. Je vais dormir à l'hôtel, je n'ai pas envie de prendre la voiture cette nuit, je suis fatiguée."

La réponse ne se fait pas attendre :

" De moi ?"

" De ma semaine, andouille. Tout le monde sait que c'est moi, qui te fatigue..."

Il lui répond par un sourire en coin, et cesse leur conversation là où elle est pour le moment.

Hitoka regarde Atsuko, qui l'a visiblement lâchée en cours de route, sans comprendre ce qu'elles font dans la pièce qu'elle appelle son "bureau".

- C'est... ? Tu voulais me montrer quoi ?

- Tu sais... mis à part Katsu, je n'ai pas beaucoup d'amis. Et je ne m'attache plus vraiment aux gens.

Elle rit nerveusement.

- Il faut dire qu'on me trouve facilement bizarre, alors comme je veux essayer d'être amie avec toi, et que pour le moment, tu as fait tous les premiers pas, je fais le prochain. Ce que tu vois sur ces murs, dit-elle en désignant les papiers écrits, c'est mon secret. Personne ne le sait, à Karasuno. Mais ce que je veux... C'est intégrer un programme de mathématiques avancées. Parce que les mathématiques... j'adore ça, conclue-t-elle en plantant ses yeux dans les siens.

« Le talent ça s'épanouit, l'instinct ça se développe. » (Tooru Oikawa)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant