Inéquation

7e point - 3e set

Atsuko attend devant le portail du lycée, droite comme un "i". La porte ne s'ouvrira pas tout de suite, elle a presque une heure d'avance.

Elle n'a pas prévenu Tsukishima qu'elle venait à cette heure, elle vient seulement de lui envoyer un message. Avec un peu de chance, il n'avait pas encore commencé à aller chez elle.

Son téléphone vibre. Une fois. Deux fois. Il est en train de l'appeler.

Elle décroche d'un air absent.

- Oui ?

- Tout va bien ?

- Oui, pourquoi ?

- Ta voix est bizarre.

- Ah ?

- J'arrive.

Il raccroche tout de suite, et elle reste le téléphone collé à l'oreille quelques secondes, avant de le refermer du bout des doigts, le regard totalement absorbé par les barreaux en métal du portail.

Une paire de lèvres se posent sur son front, et elle tourne la tête vers lui.

Déjà là ?

Il est à peine essoufflé, mais totalement débraillé.

Depuis combien de temps fixe-t-elle le métal froid ?

- Tu n'as pas l'air bien. C'est toi, ou tu es malade ?

- J'ai reçu la lettre d'admission, dit-elle d'une voix blanche.

Il la  regarde un court moment, avant de demander :

- Alors ?

- Je... j'ai pas été prise.

- Quoi ?! Mais comment c'est possible ?

Elle n'a pas le temps de répondre que deux adolescents arrivent en courant.

- Cent-vingt-deuxième victoire ! crie Hinata en levant les deux bras.

Kageyama peste longuement, et les deux lycéens se tournent vers ceux qui étaient déjà là.

- Tu vas bien, Atsuko ? On dirait que tu viens d'apprendre une mauvaise nouvelle...

Elle secoue la tête.

- Non, ça va.

- Ils t'ont expliqué pourquoi ? demande Tsukishima comme s'ils n'étaient jamais arrivés au beau milieu de la conversation.

Elle hoche mollement la tête.

- Oui. Je t'en parlerais plus tard.

Il n'a pas le temps de s'en inquiéter d'avantage, interrompu dans son élan par Yamaguchi.

- Tsukki ! Tu ne m'as pas attendu !

Il s'arrête près d'eux, et regarde la jeune fille.

- Hey, ça va Atsuko, t'as pas l'air...

- J'ai dis que ça allait, s'énerve-t-elle en s'éloignant.

- Tu vas où ? demande Hinata d'une petite voix.

- Là où il n'y aura personne pour me demander ce que j'ai ! rétorque-t-elle avec humeur.

Elle s'arrête six mètres plus loin, à l'angle d'un mur, et s'y adosse.

Elle n'a pas la tête à quoi que ce soit. Pas quand la raison pour laquelle elle n'a pas été acceptée ne répond à aucune de ses questions. Un cruel choix du destin.

Une ombre s'arrête devant elle, lui cachant le soleil, et elle avise Tsukishima, ayant visiblement laissé ses affaires au-près des autres pour venir la voir.