12e point - 3e set

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Assis sur sa chaise, Tsukishima regarde fixement l'extérieur, passablement abattu par la fin des vacances. Il se fait rappeler à l'ordre encore une fois, avant de se remettre au travail avec un soupir.

- Tsukishima, le tableau est devant.

Il soupire, découragé.

Le professeur s'agace de son attitude et Yamaguchi coupe, se levant presque de sa chaise :

- C'est de ma faute ! Je lui ai demandé de m'expliquer un devoir hier, et je l'ai embêté jusque tard dans la nuit.

- Mais toi, tu es réveillé, répond le professeur.

L'adolescent baisse les yeux, navré que son stratagème n'ait pas marché, mais ajoutant pour la forme :

- On n'a pas tous besoin de dormir le même nombre d'heures.

Le professeur lève les yeux au ciel.

- Soit. Je vais laisser passer aujourd'hui, vous vous débrouillerez pour vos cours.

Non mécontent de cette situation, le grand adolescent renonce définitivement à prendre en notes ce cours dont il est plus ou moins dispensé.

Lui n'a pas à décider tout de suite dans quelle école il ira en suite, mais en y réfléchissant, Atsuko semblait en avoir besoin.

Yamaguchi se poste devant lui dès la sonnerie, alors qu'il rêvasse encore.

- Tsukki. 

- Hum ? 

Il relève la tête, sans trop savoir à qui il a affaire avant de poser les yeux sur son ami.

Ce dernier soupire.

- Viens. Le cours est terminé. T'es vraiment à l'ouest, aujourd'hui, tu es sûr que ça va ?

Le grand blond acquiesce, pour se prendre une balle dans le nez plusieurs heures plus tard, à l'entraînement. Le coach siffle l'arrêt du match d'entraînement que tout le monde a de toute façon arrêté pour aller voir le lycéen qui est toujours assit par terre, redescendu de son saut brutalement.

- Hé, penche la tête en arrière deux secondes, crie Kageyama en lui attrapant le visage. Il faut un mouchoir ! Il saigne du nez.

Tsukishima grogne, et  on lui colle un papier blanc sous le nez, pour qu'il puisse pencher la tête en avant. 

Astuko apparait au bout du bras qui tient toujours le mouchoir, et elle l'aide à se relever.

- On va à l'infirmerie, mais je ne pense pas que ce soit grave, il n'a pas l'air d'avoir mal, dit-elle alors qu'il reste silencieux.

Elle l'entraîne dehors, l'aide à nettoyer son visage ensanglanté, tenant ses lunettes au passage, et posant sa main sur son épaule.

- Tu veux qu'on en parle ? demande-t-elle.

Il secoue la tête.

- Je ne crois pas que tu puisse m'aider pour une chose dont tu n'as toi-même pas la réponse.

Elle hausse les sourcils.

- Si je n'ai pas la réponse, je peux quand même t'aider à la chercher, non ?

Il la regarde, et finit par soupirer.

- Je ne sais pas quoi prendre comme université l'année prochaine.

- Tu es sûr que ce n'est que ça ?

Il ricane, attrapant ses lunettes au passage.

- Ça t'a bien stressée, toi.

Elle fait une moue désolée.

- Je ne pensais pas t'avoir refilé mon angoisse. Je suis vraiment...

Il la coupe d'un geste du bras.

- On peut y aller, maintenant ?

Atsuko pince les lèvres d'un air contrarié, et lui emboîte le pas. Elle ne sait pas quoi dire pour le rassurer, ni quoi faire. Ces derniers temps, c'est plutôt lui qui s'est occupé d'elle.

Quand Il s'arrête devant la porte pour l'ouvrir, elle l'enserre de ses bras, posant sa joue contre son dos.

- Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il sans conviction.

Elle hausse les épaules.

- Tu me prends dans tes bras quand j'en ai besoin.

- Mais moi, je le fais pour que tu puisse te blottir contre moi.

Elle le lâche pour qu'il se retourne.

- Tu es un peu grand pour ça, non ?

Il lui attrape le poignet, les éloigne de l'infirmerie, et s'installe sur une marche, dans les escaliers.

- Il faut que tu ailles te faire soigner... dit-elle inquiète.

Il arque un sourcil.

- C'est pas toi qui a dit que ce n'était sans doute rien ?

Tsukishima lui fait signe de s'assoir près de lui, et il peut retirer son mouchoir. Il ne saigne plus.

Il le met dans la poubelle accrochée au mur derrière lui en tendant le bras, et attend patiemment qu'elle ouvre ses bras pour s'y loger. Ce qu'elle fait, après un bref moment de réflexion. 

- Ne viens pas te plaindre après, soupire-t-elle.

Il se baisse, avant de s'affaler contre elle. La position est très inconfortable pour lui, mais il efface les courbatures de sa perspective pour se concentrer sur les mains de l'adolescente, qui parcourent ses cheveux et son dos paresseusement.

- Tu as déjà embrassé quelqu'un ? demande-t-il au bout d'un silence.

Elle répond honnêtement :

- Non, pourquoi ?

- Je peux t'embrasser ?

- Oui, murmure-t-elle.

Il se redresse, et se penche vers elle. C'est peut-etre la première fois qu'ils aussi proches l'un de l'autre, et elle se concentre le plus possible pour le regarder sérieusement, malgré le fait qu'elle devienne rouge coquelicot à vue d'oeil.

Tsukishima se penche d'avantage, mais c'est finalement elle qui réduit la distance entre leurs lèvres, en posant brutalement les siennes dessus.

Ils écarquillent les yeux, et il soupire, avant de la serrer contre lui, reposant sa bouche contre la sienne, par légers acoups.

Après tout, puisqu'elle n'a jamais embrassé personne et que lui non plus, ils n'ont pas à suivre de modèle trouvé sur internet, et peuvent chercher eux-mêmes leur solution.

Atsuko passe ses bras sous les siens et le serre aussi, l'air satisfaite. Le bruit léger de leurs lèvres humides l'apaisent : ça y est, elle a eu son premier baiser, elle trouve qu'il est loin d'être raté.

Quand ils s'arrêtent, malgré leurs progrès rapides, elle lui sourit, avant de l'embrasser sur la joue.

- Et voilà, c'est fait. On se débrouille bien, hein ?

Il sourit.

- Oui, c'était pas mal.

Elle rit doucement, et se cale dans ses bras.

- Ah... plus qu'à y retourner, hein ?

Il grogne et la serre contre lui plus fort.

- On doit passer à l'infirmerie, tente-t-il, tu te souviens ?

Elle lève les yeux au ciel.

- Allons-y ! Puisqu'il le faut...


« Tout le monde pense qu'être petit est plus préjudiciable que ça ne l'est en réalité. Même si le fait d'être plus petit vous désavantage au volley-ball, cela ne vous rend pas complètement impuissant ! » (Korai Hoshiumi)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant