Inéquation

9e point - 2e set

Quand elle ne va pas bien, Atsuko fuit. Pas loin de ses problèmes, mais dans les bras de quelqu'un en qui elle a une confiance totale.

C'est ce qu'elle a fait quand elle a déménagé. Elle a soudain frappé à ma porte.

C'est pour ça que lorsqu'elle a cessé de me donner de ses nouvelles pendant un mois, j'ai été très surprise, et tout aussi inquiète.

Je suis restée chez moi en attendant désespérément qu'elle frappe à ma porte, sans me douter qu'elle l'avait déjà fait, à la porte de quelqu'un qui était plus proche d'elle.

Je me lève dans un soupir contrit. Je suis fatiguée, et n'ai pas franchement envie d'assister à cette stupide réunion de pré-rentrée à laquelle je n'obtiendrais non-seulement aucune information intéressante, mais où je devrais en plus faire la potiche pour le recrutement de mon journal, qui ne recrute personne l'année prochaine.

Le bras qui m'empêche de sortir du lit semble l'avoir comprit, car il s'enroule autour de moi pour me tirer simplement vers lui.

- Testuro...

- Reste avec moi.

- Tu sèche ta réunion ?

- C'est demain.

Je ricane et me laisse enrouler dans le deuxième bras.

Dos contre son torse, je décide de rester, avec cet espoir quelconque que personne ne viendra frapper à ma porte pour me dire que je suis en retard. Ce qui ne tarde pas à se produire.

Quand la porte d'entrée s'ouvre toute seule, je souris.

- C'est pour toi, je dis à mon compagnon.

Ce dernier grogne.

- Pas envie.

- C'est Kemma.

- Mmm.

On frappe doucement à notre porte de chambre, et je me souviens qu'en réalité, si c'est le seul à entrer aussi vite dans le cas où personne ne répondrait, il est le quatrième à ma connaissance à avoir le double des clefs de chez nous. Si bien que finalement, ce n'est plus un double, mais sixième exemplaire.

- Tu peux entrer, je dis.

Ce qu'il fait plutôt naturellement, laissant passer la lumière du jour au travers de la porte coulissante.

- Non...

Je ris doucement et sors définitivement du lit.

- Je te le laisse, je dis à l'ancien coéquipier de mon compagnon. Tu veux boire quelque chose ? je demande ensuite.

- Un café, s'il-te-plaît, demande l'homme allongé.

- Je ne te parlais pas à toi, si tu veux quelque chose, lève-toi pour aller le chercher.

- Je veux bien un thé, s'il-te-plaît, répond la faible voix à côté de moi.

J'acquiesce et m'enferme dans la salle de bain. Dix minutes plus tard, j'en suis sortie, ai posé une tasse fumante sur l'îlot central de travail de la cuisine, et suis accroupie dans mon jardin couvert, à la recherche de feuilles de sauges à prélever pour faire sécher et infuser.

- Elle est encore inquiète pour son amie ? demande Kenma.

Il hausse les épaules.

- Je ne sais pas. Elle ne m'en parle pas. Mais l'autre jour, elle est partie deux nuits pour aller al voir. Elle était assez préoccupée.

Je reviens en faisant mine de ne pas savoir de quoi ils parlent, et accroche mes plantes pour les faire sécher.

- Comment s'appelle ton amie, Katsu ?