7e point - 1er set

426 40 9
                                    

- Un match avec Nekoma ? Alors vous allez à Tokyo ?

- On y va tous ensemble ! sourit Hitoka en levant joyeusement les bras avant de les agiter dans tous les sens.

- Tu vas tuer quelqu'un arrête, rit Atsuko en attrapant ses deux mains. Mais plus sérieusement, je ne sais pas si mon père va me laisser aller à Tokyo.

- Pourquoi pas ?

- Parce qu'il est surprotecteur.

- Et ta mère ?

- Elle se rangera à son avis. Il est très doué pour convaincre les gens, répond-elle alors que l'échauffement commence pour de bon.

- C'est pour ça que tu fais l'école à la maison ? demande-t-elle. Parce que tes parents veulent trop te protéger ?

La brune baisse la tête sur ses notes avec un sourire blessé.

- Non. C'est... c'est à cause de ça qu'ils sont trop protecteurs, plutôt.

- De quoi ?

Atsuko secoue la tête en prenant note.

- Rien. Ce n'est pas important.

- Oh ! Tu sais ce qu'on pourrait faire ? Tu pourrais venir chez moi. On pourrait préparer le voyage un soir en revenant du club, ou si ça te fait trop tard, un soir où on ne l'a pas. On pourra prendre un goûter et parler entre filles pendant qu'on fait la liste des choses à emmener.

- Mais c'est seulement une journée, sourit Atsuko d'un air désabusé.

Sa camarade secoue la tête.

- Non. Comme c'est loin, on en profite pour y dormir et faire des matchs entre nous le lendemain. C'est un peu notre excursion. Grâce à mes super affiches, nous avons un peu plus de fonds. Et grâce à toi... nous avons un peu plus d'argent aussi, dit-elle un peu plus bas.

C'est en le disant qu'elle s'est rendue compte que sa nouvelle amie n'était peut-être pas au courant de ce facteur.

Mais celle-ci ne semble pas surprise le moins du monde.

- Tes affiches ? demande-t-elle à la place.

- Je te montrerais. Alors, tu veux venir ?

Elles se sourient.

- Oui. Pourquoi pas. Et toi... tu pourrais passer chez moi ? Il faudrait convaincre mon père pour Tokyo.

Sans cesser de prendre des notes à la vitesse d'une machine, Hitoka acquiesce vigoureusement.

- Si ça peut te permettre de venir, tu peux compter sur moi !

- Merci. Tu es gentille.

- J'ai envie de devenir amie avec toi, lui dit-elle sur le ton de la confidence. C'est seulement en te rendant service et que tu me rendes services que ça arrivera, non ?

Atsuko se fige.

- Tu as... besoin de quelque chose ? demande-t-elle soudain prudente.

Et ce que ça a recommencé ? Déjà ? En dépit de tous ses efforts ?

- Bien sûr ! Je ne sais pas si je penserais à tout sans toi pour le voyage ! rit joyeusement Hitoka avant de froncer les sourcils de concentration. Regarde ça, il s'améliore à grande vitesse ! sourit-elle en lui montrant ses chiffres.

Mais sa voisine ne l'écoute pas vraiment. Elle tente de calmer les battements de son cœur qui ont accéléré d'une manière considérablement aléatoire.

Elle entend vaguement un rire qu'elle connait par cœur, et qui la fait longuement frissonner.

La main d'Hitoka se pose sur son bras et elle sursaute.

- Tu es super pâle. Tu vas bien ? lui demande-t-elle.

- J'ai un peu mal au cœur, ment-elle rapidement. Je vais boire un peu, ça devrait passer.

- Tu ne devrais pas y aller toute seule...

- Si tu viens, qui notera les résultats ? s'entend-elle dire en sortant.

Elle ne peut pas repenser à ça maintenant, si ? C'était il y a pourtant si longtemps...

Atsuko a brusquement la nausée, et ne sent plus ses jambes. Elle voit à peine les vingt mètres passer qu'elle est déjà devant les robinets, à les fixer comme si elle tentait de se souvenir de la raison de sa présence ici.

Elle s'accroupit devant, pose les mains sur ses oreilles sifflante, et récite la liste des décimales de pi, autant qu'elle en connaît, les quarante-trois premières, jusqu'à ce qu'elle se sente mieux.

Elle tend ses mains tremblantes vers le robinet, et ouvre l'eau. L'adolescente la regarde couler jusqu'à ce qu'elle s'arrête et mouille la totalité de ses bras, à défaut de pouvoir mettre sa tête dessous.

Elle se redresse en les secouant, et la tête rousse d'Hinata apparait, comme si elle sortait de nulle-part :

- Tout va bien ?

- Oui, ne t'en fais pas. Tu devrais y retourner.

Il sourit.

- Ne t'en fais pas. Je suis le plus rapide de l'équipe. Je ne serais pas absent trop longtemps. Tu as l'air mieux, ton mal de cœur est passé ?

Si seulement...

- Oui, merci. On peut y retourner ensemble, si tu veux.

Elle trottine jusqu'à lui, et ils retournent au gymnase.

Il revient, fier de lui, et dit rapidement à son amie :

- Elle était sur le retour.

- Je me suis vraiment inquiétée, tu sais. Si tu es fatiguée, tu peux rentrer chez toi, tu sais ?

Atsuko secoue la tête.

- La voiture n'arrive qu'à la fin du club.

- Oh, tu ne rentre pas à pieds aujourd'hui ?

Elle rentrait à pieds ses derniers jours, c'est vrai. Mais après s'être fait suivre par des types louches et avec son mal-être actuel, elle n'a pas nécessairement envie de faire le chemin toute seule.

- Je ne pense que ce soit intelligent de rentrer tout seul quand on ne se sent pas bien, dit-elle seulement en reprenant sa feuille de notes. Alors ? Qu'est-ce que j'ai manqué ?

Elle reprend ses notes comme si de rien n'était, calculant à toute vitesse les statistiques et donnant la fiche à Hitoka tandis qu'elle allait se changer.

- Tu as déjà calculé ?

- J'ai une... calculatrice. Dans mon téléphone. C'était assez rapide. Je te l'ai dit, je suis douée en maths.

Elle ne regarde pas sa petite camarade une seule fois dans ses explications, et celle-ci se contente d'un sourire lumineux :

- C'est génial ! Tu dois vraiment gagner du temps ! Je n'arrive pas à me servir de ma calculatrice aussi vite. C'est fou, quand même ! Au fait, tu es disponible quand pour venir chez moi ?

- Heu... je regarde... et je te redis, d'accord ?

- Pas de soucis !

Elle retourne à l'intérieur, et Atsuko attrape son sac.

- Dis, tu es sûre que ça ne te dérange pas ? redemande Yamaguchi en descendant les marches.

Elle secoue la tête.

- Non, je vous dépose sans soucis. Ne t'en fais pas.

Ils la suivent jusque devant le lycée, et montent tous les trois en voiture dans un long silence.


« S'ils s'adaptent à moi, je dois juste m'adapter à mon tour. Celui qui arrête de s'ajuster ne peut pas continuer à avancer. » (Tobio Kageyama)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant