14e point - 1er set

384 30 5
                                    

Atsuko les fixe uns à uns, assis en rang d'oignon, fâchée.

- Parce que vous croyez que si ça n'allait pas, je ne vous en aurais pas parlé ?! s'écrie-t-elle.

- Oui, c'est tout à fait ton genre, geint l'aînée. Mais penses-y. Tu ne nous parles pas de comment ça se passe, et tu t'es pris une balle dans la tête.

- Parce que ça n'arrive pas souvent quand on joue au volley, Aki ?!

- Si. Mais compte tenu...

- Vous ne me faites pas confiance, et au lieu de me demander comment ça se passe, et comment je vais, vous débarquez tous pour m'enfermer à la maison. C'est quoi la prochaine étape ? On déménage ? Comme la dernière fois ? Sans prévenir personne ?

- Il me semble que la dernière fois, ça s'imposait, répond sa mère les sourcils froncés. Et ça ne t'a pas dérangée, il me semble.

- A chaque fois que vous trouvez que quelque chose n'est pas bon pour moi vous me couvez, m'empêchez de respirer, et trouvez vous-même un moyen de régler le problème, d'une manière qui ne me plaît que rarement. Vous ne faites pas l'effort de parler avec moi.

- Parce que tu le fais, toi ? réplique Aki.

- A qui la faute si je ne le fais pas ?!

Elle pose une main sur son propre front, et leur tourne le dos, prise d'une violente envie de pleurer.

- Je vais me coucher, dit-elle finalement.

- Tu n'as pas encore mangé, dit Aki en se levant.

Leur père lui attrape doucement le poignet, et lui fait signe de laisser sa cadette tranquille pour le moment.

- Elle en a parlé avec plusieurs personnes, déjà. Je vous l'avais dit. Elle ne vois plus les choses comme avant. Ce n'est plus la petite chose qu'on devait protéger il y a quelques années. Elle commence à reprendre son mauvais caractère, elle ne se laisse plus faire, explique-t-il. C'est bien. Elle a changé dans le bon sens. Il faut la laisser faire, un peu.

Il rit doucement en la lâchant.

- Je n'arrive même pas à croire qu'elle se soit rendue compte de la raison de votre présence avant moi. Elle est loin d'être bête... Atsuko.

- Bien sûr qu'elle n'est pas bête. Elle ne réfléchit pas aussi vite que moi, mais elle n'hésite pas à pousser dans les calculs qu'elle fait. Elle voit loin. C'est une bonne chose, mais ça demande aussi qu'elle fasse beaucoup de probabilités. Et c'est dangereux. Parce que les humains avec lesquels on interagis au quotidien ne sont pas prévisibles.

Aki secoue la tête.

- Elle n'arrivera jamais à faire le tri. La dernière fois, ça ne s'est pas bien passé.

- Mais ce n'est pas la dernière fois, répond-il en se levant. Et comme une très bonne élève, elle apprend de ses erreurs. Même si c'est difficile.

Il soupire, et se frotte les genoux.

- Je ne sais pas lequel d'entre nous est le plus têtu.

Atsuko sèche son cours du matin le lendemain.

Elle se sauve en ville, et arpente finalement le parc avant d'aller au club. Elle va même jusqu'à penser à demander à Hitoka si elle peut la garder chez elle. Résultat, même si la voiture vient pour elle après le club, elle se sauve, envoyant un énième message secret à son père, pour lui dire où elle va.

Ces messages sont peut être la seule raison pour laquelle la police ne s'est pas encore lancé à sa recherche, ou même pourquoi sa sœur n'a pas débarqué au lycée.

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant