2e point - 1er set

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Il est facile lorsqu'on a un esprit scientifique de penser que la peur n'est qu'un calcul du corps humain pour rester en vie. Mais la logique ne suit pas lorsque les penseurs ne sont que des boules d'énergies naïves.

C'est cette idée qui poursuit presque littéralement Atsuko alors qu'elle aide Hitoka à remplir les gourdes. Et pourtant, elle connait ça.

Près de chez elle, il y a un terrain de basket en extérieur. Elle voit souvent les autres adolescents se regrouper là pour jouer. C'est quelque chose de normal pour elle de regarder les garçons courir dans tous les sens pour jouer avec une balle.

Les regarder hurler et sauter dans tous les sens, en revanche, ce n'est pas très habituel.

- Ils font tout le temps ça, laisse échapper Tsukishima en les aidant à porter les bacs. Tu ne dois pas avoir l'habitude du bruit, poursuit-il un peu plus railleur.

Atsuko hausse les épaules.

- Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, ils sont grands. Tout ce qu'on a à faire, c'est ne pas les laisser se blesser ou déshydrater, non ? Je ne pense pas que ça soit correcte de les restreindre.

Elle remonte ses manches, et Hitoka sourit.

- Oui, tu as raison. De toute façon, rien ne les arrête.

- N'est-ce-pas ? répond-elle.

L'adolescent soupire et se baisse pour aider à rincer les gourdes, pour les remplir à nouveau.

- Tu viens de quel lycée, alors ? demande la petite blonde au bout d'un long silence.

Atsuko secoue la tête.

- D'aucun. Je ne suis pas dans un lycée. Je fais l'école à la maison. Mes parents préfèrent.

- Et c'est pour ça que maintenant, ils se rendent compte que tu n'as pas d'amis.

- Tsukishima ! C'est pas une façon de dire les choses. Tu ne te rends pas compte que tu es blessant ? se fâche Hitoka.

Atsuko secoue à nouveau la tête.

- Ils veulent simplement que j'aille bien. Les amis, c'est seulement parce qu'ils ne veulent pas que je passe ma vie dans mes livres.

Elle secoue encore la tête, mais dans le vide, cette fois-ci.

- Il ne comprend pas. C'est rien, ça lui passera sûrement. Mais mon père ne veut pas que je passe ma journée toute seule.

Hitoka dodeline doucement de la tête avant de répondre :

- Il n'a pas tout à fait tort, tu ne devrais pas rester toute seule. Ce n'est pas bon pour les gens d'être trop solitaires.

Les lèvres de son interlocutrice s'incurvent lentementen un sourire.

- La solitude, tu sais, parfois, c'est la seule chose qui te laisse réfléchir !

Derrière elle, Tsukishima acquiesce.

- Si vous avez terminé de papoter, peut-être qu'on pourrait y retourner, dit-il d'un air morne.

Hitoka hausse les épaules, et tente de soulever le baquet. Elle manque de tomber en avant, emportée par le poids. C'est Atsuko qui rattrape le bac au passage, allégeant le poids.

- Tu vas bien ? Fais attention...

Elle ne se rend compte qu'à cet instant, Tsukishima aussi, a attrapé quelque chose au vol en même temps : les épaules d'Hitoka.

- Excellents réflexes, trouve le temps de penser l'invitée avant de prendre le baquet à la place de la petite manageuse.

Elle se retrouve donc à porter le poids lourd, tout comme Tsukishima pour le retour, tandis que la petite blonde s'excuse.

Ce n'est que la deuxième fois qu'Atsuko vient au club. Elle ne s'est pas encore habituée à tout le monde, mais elle se souvient sans peine de leur nom, rapidement mémorisé grâce à leur association à leur numéro de joueur. Un jeu d'enfant lorsqu'on manipule les chiffres du matin au soir.

- Tu rentre chez toi comment ? demande finalement Hitoka.

Ils sont déjà retournés à l'intérieur, et l'entraînement a repris depuis plusieurs minutes. Atsuko n'a pas entendu le début de la conversation, absorbée par le jeu dont elle commence à comprendre les règles.

- En voiture. Notre chauffeur vient me chercher, répond-elle distraitement. Et toi ?

Embarrassée, la lycéenne secoue la tête, les joues rougies.

- Eh bien, je prends le bus, en général...

- Tu veux qu'on te dépose ?

- Oh! Non, non! Tout va bien, ne t'en fais pas! s'écrie-t-elle.

Plusieurs têtes se tournent vers elles, interrompant brièvement le cours du jeu.

- Désolée! s'excuse tout de suite Hitoka.

Atsuko s'excuse à son tour, sans vraiment savoir de quoi, et le match d'entraînement reprend son cours. Chaque mouvement est analysé, puis associé à une formule mathématique, laquelle suit une règle bien déterminée dans son cheminement de pensées, et le tout rejoignant l'espace cérébrale auquel elle a voué cette partie de sa nouvelle routine.

Quand le club se termine, et puisqu'elle n'a pas besoin de se changer avant de rentrer, Atsuko propose à Hitoka d'aller se changer en premier comme tout le monde, pendant qu'elle commence à ramasser les ballons.

Elle compte chacun d'entre eux, et note mentalement qu'il en manque deux, par rapport à hier. Elle se met donc naturellement à leur recherche.

- Tu as perdu quelque chose ? demande Yamaguchi en revenant.

Elle secoue la tête.

- Je n'ai pas le compte des balles.

Il fronce doucement les sourcils.

- Il y en a combien, normalement ?

- Eux... vingt-et-un. Enfin, il y en avait vingt-et-un hier.

Il hoche la tête.

- Je vois. Je vais t'aider, tu as regardé dans le local ?

- Oui, mais je ne vois rien, la lumière ne s'allume pas.

Il lui donne alors son téléphone, pour qu'elle l'éclaire tandis qu'il cherche.

Hitoka et Hinata les regarde faire, sur le pas de la porte.

- Mais qu'est-ce que vous faites ? demande-t-elle.

Yamaguchi explique la situation, et Hinata demande :

- Parce qu'il y en a combien, d'habitude ?

Atsuko secoue la tête :

- Vous ne les comptez jamais ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Yamaguchi qui avait remis la tête sous l'étagère se la prend sur l'arrière du crâne en sursautant.

- Est-ce que tu vas bien ? s'inquiète Atsuko, tandis qu'Hinata et la manageuse plaquent une main sur leur bouche, les yeux grands ouverts.

Il se frotte l'arrière de la tête en souriant légèrement.

- Oui, oui, ça va.

- Mais qu'est-ce que vous faites tous les cinq dans le local ?

Ils se tournent lentement vers Tsukichima et son air vaguement intrigué. Celui qui les avait rejoint en cours de route n'était autre que Nishinoya, et la situation tourne au comique quand la lumière se rallume soudainement. C'était Nishinoya qui avait les deux ballons manquants.


« Les gens inutiles au sang chaud m'exaspèrent. » (Tsukishima Kei)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant