1er point - 2e set

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Elle est penchée sur le rebord de sa fenêtre, lui a posé le parapluie trempé d'une main tout en la tirant par le bras de l'autre.

- Sérieusement, tu n'arrives même pas à grimper à ma fenêtre ? On est au rez-de-chaussée !

- Ta fenêtre est haute ! rouspète-t-elle à voix basse.

- Elle n'est pas haute, tu es petite.

- Gnagnagna !

Tsukishima est maintenant à genoux sur son lit, et arrête de la tirer.

- Attends. On change de méthode. Accroche-toi à mon cou.

Elle sursaute et le lâche.

- Quoi ?! Mais t'es malade !

- Chut. Accroche-toi, je te dis, je vais te soulever, puisque t'es pas capable de le faire toute seule. Allez dépêche-toi, il fait froid !

Elle soupire longuement, mais finis par le faire.

Il frisonne que ses cheveux humides et froids se collent à sa peau, et enroule ses bras autour de sa taille pour la soulever d'un coup sec.

Il tombe à la renverse sur son lit, et évite de peu d'en tomber, lorsqu'elle s'écrase inconfortablement sur lui.

- Aïe, grogne-t-il.

- Pourquoi tu ne m'as pas fait rentrer par la porte ?

- Tu crois que ma mère serait d'accord pour que je fasses rentrer une inconnue à la maison en plein milieu de la nuit ? Qui a fait le mur à une heure du matin, hein ?

Il arrête de râler quand elle se redresse, et retire ses chaussures.

- Je n'ai pas fait de traces sur le lit ?

- J'espère pas, grommelle-t-il en se relevant à son tour.

- Tu vas où ? demande-t-elle en le regardant ouvrir la porte.

- Serviette, murmure-t-il en silence après avoir posé l'indexe sur sa bouche.

Atsuko acquiesce, et le regarde refermer la porte sans un bruit.

Il revient cinq minutes plus tard, avec une serviette de toilette dans les mains. Elle se sèche les cheveux avec.

En son absence, elle a posé son manteau sur le rebord de la chaise de bureau, et elle peut à présent frotter ses cheveux.

- Bon, et alors, ta punition nécessitait que tu te sauves de chez toi ? demande-t-il finalement.

- C'est pas ma punition, le problème... C'est qu'en plus de ça, je n'ai plus le droit de venir au club. Je ne sais pas si tu imagine dans quelle colère ça m'a mit, rit-elle dans un souffle. J'étais tellement en colère que je n'ai même pas réussi à parler, j'étais juste en train de bouillonner de rage sur le pas de la porte, et je n'arrivais même pas à mettre un pas devant l'autre, comment j'aurais pu les convaincre de quoi que ce soit ?

- Mais je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tes parents réagissent comme ça ?

Elle baisse les yeux et répond en marmonnant :

- J'ai eu des problèmes au collège.

- Quels genre de problèmes ?

Le genre qui t'enferment dans des pièces par "accident", ou qui te volent le contenu de ton porte-feuille. Ceux qui se moquent de toi parce que tu aimes les mathématiques, ou parce que tu rentre en bus alors que tes parents sont riches. Tu sais, "Pourquoi se donner à fond quand tes parents ont tout l'argent qu'il te faut pour ne rien faire ? Si tu n'en veux pas, donne-le-moi, mais arrête d'être aussi égoïste.".

Tsukishima souffle et lui balance une couverture qui arrive miraculeusement presque sur ses épaules.

Presque.

- Écoute, ce que je vais te dire, il ne faut pas que tu le prennes mal, mais à quel moment tu écoute ce que les gens te disent quand c'est des idioties pareilles ?

- C'était mes amies, Tsukishima.

- Ouais, bah tu les choisissais mal, tes amis.

- Je sais, d'accord ? Mais au départ, ils ne savaient pas que je venais de ce genre de famille. Mes problèmes ont commencé quand j'ai voulu raccompagner quelqu'un de ma classe. C'était un garçon, d'ailleurs, pas une fille, répond-elle avec humeur. Je voulais juste être gentille, pourquoi c'est parti aussi loin ? Au départ, elles me faisaient seulement des compliment sur mes notes. Et ensuite... J'ai dû arrêter d'aller à l'école. Je faisais des crises d'angoisses à l'idée de voir ces filles. Je ne dormais plus la nuit, et je n'osais plus aller à la cantine le midi, je ne pensais même pas à aller aux toilettes, je ne voulais pas qu'elles m'enferment dedans.

Atsuko finit par soupirer :

- C'est trop demander d'avoir une vie normale après ça ?

En la voyant de profil, les cheveux bruns plus ou moins devant le visage, il se dit qu'elle a plutôt de la chance de n'avoir en séquelle que quelques crises d'angoisses. Mais quand elle tourne la tête vers lui, il se souvient de la manière dont Yamaguchi se faisait traiter en primaire.

- Et à cette époque, ils n'étaient pas encore aussi inventifs, ce n'était que des sur-noms et des bousculades de petits.

Elle semble encore terrorisé. C'est ça, qu'il voit dans le fond de ses yeux. Quel genre d'efforts il lui a fallut faire pour être amie avec Hitoka sans la voir comme une chose dangereuse ? Combien de fois a-t-elle dû dire qu'elle avait travaillé dur sur les statistiques alors qu'elle savait les faire facilement de tête ?

- Tu devrais faire ce qu'elles t'ont dit que tu étais, finit-il par dire.

- Hein ?

- Tu devrais être égoïste. Peut-être que si tu l'avais été un peu plus à cette époque là, tu en aurais rapidement parlé à tes parents.

Elle lui fait un sourire triste.

- Je sais. Mais Katsu m'a appris à faire l'inverse.

- C'est qui ?

Il s'installe plus confortablement pour écouter la suite.

Cette fois, Atsuko commence à parler avec le sourire.


« Quelqu'un qui ne peut pas voir l'adversaire debout juste devant lui, ne peut pas vaincre l'adversaire qui se trouve au-delà ! » (Hajime Iwaizumi)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant