4e point - 1er set

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Atsuko arrive avant tout le monde toute la semaine. Elle entre dans le gymnase avec sa tenue de sport, passe un premier coup de balais, sort les ballons, et lorsque les membres du groupe entrent dans l'espace, elle a également déjà sorti les filets.

Les garçons s'occupent de mettre les poteaux en place, et Hitoka sort les bacs pour transporter les bouteilles.

Chacun en a une, ce qui leur permet en match d'en avoir une toujours pleine, puisque tout le monde ne joue pas nécessairement. Mais pour l'entraînement, la règle ne s'applique pas, puisqu'ils vont eux-même les remplir sur leur temps de pause, dans un vacarme épouvantable.

Atsuko s'assoit sur le banc, près de la maganeuse, et regarde ses notes par dessus son épaule.

- Tu fais des statistiques ?

- Oui. Pour voir leur évolution. Je note tout au brouillon dans mon tableau, qu'elle lui montre, et je refais le tout au propre en rentrant à la maison, Personne par personne.

Elle hoche la tête. Sa camarade note les services réussis ou ratés, les points marqués, et ainsi de suite.

- Si tu veux, je peux t'aider, de temps en temps, propose-t-elle. Je suis bonne en mathématiques, et ça te ferait moins de travail, si je t'aidais.

La petite blonde lui sourit de toutes ses dents :

- Oui, ça serait super ! Donne-moi ton numéro de téléphone, je t'envoie une photographie ce soir.

Elles se proposent de faire la moitié de la liste chacune, et l'échauffement se termine, l'entraînement commence.

- Pourquoi je ne m'occuperais pas de regarder aussi la moitié des joueurs ? demande-t-elle sans quitter le jeu des yeux.

- Ah oui ? demande sa voisine.

- Un point pour Tsukishima, répond-elle.

- Oh, merci.

Hitoka se reconcentre sur le jeu, et lui fait finalement glisser la feuille à la première pause.

Atsuko récupère de quoi faire dans son sac, et elle reproduit le bas du tableau, et note les croix déjà faites.

- Je n'aurais pas besoin d'un message pour la photo, du coup, dit-elle tout en écrivant. Mais je t'enverrais les résultats sans soucis. Et le tableau aussi. Peut-être que ça serait plus simple par mail ? Tu as mon numéro de téléphone en cas de besoin, de toute façon, débite-t-elle.

L'autre la dévisage, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Hum ? demande Atsuko en relevant la tête, sa prise de note terminée.

- Tu es très organisée.

Elle se raidit. A-t-elle recommencé ? Ses parents travaillent pour leur propre entreprise. Elle a pris l'habitude de les imiter petite, et se retrouve maintenant avec la même manière qu'eux de gérer les choses : efficacement.

Mais c'est peut-être un peu trop efficace et pressé pour une adolescente.

- Excuses-moi. Tu voulais dire quelque chose, ou tu avais une autre idée ?

Ce problème de communication ne l'aide pas non plus.

Elle secoue la tête :

- Non, non, ne t'en fais pas ! Tout va bien, je te laisse gérer.

Atsuko hoche la tête. Il ne faut pas croire, c'est quelqu'un de jovial. Mais son comportement a tendance à la désespérer un peu.

- D'accord. Si tu veux, on pourra... ajouter des données, puisqu'on est deux. Plus tard, mais comme tu as deux fois moins de travail sur ce point...

- Oui, c'est une excellente idée ! sourit Hitoka. D'ailleurs, je voulais le faire, mais ce n'était pas facile parce qu'il y avait beaucoup de choses à regarder !

Elle rit doucement, et Atsuko sourit. Voir les gens autour d'elle de bonne humeur, c'est ce qu'elle aimerait à tous les endroits dans lesquels elle se rend. Voir les gens heureux influence considérablement son humeur.

La suite se déroule comme l'adolescente pouvait se le figurer : les garçons crient, transpirent, éclatent de rire, boudent...

Elle s'amuse de plus en plus, depuis qu'elle commence à leur donner une identité propre dans sa mémoire.

- Attention !

Elle n'a pas le temps d'éviter le ballon, et se le prend dans le nez.

Atsuko en fait tomber ce qu'elle avait dans les mains, et ses feuilles de brefs calculs s'étalent par terre. Elle se tient le nez avec une grimace qui la rend encore plus douloureuse.

- Ah...

Yamaguchi panique :

- Le directeur nous avait bien dit de ne pas lui lancer de ballon !

Kageyama lève la main :

- Désolé. Je ne pensais pas que Tsukishima ne le rattraperait pas.

- C'est pas mon travail, d'attraper le ballon, rétorque ce dernier. Je dois l'arrêter ou le ralentir si ce n'est pas possible. Je ne peux pas faire attention à tout.

- Ah, euh... elle saigne... pâlit Hinata.

Atsuko se pince le nez, la tête en arrière, s'approche de son sac à l'aveugle, et en tire un paquet de mouchoirs en papier. Quelques secondes plus tard, sa tête est de nouveau baissée, les narines compressées par les doigts et le mouchoir.

- Je bais bien, dit-elle sommairement en allant ramasser ses affaires étalées par terre.

Elle regroupe le tout avec l'aide de Sasano, un seconde arrivé cette année, et Hitoka, elle aussi paniquée.

- On va t'emmener à l'infirmerie, décrète-t-elle.

- Pas besoin. Ça ne va pas saigner longtemps, et on va juste perdre du temps. Ce n'est pas le premier ballon que je me prends.

C'est un mensonge. Parce que pour se prendre un ballon dans le nez, il faut avoir des amis avec qui jouer à la balle, ou sortir près d'un terrain de sport. Ou ne pas être doué du tout et tout seul.

Mais une porte de voiture, un morceau de lit à baldaquin en sautant dessus. Ou encore... une branche d'arbre en courant. Mais la version ballon est tout aussi sobre, qu'elle sauve la dignité d'Atsuko. Aussi, elle se contente de faire comme si de rien n'était, son mouchoir sous le nez.

- Tu es sûre de toi ? demande Hitoka inquiète.

Atsuko hoche la tête, et s'installe de manière à voir tous les joueurs dont elle a la charge, assise en tailleur, et sa feuille sur le sol.

Les matchs reprennent, et son nez est presque oublié...

« Ne vous retenez pas. Il n'y a pas une seule chose dont vous devez avoir peur. » (Sawamura Daichi)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant