Inéquation

19e point - 1er set

- Les mathématiques...

- Qu'est-ce que tu marmonne ?

La petite blonde sursaute, et regarde Yamaguchi avec l'air le plus paniqué qu'elle a en réserve. Plusieurs jours se sont écoulés depuis qu'Atsuko l'a invitée chez elle, et Hitoka cherche toujours où est le grand secret dans le fait d'aimer les mathématiques.

Enfin... c'était du moins sa plus grande préoccupation... avant que le groupe entier ne se perde en forêt.

- Rien, rien...

Elle jette un rapide coup d'œil à la seule autre fille du groupe, avant de secouer la tête.

- J'étais juste perdue... dans mes pensées.

3 heures plus tôt

Hitoka frappe dans ses mains.

- Bon ! Puisque tout le monde est là, on va pouvoir partir ! Mais n'oubliez pas de rester sur le chemin, et à vue des autres. On ne va pas faire une course de vitesse, et il ne faudrait pas se semer dans la forêt...

Elle rit nerveusement, songeant que faire un petit cross un dimanche matin avec l'équipe au complet pour faire une sortie utile ensemble n'est pas la meilleure idée qu'elle ait proposée, surtout quand Atsuko rajoute :

- Et par pitié... ne vous blessez pas. Kageyama et Hinata, vous ne courrez pas ensemble.

- Hein ?!

Ils s'offusquent tout de suite.

- Mais pourquoi ?

- Si on vous laisse faire, vous allez courir à toute berzingue et on va vous perdre. Vous chercher dans la forêt n'est pas l'activité proposée, donc si vous pouviez éviter de nous y conduire...

Tsukishima et Yamaguchi ricanent, et dix minutes plus tard, un sac à dos avec leur déjeuner et une grande bouteille d'eau sur le dos, ils partent à l'aventure.

La première partie, c'est à dire l'aller est prévu en course lente. Le retour au pas, avec une longue pause et moment de détente entre deux.

Lancés dans la forêt depuis un moment, ils sont pourtant arrêtés quand Hitoka trébuche, et tombe. Dans l'improbabilité complète où il avait plu deux jours plus tôt, et par la présence tout aussi fortuite de cette pseudo falaise en terre le long de laquelle elle s'étend, elle se retrouve vingt mètres plus bas, les genoux écorchés, et la tête qui tourne.

Hinata est le premier à sauter pour la rattraper, mais finalement ne faire que la suivre dans sa chute, suivi de près par Tanaka, et Nishinoya, Kageyama, qui a tout de même prit deux secondes réelles de réflexion avant de se lancer, et les autres finissent par les rejoindre, sur leurs pieds, ou sur leurs fesses.

- Tout va bien ?

Hitoka a littéralement encore le derrière dans l'eau d'une rivière, et après un court débat sur l'idée lumineuse ou pas, de suivre le petit cours d'eau jusqu'à ce qu'il y ait assez d'eau pour rincer le visage et les bras de nos protagonistes.

- J'ai des pansements dans mon sac. Une fois que vous serez rincés, je vous les donnerez, pour ceux qui en ont besoin.

Ils hochent lentement la tête, pour les concernés, et se remettent sur leurs pieds pour suivre Hitoka et Atsuko.

Une fois arrivées, quelques mètres plus loin, la jeune fille les aide à se débarbouiller plus ou moins tous avant de leur mettre les pansements promis.

- Tu as la carte avec toi, Hitoka ?

- Oui, dit-elle en attrapant son sac posé à côté d'elle.

Elle l'ouvre, et cherche la vision satellite qu'elle a imprimé la veille pour se retrouver un peu dans la forêt. Le chemin ressortait au travers de la carte, aussi, elle n'en n'a pas cherché d'autre, puisqu'elle semblait assez clair. Elle en sort également un crayon, et son repas pour l'attraper dans le fond.

Elle la tend à son amie, qui la regarde longuement avant de demander :

- Il n'y en a pas une autre ?

- Non, pourquoi ?

- Parce qu'on sait qu'elle chemin on aurait du suivre, avec ça, mais pas celui qu'on doit reprendre pour rentrer.

- Je crois qu'on est à peu près par là, regarde, on voir la rivière, dit Hitoka en lui montrant une parte de la feuille.

- Hitoka.

- Oui ?

- Ce n'est pas là où on est, les arbres ne découvrent pas assez la rivière. On peut être avant, ou après. Attends.

Elle regarde attentivement l'échelle de l'image, et l'endroit où ils auraient dû s'arrêter pour manger. Logiquement, ils se sont arrêtés avant. Elle essaie de déterminer leur allure, et finit par trouver vaguement leur position... sur plusieurs dizaines de kilomètres de forêt.

- Tu aurais dû l'imprimer en plus grand, souffle-t-elle tout en réfléchissant.

- Mais ça ne tenait pas sur une seule feuille, dans ce cas.

- C'était pas grave, ça aurait été plus utile, répond Tsukishima penché au dessus de l'épaule d'Atsuko pour regarder à son tour.

Les autres se sont assis, d'autres "explorent" à vue de nez des environs.

- Pourquoi on ne fait pas seulement demi-tour ? demande soudain Hinata. On n'est pas vraiment perdus, si ?

- On n'a pas compté les cours d'eau qu'on a dépassés avant de s'asseoir ici, répond Yamaguchi. Donc on ne sait plus par lequel on est arrivé. Cette rivière a dû déborder, pour faire ça.

- On va les essayer un par un, on n'a pas le choix, soupire Atsuko en se relevant. Ne touchez pas à votre repas tant qu'on n'a pas retrouvé notre chemin, c'est important.

Ils reprennent leur excursion, et passent plusieurs heures à faire les cours, remarquant finalement que tous les arbres se ressemblent, et que des "falaises glissantes" sur plusieurs mètres se trouvent aux mêmes endroits à chaque fois.

Le capitaine de l'équipe finit par proposer qu'ils retournent à la rivière, et marchent jusqu'à l'endroit où elle est dégagée, quitte à faire plusieurs kilomètres de plus.

L'équipe se met en route dans une bonne humeur relative, quand le chemin tracé par l'eau se sépare finalement en deux.

- Et si on mangeait ? propose Tanaka. Il est une heure de l'après midi.

- Je suis désolée... c'est de ma faute...

- Pour une fois que c'est toi, j'ai envie de dire, tout va bien, soupire Kageyama.

- Qu'est-ce que tu sous-entends par là ? s'énerve Hinata.

- Que tu es un aimant à problème.

Il s'apprête à répliquer quand il se fait éclabousser par un cailloux jeté dans la rivière.

Ils se tournent de concert vers Atsuko, qui retire ses chaussures d'un air déterminé, ses chaussettes aussi, et s'assoit sur un petit rocher, qui la suspend à quelques centimètres de l'eau.

Elle sort son sandwich, et leur lance un regard las.

La discussion est close, et tous s'installent pour manger.

« Les choses que tu ne peux pas comprendre sont effrayantes, n'est-ce pas ? » (Tendou Satori)