13e point - 2e set

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- Alors, ça fait quoi de se prendre six points d'affilée ? nargue le numéro trois devant lui.

Mais Kageyama n'a pas le temps de répondre que le grand blond à côté de lui s'en occupe pour lui :

- Hey, quand n'est pas capable de frapper plus de dix balles par matchs sur les vingt lancées, je ne suis pas sûr qu'on puisse la ramener. Oh, pardon. Les balles que tu as frappées n'étaient pas pour toi, à la base.

Il lui offre un sourire terriblement mesquin, et son adversaire serre la mâchoire d'agacement.

Tsukishima roule des épaules avant de se remettre en place.

Maintenant qu'ils sont face à là où sont Atsuko et Kozume, il peut envoyer un regard de remerciements à la mathématicienne, qui lui répond par un sourire goguenard discret.

- Bon, alors, c'est qui, Tsuki-truc ? demande Katsu à voix basse.

- Pourquoi ? Tu n'as pas demandé à Kuroo en mon absence ?

Elle sourit vaguement.

- Il me semble que ça relève du secret amical.

Atsuko parvient à rire par dessus sa nervosité et sa gêne.

- On va vraiment parler de ça maintenant ?

L'étudiante la regarde avec l'envie manifeste de dire oui, pour finalement répondre :

- Si tu ne veux pas en parler, on n'en parlera pas.

Elle soupire de soulagement.

- Merci.

Puis, après une courte pause, elle répond :

- C'est le blond à lunettes.

- Sérieux ? Celui qui t'a regardé droit dans les yeux après avoir dit quelque chose aux verts ?

- Oui.

- Wow. Plutôt grand. Il est immense, en fait.

- Je suis en train de paniquer pour mon équipe, et je suis là accessoirement pour les supporter. On peut parler garçons plus tard, ou tu compte détourner mon attention de ce match ?

Katsu répond malicieusement en se rapprochant d'elle :

- Ah, ça, c'est à toi d'en décider.

- Alors je choisis le match ! répond Atsuko sans hésiter.

La jeune femme soupire d'un air désabusé, et recule un peu.

- Petite joueuse.

- Comment ça, "petite joueuse" ? Tu veux que je te rappelle qui j'ai laissé me peloter les seins parce qu'elle avait un complexe de taille ?

Kuroo penche la tête pour la regarder, puis sourit.

- Tu es une véritable amie, Atsuko.

Katsu lève les yeux au ciel et se replace à côté d'elle comme elle l'était avant de se rapprocher.

- Je ne suis pas sûre qu'ils ont une chance de gagner... soupire-t-elle.

Et finalement, après une fin de match aussi longue que laborieuse, Karasuno remporte le match.

- Enfin ! soupire Atsuko en s'étirant.

Le match aura finalement duré trente-neuf points, et ce n'est pas rien comparé aux points joué dans les autres sets.

- Je crois qu'ils commencent à fatiguer sérieusement, non ? demande Kozume en les regardant.

Kuroo sourit.

- Tu plaisante ? Les types de Karasuno sont increvables.

- Increvables ou pas, Hinata a l'air au bord du malaise, dit Atsuko en se dirigeant vers la sortie le pas rapide.

Quand elle arrive, Kageyama et Tanka sont en train de l'aider à marcher, courbés en deux.

- Mon pauvre, il faudrait que tu mange de la soupe, dit-elle en prenant le relais du passeur, bien plus grand qu'eux deux.

Hinata gémit pour toute réponse, et ils se trainent jusqu'à l'un de ces angles où ils peuvent se rhabiller tranquillement.

Il faut tenir le petit joueur pour qu'il enfile son survêtement, mais rapidement, tout le monde est prêt à partir de là.

- Ils saluent au passage Katsu et ses accompagnateur, et discutent quelques secondes avant de statuer sur la fatigue évidente de tout le monde.

- On rentre, finit par dire le coach avant d'étouffer un bâillement.

Ils montent dans le bus en file indienne.

- Ils ont l'air tellement contents que ce soit terminé qu'on ne dirait pas qu'ils sont satisfaits de leur victoire, commente le professeur en mettant le contact.

- Ouais, m'en parlez pas, soupire le coach.

Atsuko s'assoit près d'Hitoka, et un visage se penche par dessus elle pour demander, du siège derrière elles :

- Au fait, tu es vraiment amoureuse de quelqu-

- Stop, le coupe-t-elle. Ma vie sentimentale ne regarde personne, et surtout pas toi, Nishinoya.

- Pourquoi, c'est lui que tu aimes ? demande Tanaka d'un air railleur.

Tsukishima sourit narquoisement :

- Il est peut-être un peu petit pour avoir de si grands rêves, tu ne crois pas ?

Un brouhaha de protestation s'élève dans le bus et la voix d'Atsuko les couvre toutes en une seconde :

- Tu es gonflé. Parce que tu as beau tout avoir à porté de main, à quoi ça sert d'être aussi grand si ça ne te permet pas de regarder les gens en face.

- Au moins, ça me permet de les hisser à ma fenêtre, lui répond-il sans se départir de son sourire.

Le bruit revient, et elle se réinstalle correctement à sa place, boudeuse.

- De quoi il parle ? demande Hitoka.

- De rien. C'est rien.

- Hé, oh ! Un peu de calme, derrière ! réclame le coach Ukai en criant.

Les joueurs baissent le volume petit à petit, et le trajet se termine dans un silence pesant.

- Tu n'étais pas obligé d'être aussi méchant, lui dit-elle en sortant du bus.

Il hausse les épaules.

- Je ne suis pas plus méchant que d'habitude.

- Tu attaques les gens sur des arguments qui les touche personnellement, mais comme si ça ne t'affectait pas toi. Tu as raison, ce n'est pas toi qui est visé par tes propres mots, et heureusement. Mais pense à quelque chose de blessant que tu n'aimerais pas qu'on te dise, et imagine qu'on le retourne contre toi.

- Je t'ai blessé ?

- Pas moi. Mais je sais ce que ça fait. Et même si tu as l'impression que ce n'est rien, les mots font mal, Tsukishima. Et tu viens de blesser un adolescent qui te côtoie tous les jours et qui joue au volley dans ton équipe.

Elle ne lui a pas parlé devant tout le monde. En fait, il n'y avait qu'eux, quand elle lui a parlé. Mais à la tête qu'il fait quand il rejoint Yamaguchi, ce dernier devine que ça n'a pas dû être une partie de plaisir, quels que soient ses mots.

Ils passent devant l'attroupement de garçons qui attendent le bus en compagnie d'Hinata et de son vélo, et il dit sans s'arrêter :

- Désolé pour tout à l'heure.

Ils le dévisagent pendant qu'il met son casque, et s'éloigne, sans ralentir l'allure.

Kageyama le regarde partir, les lèvres pincées.

- Ben tu vois, toi aussi, tu as de l'égo.

« Parfois, les choses que vous commencez sur un coup de tête finissent par devenir très importantes pour vous aussi. Pour commencer, je pense que vous avez besoin d'un peu de curiosité. » (Kiyoko Shimizue)

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