Les enfants aiment dessiner, peindre, ou créer des choses avec leurs mains. C'est peut-être parce qu'ils sont naturellement créatifs lorsqu'ils sont petits, mais c'est cette envie de faire les choses moi-même qui me plaisait dans la peinture.
J'en faisais depuis l'école maternelle, et j'adorais ça. En fait, j'avais même demandé à mes parents si je pouvais prendre des cours.
Ce n'était pas grand chose, deux heures par semaines, mais j'adorais ça. Et c'était quelque chose qui me passionnait vraiment. Je ne passais plus devant un magasin sans vouloir regarder les toiles ou les pinceaux. Je lisais des livres bien trop compliqués, dans lesquels je ne comprenais que les images.
Mais je ne passais pas seulement quelques heures à étudier la peinture. Je le faisais dès que je rentrais de l'école.
Au départ, je me souviens que ma maîtresse avait dit à mes parents que c'était fantastique. J'avais trouvé mon activité extra-scolaire, il fallait s'en réjouir.
Et puis ensuite, j'ai voulu participer à des concours. Alors mes parents m'ont emmenée. Je n'étais pas la plus douée, mais je ne passais pas tant de temps que ça dessus, alors ça m'allait.
Jusqu'au jour où j'ai voulu vraiment progresser.
J'ai demandé à ma mère si je pouvais avoir plus de cours. Elle a accepté. Mon père se plaignait que je passais trop de temps à peindre. En fiat, je passais de plus en plus de temps devant un chevalet, et je commençais à dessiner en cours, à sauter le goûter en rentrant de l'école, à ne plus faire mes devoirs... Je me couchais à pas d'heure pour pouvoir travailler un peu ma peinture, et mes parents ont trouvé que j'en faisais trop.
Je ne sais pas exactement comment ça s'est passé. Mais très rapidement, mon professeur est venu de moins en moins. Une fois par semaine pendant un mois, puis une fois toutes les deux semaines, et finalement, il m'a dit devoir arrêter de venir.
Je suis allée voir ma mère, je lui ai demandé pourquoi.
Elle m'a simplement répondu que ce n'était qu'une activité, et que tant que je ne remonterais pas mes notes, je ne pourrais pas reprendre.
Elle ne m'avait pas confisqué mon matériel, alors je n'en n'ai fait qu'à ma tête, et j'ai continué.
Je pense que mes parents voyaient la peinture comme une simple activité. C'était en réalité la première passion que j'avais eu.
Mais à force de faire de la peinture toute seule, et à tenter de reproduire des toiles, je me suis mise à arrêter de progresser. C'était en train d'empirer. Je n'arrivais plus à poser une seule couleur sans que je ne trouve plus de sens à ce que je faisais. J'avais dix ans. Je n'étais pas une experte. Loin de là.
Plus personne ne pouvait me dire comment je devais faire.
Je me suis tournée peu à peu vers les mathématiques. Ça, au moins, je pouvais le faire toute seule et progresser.
Et...
J'ai commencé à me faire embêter au collège. Et un jour de pluie, je me suis énervée de n'arriver à rien, et j'ai tout jeté par ma fenêtre. Toutes mes peintures, tous mes cadres, croquis. J'ai tout jeté.
Une fille m'avait dit que si je m'estimais bonne en peinture, j'étais totalement en train de me voiler la face, et je savais que c'était vrai. Je ne peignais plus. Comment pouvais-je être meilleure qu'elle ?
Assit en face de moi, il soupire.
- Plus je t'écoute parler, et plus j'ai l'impression d'écouter « Les malheurs de Sophie ».
Je ricane.
- Ouais, enfin bon, Sophie, c'est un personnage de livre, elle.
- Peut-être. Et ses aventures étaient palpitantes, elles.
Il me fait un sourire ironique, et poursuit :
- Alors le tableau que tu as dans ta chambre, c'est bien toi qui l'a peint.
- Oui.
- Et parce que tu passais trop de temps à la peinture, tes parents ont arrêté de te payer des cours.
- Oui.
- Pauvre petite fille.
Il dit ensuite plus sérieusement :
- Je comprends ce qu'ils voulaient faire, mais le timing était vraiment mauvais.
- Tu peux le dire ! Ce qui me fait de la peine, c'est que mon professeur l'aurait sûrement vu, que je n'allais pas bien. Et c'est peut-être ce qui m'aurait aidée. Mais il est parti trop tôt pour ça.
Je regarde mes mains.
Il va falloir que je rentre bientôt.
Même si j'avais pour principe de faire le mur, je ne voudrais pas que mes parents lancent la police à mes trousses. Et je ne voudrais pas que Tsukishima ai des problèmes.
Il semble lire dans mes pensées et me propose :
- Je te raccompagne chez toi ?
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, mais merci pour l'offre.
Il hoche la tête.
- Oui. Tu me tiens au courant ? Si tu ne peux plus venir au club... envoie un message. Je t'aiderais à faire le mur.
- Et si je me fais aussi punir de téléphone ?
- Envoie des signaux de fumée.
- Parce que tu viendrais vraiment me chercher ? je demande curieuse.
Il secoue la tête en riant.
- Non, sûrement pas, j'enverrais les autres zouaves.
Je ris de bon cœur.
- C'est le plan idéal pour ne pas se faire pincer.
- Personne ne croira que c'est à cause de moi qu'ils frappent à ta porte.
- Tu te seras contenté d'une remarque sarcastique, j'imagine ?
- Tu imagines bien, sourit-il.
- Il parait que je suis assez bonne pour ça, je réponds d'un air faussement hautin.
Je me lève.
-Merci, en tout cas.
- Je t'en prie. Prends soin de toi. Et sans rire... essaie de me donner des nouvelles. Ou à Hitoka. Si tu as besoin d'aide, je me contenterais d'un "SOS" envoyé par la poste.
- Bien monsieur.
Il me raccompagne jusqu'à la porte, et j'enfile mes chaussures, qu'il me ressort du placard.
Au final, je n'aurais pas mangé grand chose, et lui non-plus. Mais bon. J'ai réussi à lui raconter mon histoire en quatre chapitres, et ça, ça n'a pas de prix.
« Sous mes yeux, cela me bloque le chemin. Un mur haut et haut. Quel genre de scène est de l'autre côté? Que vais-je pouvoir y voir? «La vue d'en haut». Un paysage que je ne pourrai jamais voir par moi-même. Mais si je ne suis pas seul, alors... je pourrais peut-être le voir. » (Shoyo Hinata)
VOUS LISEZ
Inéquation
FanfictionPasser le temps. Passer le temps en se faire des amis. C'est la mission qu'Atsuko s'est confiée cette année pour que ses parents la laissent tranquille, entre deux révisions pour intégrer ce superbe programme de mathématiques avancé. Et pour la prem...
