1er point - 3e set

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A la surprise de tout le monde, à l'entraînement suivant cet épisode, Atsuko arrive au lycée en robe, son sac en bandoulière sur l'épaule, et son air souriant étonnamment différent de celui de d'habitude.

Autre fait intrigant, elle passe un temps incroyable, une quinzaine de minutes sur toute la séance, à parler avec Tsukishima, qui l'observe du coin de l'œil de temps à autres.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, dimanche ? demande Yamaguchi entre deux goulées d'eau.

Le blond hausse les épaules.

- Rien, pourquoi ?

- Après que je sois rentré chez moi, il a bien dû se passer quelque chose. On dirait que vous êtes différents.

Il hausse un sourcil derrière ses lunettes.

- Tu ne t'imaginerais pas des choses ?

- Non ! s'écrie-t-il. Je suis sûr de ne pas être le seul à l'avoir remarqué !

- Remarqué quoi ? demande Hinata tout joyeux en venant chercher à boire, lui aussi.

- Tsukki et Atsuko, dit le brun en ignorant le regard noir de son meilleur ami.

Le petit roux les regarde tous les deux à tour de rôle, puis se retourne pour regarder Atsuko.

- Ah ? Pourquoi ? Ils sortent ensemble ?

Il soupire :

- Quoi que ce soit, ça ne vous regarde pas. D'accord ? Fichez-moi la paix, un peu.

- Sur quel sujet ? demande Tanaka en s'approchant à son tour. Hum...! On dirait que les sujets sont intéressants, ici ! Vous parlez de quoi ?

Tsukishima s'éloigne, pour ne pas avoir à entendre quoi que ce soit.

C'est pourtant peine perdue, puisque quelques secondes plus tard, les rires et les exclamations étouffées fusent dans le gymnase.

- Qu'est-ce qu'ils ont ? demande Hitoka.

Atsuko hausse les épaules, tout aussi intriguée qu'elle. Mais peuvent-elles réellement s'immiscer dans les conversations des autres comme ça ?

Elle sourit avec un haussement d'épaules.

- Selon ce que c'est, on en entendra bientôt parler, finit-elle par se décider. Comment s'est passé ta soirée, hier ? Tu as pu parler avec ta mère de ton nouveau projet d'affiches ? Je t'aurais bien aidée, mais... Je ne suis pas vraiment bonne pour faire de la com'.

Elle lui fait un sourire radieux.

- Oui, ne t'en fais pas ! C'est tout réglé. Elle m'a donné des pistes. D'ailleurs, j'ai fait trois brouillons, tu pourrais me donner ton avis ?

Atsuko sourit à son tour.

- Bien sûr !

Sa petite camarade blonde sort les feuilles de sa pochette, et lui tend fièrement.

- Et voilà ! Qu'est-ce que tu en pense ?

L'adolescente les regarde avec attention.

- Elles sont vraiment bien ! Mais je préfères celle-là.

- Ah bon ? J'avoue que c'est le projet que j'ai le moins avancé. J'ai finis par oublier ce que je voulais en faire, alors j'ai arrêter de le pousser.

Atsuko hausse les sourcils.

- Tu t'es perdue en cours de route ?

- Oui... en quelque sorte. Je n'aime pas ça, mais je me suis dit qu'avec un peu de temps, j'allais peut-être retrouver mon idée de base. Même si je n'y crois pas de trop.

- Ne t'en fais pas. S'il ne t'inspire pas, ne le prends pas.

- Mais tu as dit que c'était celui que tu préférais ?

- Et ? Ce n'est pas l'avis d'une divinité, ce n'est que le mien. Et puis, même si une divinité te disait ce que tu dois faire, tu ne devrais pas l'écouter. C'est toi qui fait ce travail, pas moi. Je ne peux pas savoir ce que tu as en tête, ou ce que tu es capable de faire à l'avance.

- C'est vrai...

- Et puis, c'est mon avis de personne qui n'y connait rien, en plus ! J'aime aussi celle de droite. Je pense qu'il faut voir ce que ça donne une fois terminé. Prends un chemin, et vas jusqu'au bout.

C'est une chose que sa sœur lui avait dite, pour l'encourager après qu'elle ait arrêté l'école. Mais est-ce que c'est vraiment la route à choisir ? Elle n'en n'a pas parlé à Tsukishima, mais le programme qu'elle vise nécessiterai qu'elle aille vivre avec sa sœur, à trois heures de route d'ici. Alors... peut-être qu'elle ne fera pas partie des membres de l'équipe, l'année prochaine.

Les rires des garçons se font plus forts encore, et Hitoka fronce les sourcils.

- Le coach ne s'est absenté qu'une seconde, mais s'il revient dans cette ambiance, ça va barder !

- Les garçons ! intervient la petite blonde en allant vers eux. Remettez-vous au travail, s'il vous plait !

Mais elle n'a pas fait deux pas qu'Atsuko entend :

- Parlez moins fort, elle va vous entendre.

Cette réplique la fige, surtout lorsque non pas un, mais quatre garçons lui lancent un regard discret, comme pour s'assurer qu'elle n'a pas entendu. Deux rires plus tard, ils se remettent au travail, et quand Hitoka revient, fière d'elle, Atsuko est encore au bord du malaise.

- Hé, assieds-toi, s'inquiète-t-elle tut de suite.

L'autre secoue la tête et lui donne sa planche et son crayon, avant de sortir prendre l'air.

Elle écoute le bruit des rebonds de ballons sans que personne ne vienne la déranger et pourtant, elle ne parvient pas à se calmer, profitant pleinement de cette angoisse perplexe qui lui noue la gorge.

Elle connait les garçons, peu importe le sujet sur lequel ils discutaient, ils ne pensaient certainement pas à mal, et c'était même à garder sous silence parce que c'était vraiment bête. Mais elle ne parvient pas à se détacher de ce souvenir des gens qui disaient cette phrase, comme une formule magique qui lui faisait comprendre que quel qu'était le sujet, elle en était l'origine, et que ce n'était pas agréable.

Elle se souvient des rumeurs, de ce qui pouvait bien circuler sur son sujet, ou de ses camarades de classes qui faisaient comme si de rien n'était, ne disant cela que pour éviter de se considérer comme des harceleurs, et avec une pitié dont elle se serait volontiers passée.

Atsuko se met à réciter ses décimales, dans une litanie qui ne lui avait pas manqué, mais qui commençait à dater.

- Tout va bien ?

Elle sursaute, la main sur le cœur.

C'est Tsukishima.

Il ramasse le ballon à côté d'elle.

Il avait dû sortir en dépit du filet, et le lycéen était passé le chercher.

- Pas vraiment.

- Est-ce que ça peut attendre tout à l'heure ?

Elle n'a même pas remarqué que son angoisse s'est évaporée. Elle se contente d'hocher la tête.

- Oui.

- D'accord.

Il lui fait un léger sourire.

- Je vais finir psychologue ou expert en relations humaines.

Elle lui met un coup sur l'épaule en riant, le suivant à l'intérieur.

- Ne dis pas des choses aussi stupides !

- Je vais essayer.

Les adolescents à l'intérieur les fixent une seconde avant de se lancer un regard entendu, et l'entraînement reprend.


« Je ne m'en n'étais pas fait un ami, mais un premier partenaire. »(Shoyo Hinata)

InéquationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant