Chapitre 27

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Deux heures plus tard, j'attrape le SmartJamie et demande à Fred s'il peut venir. J'imagine que Jamie dispose d'une armée de Fred s'il m'a attribué celui-là juste pour moi. En tous cas je l'espère parce que s'il a besoin de lui, je n'ai aucun autre moyen de me rendre en ville. La réponse est simple et précise.

Je pars tout de suite.

Je patiente sur les marches du perron et j'en profite pour écrire à ma mère avec mon Samsung.

"SmartJamie", "Sam"sung. Je n'y avais pas pensé avant. Je me mets à rire toute seule. Je suis folle. Avec une légère angoisse, et un vestige de chagrin, je supprime les messages de Thomas. C'est bizarre quand j'y pense. Je m'étonne moi-même d'aller aussi bien. Je ne pète pas la forme non plus, mais pour la fin d'une si longue relation, je m'en sors bien. Après quelques minutes et quelques photos effacées, la voiture noire se gare devant le portail.

Je m'installe sous les regards insistants de Jeffrey et d'Edden. Bon sang, je ne risque pas de me faire égorger. Fred me salue avec pudeur et courtoisie. Je reconnais son odeur d'after shave à la menthe poivrée que j'avais déjà sentie le soir où il m'a raccompagnée. Cette odeur est sécurisante. Elle m'est familière sans que je ne sache vraiment pourquoi.

- Où? M'interroge Edden.

Hein ??

- Pardon?

- Vous allez où?

La vache... "Où?" C'est une phrase ça? Il est bizarre lui.

- J'aimerais faire du shopping, dis-je en m'efforçant de ne pas me laisser impressionner par la demie tonne de muscles qui m'entoure.

- Quel magasin?

Bon sang, ce qu'il est froid...

- Un magasin de vêtements.

Je force un sourire ironique pour qu'il en fasse autant mais il détourne les yeux vers Fred en me foutant un sacré vent. Il murmure des trucs en anglais à toute vitesse que je ne comprends pas et Fred démarre la voiture. Jeffrey est resté silencieux. Je me rends soudain compte que je n'ai pas encore entendu le son de sa voix depuis que je le "connais".

Fred gare la voiture le long d'un trottoir à Beverly hills. Je scrute la rue et constate que des magasins de prêt à porter féminin regorgent. Je n'ai pas le souvenir d'être déjà passée par cette rue avec Nate. J'ai acheté ma robe dans un autre coin de Beverly Hills. J'extirpe des lunettes "mouches" de mon sac à main. Je ne les aime pas trop, mais ça évitera peut être qu'on me reconnaisse. Il est n'est que neuf heures et demi mais la ville est bel et bien réveillée. Pourvu qu'on me laisse tranquille.

Après trois ou quatre magasins, jusqu'à présent "incognito" et sous bonne escorte, je déchante... C'est trop cher. Il n y a rien en dessous de cent cinquante dollars. Je reviens sur mes pas pour m'approcher de mes deux "anges gardiens" qui s'efforcent de me surveiller à distance. Je choisis d'aller voir Jeffrey.

- Est ce qu'il n'y aurait pas ... Un quartier... Moins... Prétentieux?

J'ai dû chercher mes mots pour éviter de dire clairement " je suis fauchée mon ptit gars". Il ne semble pourtant pas trop comprendre ma requête vu comment son sourcil se dresse en l'air.

- C'est trop cher, dis-je doucement.

Son visage s'attendrit légèrement.

- Tu veux aller où?

Sa voix me surprend. Elle est étonnamment douce. Trop douce pour sa carrure de molosse.

- Est-ce qu'il n'y aurait pas un H&M?... Zara... Mango?

Est ce qu'il n'y aurait pas un mini "Barbes" ou un mini "Belleville" à Los Angeles?

Un demi-sourire se forme sur son visage chocolat au lait. Merde alors ! Les sourires en coin, c'est leur marque de fabrique dans la "Team Jamie"? Si c'est le cas, ils devraient déposer un brevet.

- Okay, dit-il soudain.

Nous retournons dans la voiture et après quelques minutes, on me dépose devant un immense H&M sur trois étages. Je suis au paradis. J'y passe bien presque deux heures. Je plains les trois hommes qui patientent, contraints.

Un jeans assez fin, deux robes, trois hauts et une paire d'escarpins font mon bonheur. Je m'en sors pour à peu près le prix de la robe que j'ai acheté il y'a deux jours. La vendeuse qui m'a encaissée n'a cessé de me regarder avec insistance. Je suis sûre qu'elle se demandait où elle a déjà vu ma tête.

- On peut rentrer, dis-je à Jeffrey.

Celui-ci à l'air étonné en ne voyant qu'un seul sac dans ma main. Il doit être habitué à plus scandaleux comme shopping.

- Monsieur Donran a réservé une table pour toi dans un restaurant, me dit-il soudain.

Mon coeur fait un 360°.

- Euh... Pour moi? Est ce qu'il déjeune avec moi?

- Il me semble que non.

La déception oblige mon coeur à refaire un 360°, cette fois dans l'autre sens. Hors de question de manger seule au restaurant. Voir des gens manger seuls m'a toujours fait une drôle d'impression. Ça me fait de la peine... Je préfère encore jeuner.

- Je préfère déjeuner plus tard, chez moi, dis-je un peu confuse.

- Bien, rétorque-t-il froidement.

Je demande à passer en voiture dans le quartier des affaires dont Nate m'a parlé: Le Downtown. Histoire de tâter le terrain pour mon stage. Encore une fois, je déchante. C'est une jungle de building. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Finalement, je me dis que je n'arriverai à rien sans aide. J'ai le cafard. Cette constatation achève mon désir d'exploration. Je demande à rentrer.

Pour une première sortie, personne ne m'a reconnue et je n'ai pas vu de photographes cachés derrière des buissons, c'est plus raisonnable de m'en tenir à ça pour aujourd'hui.

En me préparant un sandwich dans la cuisine de Nate, je me rends compte que j'ai oublié mes achats dans la voiture. Fait chier.

Je mange au bord de la piscine, les pieds dans l'eau.

J'ai une envie folle d'aller à la plage mais je ne me vois pas déranger Jeffrey pour aller juste en face de la maison. C'est ridicule. Je m'en tiendrai à la piscine qui est de toute façon un privilège à mes yeux.

Un peu plus tard, pendant que j'enfile un maillot de bain, le vibreur de l'I-phone me hèle.

Jamie

C'est bien la première fois que je me retrouve comme un con, au restaurant. Merci Sam.

#se.faire.poser.un.lapin

Miss GreyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant