Ils avançaient d'un pas traînant, la tête basse. Akaashi et Bokuto ouvraient la marche. Daichi et Iwazumi, perdus dans leurs pensées, suivaient quelques mètres plus loin. Keiji savait qu'il était inutile d'insister. Si les deux autres ne voulaient pas parler de ce qui s'était passé, ce n'était sûrement pas lui qui allait mettre les pieds dans le plat. Hajime avait perdu son meilleur ami. Daichi avait été salement mordu. Néanmoins, Akaashi était surpris qu'il le prenne comme ça. Le chef était un dur, il en fallait pour l'atteindre. Non. Quelque chose s'était passé là-bas. À la piscine. Quelque chose qui l'avait totalement retourné. Comme s'il avait croisé le regard de la mort en personne.
Peut-être accusait-il le coup à cause de sa blessure, parce qu'il pressentait que celle-ci avait de grandes chances de s'infecter : les adultes étaient dès pestilence sur pattes, porteur de tout ce que la création pouvait compter de microbes. Encore heureux qu'il ne soit pas entré dans l'eau. Cela dit, la vieille qui l'avait mordu avait l'air plus que putride.
Mais pourquoi s'était-il glacé, subitement ? En un éclair, il avait perdu toute ardeur au combat, passant d'un furieux déchaînement de violence qui l'avait vu défoncer des crânes à coups de manche de pioche à une totale paralysie, comme s'il avait été changé en statue de sel. Avait-il perdu son courage ?Ça ne pouvait pas non plus être ce qui l'attendait en rentrant au camp puisque Daichi savait bien que personne ne le tiendrait responsable de ce qui était arrivé à Oikawa. Après tout, c'était Iwazumi qui avait eu cette idée stupide de la piscine. D'ailleurs, même à lui, on ne pouvait pas lui reprocher grand-chose. Comment aurait-il pu prévoir qu'ils allaient tomber dans une embuscade ? Ça ne ressemblait pas du tout aux adultes. Le plus souvent, ils étaient balourds, ramollis du bulbe et totalement vaseux ; pas davantage capable d'élaborer une stratégie que la meute de chiens à laquelle ils s'étaient heurtés un peu plus tôt dans la journée. Pourtant, ceux-là avaient agi ensemble, de manière ordonnée, en équipe.
Combien en avaient-ils descendus ? À lui seul, Akaashi en avait compter au moins sept. Mais cela ne signifiait pas qu'ils étaient morts. En traversant la réception, au moment de quitter les lieux, il en avait croisé deux qui gisaient sur le sol, parfaitement immobiles.
Il avait perdu une trentaine de billes dans l'opération, peut-être plus. Quant à essayer d'en récupérer certaines a l'issue du combat, ç'aurait été du suicide. Heureusement qu'il en avait tout un stock à Waitrose. Quoi qu'il en soit, ça faisait beaucoup en une journée. À ce rythme-là, il serait vite à court. Il lui faudrait donc en trouver d'autres, sinon il devrait commencer à récupérer des pierres.Mince, ça lui ferait mal de devoir dire adieu à ses billes d'acier.
Sa cheville le lançait. Il se l'était tordue en sautant par-dessus les tourniquets. Décidément, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Ils devaient faire peine à voir. Iwa en particulier, qui s'était fait salement secouer et qui était couvert de la tête aux pieds d'une épaisse couche d'immondices et de sang séché. Dieu merci, pour autant qu'on pouvait en juger dans son état, ce sang ne semblait pas être le sien. Le seul qui paraissait indemne, c'était Bokuto. À croire qu'il était en fer, celui-là.Dans les coups durs, Akaashi appréciait les qualités de Kōtarō et, inversement, celui-ci pouvait toujours compter sur lui. Le reste du temps, ils ne se parlaient pas plus que ça. Cela lui faisait bizarre de marcher à ses côtés, qui plus est en tête de peloton, une position inhabituelle pour lui.
Sans qu'il sache trop pourquoi, des souvenirs de voyages en voiture lui revinrent en mémoire, et il se revit en compagnie de son père, de sa mère et de ses trois frères, à bord de la berline familiale, assis systématiquement à l'arrière (déjà...) près de la fenêtre, à travers laquelle il regardait défiler le paysage sans se mêler aux disputes de ses frères. Il se rappela aussi les rares fois où il prenait la voiture avec son père, seul, et qu'il s'asseyait devant, sur le siège passager. C'était fou à quel point ce léger changement de perspective pouvait tout bouleverser. Subitement, il avait l'impression d'être sur un pied d'égalité avec son père. Et comme c'était agréable de l'avoir pour lui tout seul ! Il ressemblait tant à Keiji. Taciturne, distant, et toujours l'air préoccupé.
Ils étaient tous morts à présent. Les cinq.
A commencer par son père, qui avait été une des premières victimes de l'épidémie. La nouvelle avait fait la une des journaux : Le mal mystérieux qui s'est abattu sur le pays fait une nouvelle victime. Un père de famille décède. Et puis les morts s'étaient succédé, partout dans le monde entier. D'ailleurs, très vite, les journaux avaient cessé de faire état de ces cas isolés pour ne plus annoncer que les quartiers, voire les villes entières, touchés. Tout était arrivé si vite que les gens n'avaient même pas eu le temps de paniquer, ils étaient en état de choc. À la suite de la disparition de son mari, sa mère était devenue totalement fébrile. Elle avait fait les cartons, fermé la maison et décidé de fuir à la campagne, chez tante Naoko. Malheureusement, elle était tombée malade avait d'avoir pu partir. Les quatre frères s'étaient alors retrouvés seuls. Ensemble, ils avaient tenter de quitter Tokyo par leurs propre moyens, mais Yuri, l'aîné, était tombé malade à son tour. Il avait vingt-deux ans. Ryo, vingt ans, avait été le suivant.

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ENEMY
FanfictionL'épidémie a frappé tous ceux qui avaient vingt-deux ans passés. D'abord elle les a rendus fous. Ensuite elle a ravagé leurs corps. Et les a transformés en zombis terrifiants. Attention, certaines scènes peuvent choquer. UA Haikyuu Histoire lon...